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28 juillet 1833 - Numéro 30
 
 

 



 
 
    

Au Même.

Monsieur,

La publicité que votre estimable journal a donné à la lettre de M. Gilbert Bourget, et la note dont vous avez accompagné cette lettre ont déjà produit leur fruit. Je vous en félicite. Continuez à faucher dans le champ des abus. Vous soulèverez d’abord des haines, mais vous en triompherez facilement avec l’appui des citoyens ennemis des priviléges et de l’arbitraire, et le suffrage de ceux-ci est le seul que vous deviez ambitionner. Pour en revenir au sujet de la présente, je vous dirai qu’assistant mardi dernier à l’audience du tribunal de commerce, j’ai été surpris du grand nombre d’avoués et avocats qui se sont exécutés de bonne grâce en faisant leurs réquisitions sans être revêtus de la robe. Je vous citerai entr’autres MM. Caffe, Dubié, Roche, Foudras, Martin, Bacot, Ruby, Hôpital, Corant, etc. Il paraît que l’exemple donné par Me Augier a été contagieux. Comme vous l’avez fort bien dit, la robe portée par les défenseurs au tribunal de commerce, était non-seulement un ridicule auquel les médecins, depuis Molière, ont eu le bon esprit de se soustraire, mais, ce qui est plus sérieux, une illégalité flagrante. Grâce à vous cet abus va disparaître.

Que je vous raconte une anecdote. J’ai été témoin d’une altercation très vive entre MM. Ruby et Hardouin ; je ne sais si ces messieurs jouaient la comédie ou s’ils étaient de bonne foi ; je crois cependant que leur colère était sincère. Impossible à moi de vous dire le sujet de la contestation ; mais j’ai entendu M. Ruby dire à son collègue : Vous en imposez ; ce n’est pas la première fois, et le petit avoué (le sieur Hardouin est très petit) se l’est tenu pour dit. Je m’attendais cependant à une explication au sortir de l’audience, car je suis un peu flaneur ; mais elle n’a pas eu lieu. Je ne suis pas le seul qui en ait été étonné, et cela est d’autant plus surprenant qu’on prétend que le sieur Hardouin est officier de la garde nationale : souffrir un démenti public, de la part d’un confrère, c’est un peu fort.

Si vous le permettez, je vous rendrai compte de temps à autre de ce qui se passera à ce tribunal, et qui pourrait intéresser vos lecteurs.

Agréez, etc.

A.....

 

 

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