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25 décembre 1831 - Numéro 9
 
 

 



 
 
    

On lit dans le Courrier de l'Ain1, du 20 courant, un long article sur le dessèchement des marais. Il est écrit avec pureté de style, et fait ressortir tous les avantages qui résulteraient pour le pays, si les projets étaient mis à exécution. Nous regrettons de ne pouvoir le copier en entier ; nous n'en citerons que quelques passages, écrits particulièrement en faveur de la classe ouvrière et pauvre, qui trouverait dans ces travaux quelques adoucissemens à une grande misère.

Après avoir rendu compte des différentes maladies qui affligent la Bresse, l'auteur s'exprime ainsi :

« De tout temps on a bien compris où était le mal, et on a cherché à le combattre : il n'est même sorte d?encouragement [7.1]qui n'ait été offert. Henri IV à la mémoire populaire, Henri IV au c?ur de citoyen, avait eu la grande pensée de faire dessécher tous les marais de France. Les considérans de ses édits attestent qu'il avait senti toute la portée de la question. Il voulait rendre d'immenses terrains à l'agriculture, et anéantir les épidémies qui décimaient les habitans ; parce que, dit-il dans son premier édit, la force et la richesse des rois et princes souverains consiste en l'opulence et le nombre de leurs sujets.

On fit de grands efforts sous ce bon roi ; et ses successeurs n'ont pas refusé de continuer la protection qu'il avait accordée aux entrepreneurs de desséchemens? Napoléon pensa aux marais et ordonna même la plantation des dunes ; mais ce temps de gloire fut trop court pour être un temps de prospérité.

Comment se fait-il qu'avec de si grands moyens, et tant de puissance, on ne soit pas parvenu à purger la France de ses marais ? C'est qu'il fallait un grand ressort, et ce ressort, c'est le génie d'entreprise et d'association, riche d'activité, rempli de ressources, qui ne voit que le but et qui y arrive toujours, parce qu'il y marche avec persévérance.

II y avait de la gloire à entreprendre de réaliser la grande pensée de Henri IV et les projets de Napoléon ; la compagnie Danse, Rauch, etc. s'est présentée pour le tenter.

Autorisée légalement en 1828 sous le titre de compagnie générale de dessèchement, elle a aussitôt commencé ses utiles travaux.

Déjà plusieurs marais ont été desséchés, déjà plusieurs départemens voient des champs fertiles et des prairies verdoyantes remplacer des cloaques.

Notre département va jouir aussi du bienfait de ces desséchemens. Déjà d'importans travaux sont sur le point d'être achevés dans les marais d'Oyonnax et d'Arbent : la compagnie va en entreprendre de nouveaux dans les vastes marais de Culloz, Lavours et Ceyzérieux, et bientôt des terrains, dont une partie ne produisait que des joncs et des roseaux, seront livrés à la culture.

On nous apprend qu'aujourd'hui, cédant aux instances de l'autorité qui cherche, par tous les moyens possibles, à procurer de l'occupation aux malheureux ouvriers des départemens, la compagnie se dispose à donner un grand développement à ses opérations. Plus de cinquante projets de dessèchement sont à l'étude, vingt-trois sont en exécution, et neuf départemens voient s'ouvrir sur différens points de grands travaux. »

Espérons de la confection de toutes ces entreprises une grande amélioration pour notre ville. Des terrains immenses devenus très-fertiles, fourniront en abondance des alimens de première nécessité, et cette concurrence, qui ne peut être douteuse, puisque le département de l'Ain est peu populeux, et qu'il produira beaucoup, sera certainement pour nous un trésor inépuisable.

Notes (On lit dans le Courrier de l'Ain Courrier...)
1 Journal créé en 1821.

 

 

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