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25 août 1833 - Numéro 34
 
 

 



 
 
    
RÉPONSE AUX ÉLOGES

DU COURRIER DE LYON.

Nous avons été de la part du Courrier de Lyon le sujet de réflexions que nous apprécions à leur juste valeur ; et nous les laisserions sans réponse si elles ne portaient au fonds un caractère d?imposture, que ce journal sait si bien et si souvent cacher sous l?élastique manteau des on-dit.

« Les actionnaires de l?Echo de la Fabrique, dit le Courrier de Lyon, tous chefs d?atelier, réunis au nombre de 150, ont décidé, nous assure-t-on, à la presque unanimité, que la rédaction du journal serait modifiée. En conséquence le rédacteur et le gérant ont été changés. »

Cette assertion est un mensonge, et nous manquerions à notre devoir si nous ne le repoussions avec énergie. ? La rédaction de notre journal a été approuvée à l?unanimité moins UN, par les actionnaires assemblés ; tous ont sincèrement regretté que des raisons toutes particulières forçassent le gérant à déposer un fardeau honorablement porté ; et tous ont tenu au rédacteur auquel nous succédons, un compte honorable du désintéressement avec lequel il a prêté l?appui de sa plume à la classe ouvrière : et la classe ouvrière n?est jamais ingrate ! entendez-vous, Messieurs du Courrier de Lyon ?

Aujourd?hui le PEUPLE n?est plus une masse d?hommes subjuguée par l?ignorance, et condamnée, comme au bon temps d?Aristote, à mendier, aux portes des [1.2]salons dorés, le pain des derniers jours d?une existence épuisée, avant l?heure, de fatigues et de misères !?

Partie la plus nombreuse et la plus intéressante de la société, le peuple veut sa part des jouissances de ce monde.

S?il la veut, c?est que le travail est l?instrument qui produit la richesse, et que le travail pèse tout entier sur lui !

S?il la veut, c?est que c?est lui qui répond à la voix du tambour quand la patrie est en danger !

S?il la veut, c?est que c?est lui qui veille à la garde de vos champs, de vos propriétés !

S?il la veut, c?est que c?est lui qui se précipite au milieu des flammes quand l?incendie dévore vos maisons !

S?il la veut, c?est qu?elle est pour lui un lot imprescriptible de la nature !

S?il la veut, c?est que nul d?entre les hommes n?apporte en naissant le sceau de la misère sur son front.

Enfin, il la veut, parce qu?il veut aussi quelque chose à défendre pour lui.

Voila ce que nous entendons, nous, par grands principes ; et si quelque chose nous surprend aujourd?hui, c?est, sans contredit, la prétention du Courrier de Lyon, d?être sur le même terrain que nous ; franchement, nous ne nous en étions pas douté.

Oui, défendre les intérêts de la classe ouvrière, est notre droit, notre devoir ; nous userons de l?un avec autant de sévérité que nous mettrons de conscience à remplir l?autre ; et ce que nous avons dit, nous le disons encore ; c?est sans crainte comme sans pitié que nous poursuivrons, à l?exemple de nos prédécesseurs, tous les abus, sous quelque forme qu?ils se présentent.

Sans doute notre tâche est grande, mais déjà nos prédécesseurs ont su nous la rendre moins difficile ; c?est une justice que nous nous plaisons à leur rendre ici ; ? quant à nous, si nous sommes modérés, c?est que nous sommes forts ! Ce n?est pas l?oisiveté que nous demandons pour le Peuple ! encore moins l?or du riche ! comme voudraient l?insinuer tant de journaux politiques.

Le Peuple, qui respecte toutes les propriétés, tous les droits, veut aussi que les siens soient respectés ; ? et ses droits à lui, sa propriété inviolable et jusqu?ici violée ! c?est le TRAVAIL ; c?est enfin sa juste part dans les bénéfices de la production.

Tel est le mandat honorable dont nous nous sommes [2.1]chargés en acceptant la gérance de l?Echo de la Fabrique.

Hommes du Peuple ! hommes de travail ! nous remplirons ce mandat avec fermeté et courage, sans haine et sans passion : ? et si nous attendons quelques encouragemens, arrière ceux du Courrier de Lyon, nous les repoussons connue une injure. ? Nous n?accepterons jamais que ceux des écrivains qui témoignent de leurs sympathies pour le peuple, par d?autres argumens que ceux d?appel à la force des baïonnettes et du CANON.

B.......

 

 

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