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28 juillet 1833 - Numéro 30
 
 

 



 
 
    
UN CACHOT ET LE SECRET.

Quelques lecteurs ont cru que c’était pure hyperbole de notre part lorsque nous avons dit, dans notre dernier article : « Le commissaire central de police Prat, et les ouvriers » (Voy. l’Echo, n° 29, p. 237)… un cachot et le secret à des hommes dont la culpabilité est douteuse, etc. Qu’ils se détrompent, voici ce que nous a écrit Trillat, victime de cet odieux traitement.

« Dimanche, 14 de ce mois, dès cinq heures, deux agens sont venus me dire de me rendre par-devant le commissaire central. A mon arrivée, le susdit commissaire me demande d’un ton courroucé de quel droit je m’étais permis d’aller dans les ateliers intimer l’ordre de cesser de travailler.

« J’eus beau attester le contraire, il me répondit d’une voix terrible, que je ne serais pas plus longtemps l’effroi de la fabrique ; qu’il avait une attestation par écrit et signée de quelques chefs d’atelier. Sur-le-champ, et sans vouloir m’entendre, il donne l’ordre à ses agens de me transférer à Roanne, où on me mit au secret, seul dans un cachot humide où le jour ne pénétra jamais. Etendu sur un peu de paille, là j’ai expié pendant deux jours et deux nuits un crime (selon le commissaire de police) que je ne connais pas encore. » Que ferait-on de plus à des malfaiteurs, à des assassins ? Et c’est là, dit-on, de la légalité !

 

 

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