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25 décembre 1831 - Numéro 9
 
 

 



 
 
    

On nous écrit de Nantes :

Il est encore un grand nombre de personnes qui nient la situation affreuse des classes les plus nombreuses et les plus pauvres de la société et qui ne veulent voir les causes de leur misère que dans leur mauvaise conduite.

[6.2]Voici des faits à leur opposer : nous en garantissons la rigoureuse exactitude.

En Bretagne, la journée d'un travailleur est de 75 c. ; les moindres familles ont deux enfans. Voici le budget de chacun de ces ménages :

L'année est de 305 jours ouvrables, à 75 c. : 228 f. 75 c.
Leur loyer leur coûte : 30 f.
Reste : 198 f. 75 c. pour nourrir et habiller quatre personnes : c'est 49 f. 50 c. pour chaque personne.

Qu'un bourgeois de Paris regarde ce calcul et qu'il réfléchisse...

Songez ensuite que l'impôt sur le sel, sur le tabac, sur les boissons, enlève un tiers de cette faible somme, et calculez ce qui reste, je n'ose dire pour vivre, mais pour ne pas mourir !...

Eh bien ! quatre cent mille personnes se trouvent dans cette situation dans une seule province de France.

quatre cent mille personnes vivent six jours de la semaine avec des pommes de terre cuites à l'eau, semblables à celles dont on nourrit les bestiaux chez les fermiers aisés !

quatre cent mille personnes vivent pour 19,800,000 f., un peu plus que ce que l'on demande pour la liste civile.

Et remarquez bien encore que pour atteindre la faible somme indiquée plus haut, il faut que le travailleur breton ne soit ni inoccupé ni malade....

Une maladie de quinze jours, c'est la mort de quatre personnes. Je dis la mort, j'en ai vu morts de faim. Que ceux qui doutent viennent, on leur trouvera bien un cadavre encore à montrer : les preuves sont journalières !
(Globe.)

 

 

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