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1 septembre 1833 - Numéro 35 |
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TRIBUNAL DE POLICE CORRECTIONNELLE. Procès des Mutuellistes et des Ferrandiniers.
De nombreux auditeurs ont bientôt envahi l’étroite salle d’audience du tribunal correctionnel et refluent dans la cour de l’hôtel Chevrières et jusque sur la place St-Jean. M. Baudrier, président du tribunal civil siège au fauteuil, et M. Chegaray, procureur du roi, a déserté les graves occupations du parquet pour porter la parole dans cette affaire. Magistrats, prévenus et auditeurs, tous attachent une haute importance à cette cause. Quatorze citoyens, les sieurs Perronnet, Dervieux, Proal, Trillat, Glenas, Chapiron, Maireaux, Arnaud, Lamberton, Bonnand, Ramel, Prely, Nemoz et Colombat, sont assis au banc des prévenus. Trente-sept témoins sont appelés ; parmi eux sont les citoyens Saint-Olive, Cinier, Gindre, Bonnet, Bender, Berlié, Besset et Bouchard, négocians. De leurs dépositions, et surtout des explications des prévenus, il est résulté que les chefs d’atelier se sont associés entr’eux d’abord dans un but purement philantropique ; poussés par la force des choses ils se sont occupés ensuite de leurs intérêts avec les négocians. Plusieurs maisons de commerce avaient été signalées comme payant des prix bien inférieurs à ceux payés par d’autres maisons. Les chefs d’atelier leur députèrent quelques-uns d’entr’eux chargés de les inviter à payer les prix adoptés par les autres maisons ; ils refusèrent : le lendemain tous leurs métiers [1.2]furent arrêtés. L’intervention de la police fut requise. M. Prat, heureux de trouver l’occasion de sauver la France, mit ses limiers aux champs, et jaloux de faire croire à une vaste conspiration industrielle, il ordonna quatre arrestations. Nous devons observer, en passant, pour démontrer la profonde perspicacité de M. Prat, que les citoyens arrêtés sont précisément les seuls acquittés. Croyez-en maintenant la police… Quoi qu’il en soit, de nombreuses recherches furent faites, une information eut lieu, et leur conséquence a été la mise en prévention des quatorze citoyens nommés plus haut. MMes Jules Favre et Chanay sont au banc des avocats. M. Prat, commissaire central, est appelé ; dans le cours de sa déposition il prétend que les religieuses de St-Joseph lui dirent avoir eu peur que leurs métiers fussent brûlés. Me Favre observe que si l’on compare leurs dépositions écrites à celle que leur prête M. Prat, on reconnaît que cette dernière est inventée : M. Prat garde le silence ; mais M. le procureur du roi le couvre de sa toge et dit que l’expression dont s’est servi le défenseur est au moins inconvenante. Le nombreux auditoire qui ne s’est pas présenté pour entendre des politesses, mais bien des vérités, retient pour très-juste l’expression de Me Favre, et l’interrogatoire continue. Les débats ont révélé des faits honteux. Ainsi il a été reconnu que M. Bonnet, négociant, payait une somme inférieure de 75 c. par aune à celle payée pour les mêmes articles par d’autres maisons, encore ces maisons ne donnaient pas le prix le plus élevé. Il a été démontré que des ouvriers habiles et laborieux ne gagnaient que 24 sous sur les gros de Naples, et il fallait encore déduire de cette somme les frais de cannetage, dévidage ; le citoyen Matreaux a offert d’établir par ses livres que, déduction faite des faux frais, il avait 11 sous de bénéfice par pièce ; s’il en est ainsi, a dit M. le procureur du roi, comment les ouvriers peuvent-ils vivre ? En travaillant la nuit, répond Matreaux, en s’imposant des privations et allant mourir à l’hôpital vieillis de travaux et de misères. Les négocians, dans leurs dépositions, paraissaient plutôt prévenus que témoins. On interroge les prévenus ; tous montrent un caractère honorable, un grand sentiment des convenances, un aplomb, un calme qu’on ne devait pas attendre d’hommes si cruellement froissés par les négocians ; tous se sont empressés d’avouer tous leurs actes quoiqu’ils eussent pu se renfermer dans un système de dénégation. Le citoyen Colombat, pressé par [2.1]M. le président qui l’accusait d’avoir fait des menaces, lui répond : Il est possible que nos démarches soient considérées comme des menaces, mais n’est-ce pas nous menacer que de nous recevoir dans les magasins les pistolets sur la banque !… Cette réponse fait une sensation profonde sur l’auditoire. Le citoyen Trillat flétrit la conduite de M. Prat qui, sans preuves, l’a fait arrêter et mettre au cachot. M. Prat l’entend mais ne dit mot. L’audience est levée et renvoyée au lendemain pour les plaidoieries. Le lendemain même affluence. M. le procureur du roi prend la parole et s’exprime avec négligence et surtout avec une modération à laquelle son caractère bien connu avait peu préparé l’auditoire. Tout en blâmant franchement l’art. 4151 du code pénal, il en requiert l’application, modifiée cependant par l’art. 463 du même code. Me Jules Favre se lève, et dans un plaidoyer admirable il se livre aux plus hautes considérations : ce que nous aimons surtout en lui, c’est le brillant coloris de son style la grande propriété de ses expressions, son débit énergique, simple, et toujours vif et dramatique – Les débat ayant révélé l’innocence de ses cliens, Me Chanay se contente de prendre des conclusions pour leur acquittement. – L’audience est levée et la prononciation du jugement renvoyée au lendemain. Toujours même affluence. Le tribunal prononce l’acquittement des citoyens Trillat, Chapiron, Glenas et Proal, et condamne les citoyens Perronnet, Dervieux, Matreau, Arnaud, Lamberton, Bonnand, Ramel, Prely, Nemoz et Colombat à 25 fr. chacun d’amende et aux dépens.2 M. Baudrier adresse aux condamnés une allocution toute paternelle ; il condamne franchement l’art. 415, mais il existe, a-t-il dit, et il ne nous appartient pas de le modifier ni de le méconnaître ; espérons que le pouvoir législatif le fera disparaître de nos codes et portera enfin une loi qui conciliera à la fois la liberté de l’industrie et les intérêts des chefs d’atelier, des ouvriers et des négocians. – Un profond silence a accueilli le jugement et les paroles pleines de sagesse de M. Baudrier. Qu’il nous soit permis à nous, qui jamais n’avons flatté les fonctionnaires, à nous dont l’hommage ne peut être suspecté, puisque nous gardons l’anonyme, qu’il nous soit permis de proclamer la haute impartialité, la bienveillance affectueuse de M. le président Baudrier ; il est magistrat éclairé, magistrat honnête homme, et l’estime de tous lui est justement acquise.
Au Rédacteur.
La Croix-Rousse, le 29 août 1833. Monsieur, Permettez-moi d’emprunter la voie de votre journal pour détruire un bruit assez mal fondé qui pourrait avoir un résultat fâcheux pour mon honneur, si je ne parvenais à éclairer le public sur ce qu’il y a de vrai dans toute cette affaire. Dans le courant du mois de juillet dernier, mes ouvriers, ainsi qu’une partie de leurs confrères, abandonnèrent leurs métiers ne pouvant y gagner leur vie faute d’une augmentation dans le prix de la main d’œuvre que les négocians se refusaient obstinément d’accorder. Sur ces entrefaites, M. Trillat, ouvrier, lié d’amitié avec ceux que j’occupais alors, vint, sur leur invitation et en mon absence s’entretenir avec eux, comme cela se pratique journellement, et après avoir causé quelque temps des nouvelles du jour, sortît avec eux pour aller je ne sais où. Quelques instans après je rentrai chez moi et demandai à ma domestique si quelqu’un était venu pendant mon absence ; elle me répondit qu’elle n’avait vu qu’un monsieur qu’elle ne connaissait pas mais qu’elle avait entendu nommer Trillat qui, après [2.2]avoir examiné mes métiers et fureté partout, ce sont ces expressions, était descendu en compagnie de mes ouvriers. Je dois faire observer ici que mon atelier est divisé en plusieurs appartemens, et que M. Trillat ayant été vers tous les métiers sur lesquels on fabrique des dessins fort riches, dans l’intention bien innocente de recréer sa vue, elle a pu croire, d’après les bruits qui couraient, que cette visite n’était pas de simple curiosité. Je fis d’abord peu attention à ce rapport de ma domestique, et me livrai à mes occupations ordinaires. Quelque temps après M. le commissaire central, qui cherchait des coupables et qui sans doute avait déjà jeté ses vues sur M. Trillat, me fit appeler et me demanda si ce dernier n était pas allé chez moi pour débaucher mes ouvriers. Ignorant dans quel dessin il m’adressait cette question, je crus devoir lui répéter comme simples renseignemens ce que ma domestique m’avait appris. Il n’en fallut pas davantage pour que M. Prat y trouva la preuve de la culpabilité de M. Trillat, et des ordres furent donnés pour l’arrêter et l’écrouer à la prison de Roanne. Les débats qui viennent d’avoir lieu ont assez appris combien les charges qui pesaient sur lui étaient légères, puisque son acquittement a été prononcé à la satisfaction générale et à la mienne en particulier ; car j’étais au désespoir d’avoir contribué, quoique bien innocemment sans doute, à la privation de la liberté d’un citoyen estimable, que la fatalité seule a livré à la police, à laquelle il fallait une occasion quelconque de signaler son zèle et son utilité. Maintenant il ne me reste plus qu’à désirer que la sincérité de ce récit parvienne à détruire les préventions funestes qui pourraient peser sur la loyauté de mon caractère, moi qui ait toujours regardé comme le plus précieux des trésors, l’estime de mes concitoyens. Recevez de votre abonné, etc. Colonel, Chef d’atelier, clos Dumont, à la Croix-Rousse.
RÉPONSE A LA LETTRE DE M. J. C. B.
Une nouvelle lettre de M. J. C. B., insérée dans le Journal du Commerce du 25 août, nous force à continuer malgré nous une discussion que nous avions lieu de croire terminée. Elle le serait sans doute, si notre antagoniste, honteux d’avoir été trop bien compris n’eût cherché, comme il le devait, à justifier les intentions peu louables que nous étions en droit de lui prêter après lecture faite de sa lettre insérée dans l’Echo de la Fabrique. Aussi, à l’aide d’un faux-fuyant essaie-t-il de ramener l’attention des lecteurs sur un projet d’organisation générale que de grands économistes, dont il s’est fait l’écho, ont indiqué avant lui, et sur l’autorité desquels il s’appuie. Si telle fut d’abord l’intention de M. J. C. B., elle est très-louable sans doute, et nos sympathies lui sont acquises comme à tous les philantropes qui cherchent sans détours et sans restrictions l’amélioration du sort des travailleurs. Cependant nous lui ferons observer que nous avons lu sa lettre à plusieurs reprises et avec toute l’attention qu’elle méritait, et que nous n’y avons nulle part reconnu ses intentions bienfaisantes ; mais au contraire une tendance bien marquée à semer la division parmi des hommes que les mêmes intérêts lient et que le bien-être commun oblige à vivre dans le plus parfait accord. Ainsi, que M. J. C. B., dans sa sollicitude pour tout ce qui tend au bonheur des classes laborieuses et notamment celle des tisseurs de soie, prête le secours de sa plume et de ces talens à la propagation des idées nouvelles, et fasse ses efforts pour les implanter dans l’esprit de tous les hommes qui pourront peut-être y trouver une part plus grande de bien-être et de bonheur, nous l’en féliciterons, et nous formerons des vœux pour que ses travaux fructifient. Mais que dans une organisation existante il proclame, de sa propre autorité, qu’une classe de travailleurs est un intermédiaire inutile et même nuisible aux intérêts de telle ou telle autre classe d’industriels, c’est, à notre avis, une sentence [3.1]prétentieuse et irritante qu’il n’appartient à personne de publier sans qu’il soit permis de suspecter la franchise d’une telle opinion, quand surtout elle n’est appuyée d’aucune preuve et justifiée par aucun mode organisateur qui puisse remplacer avantageusement et incontestablement ce qu’on voudrait détruire ; voila ce que nous avons cru devoir critiquer dans notre réplique à M. J. C. B., à laquelle il ne répond qu’en posant de nouveau la même question qu’il résout encore tout seul, en avouant cette fois qu’il pourrait bien être dans l’erreur. Nous prenons acte de cet aveu, laissant aux lecteurs le soin de l’apprécier, et nous nous bornerons à faire observer à M. J. C. B. que le reproche qu’il nous adresse de n’avoir pas donné une raison valable pour justifier l’organisation actuelle de la fabrique lyonnaise, est peu fondé, en ce que nous n’avons point été appelés par lui à discuter sérieusement cette question, et que d’ailleurs nous croyons avoir assez prouvé que l’organisation actuelle est la meilleure de toutes en ce qui concerne les moyens d’exploitation, puisque jusqu’à ce jour elle a triomphé et triomphera long-temps encore, quoi qu’on en dise, de la concurrence étrangère, surtout si, comme nous en avons l’espérance, on obtient des lois qui protègent mieux l’industrie en général, et notre fabrique en particulier. Mais, encore une fois, dans sa lettre la question n’était pas de savoir quel était le mode à employer pour améliorer le sort des travailleurs. M. J. C. B. ne la soumet à personne ; il la résout lui-même, et, tranchant d’un seul coup la difficulté, il s’écrie que : Les chefs d’atelier sont un intermédiaire inutile entre le négociant et l’ouvrier compagnon ; qu’ils sont la véritable plaie de la fabrique, etc., sans au préalable avoir mis sous les yeux de l’opinion publique les avantages qui résultaient de la présence de ce rouage dans la complication des innombrables détails de cette industrie ; ce que nous avons dû faire afin d’éclairer le jugement des lecteurs et détruire ainsi la fâcheuse influence sous laquelle auraient pu les placer les paroles sentencieuses de M. J. C. B. Nous croyons utile de répéter ici les raisons que nous avons données dans notre précédent article, pour prouver que les chefs d’atelier sont des intermédiaires indispensables et même nécessaires entre le négociant et l’ouvrier compagnon, et dans lequel nous avons aussi fait ressortir une partie des inconvéniens et des désavantages qui résulteraient pour le compagnon maître de son métier s’il était obligé de traiter directement avec le négociant. Cependant M. J. C. B. paraît encore croire que ces ouvriers, qui sont aujourd’hui possesseurs d’un métier sont plus heureux et plus indépendans que leurs confrères, ce qui n’est pas probable, même d’après l’organisation actuelle, bien qu’il n’ajoute pas, ce qui est pourtant essentiel, que ces ouvriers occupent une place dans un atelier où fonctionnent plusieurs métiers, dirigés par un chef qui se charge complaisamment de tous les petits détails que nous avons énumérés, et de faire toutes les courses auxquelles ils seraient eux-mêmes contraints s’ils travaillaient isolément. Cet éclaircissement, une fois donné, il nous reste maintenant à répondre à la 3e question, qui est ainsi posée : La moitié des façons retenue par le chef d’atelier au compagnon, n’est-elle pas un loyer exorbitant du métier qu’il fournit, des démarches et frais qu’il peut faire ? Nous renvoyons M. J. C. B. à la dernière partie de notre premier article, qui est le langage sans apprêt d’un chef d’atelier, peignant la situation générale de ses confrères, et nous lui demanderons si c’est de bonne [3.2]foi qu’il nous fait cette question. Il nous semble que ce sont des faits qui parlent assez intelligiblement pour qu’on puisse les comprendre et engager les économistes à chercher quelque autre moyen, dans une nouvelle législation, par exemple, pour faire cesser un vice que sans cela les raisonnemens ne parviendront pas à détruire. Enfin, s’appuyant sur les renseignemens qu’il a pu prendre, et dont il résulte que dans le velours uni, et quelques autres articles, tels que la passementerie où les montages de métiers sont peu coûteux et invariables, pour la fabrication desquels les frais de dévidage, cannetage, etc., sont presque nuls, les chefs d’atelier donnent, il est vrai, quelque chose de plus que la moitié de la façon à l’ouvrier, qui ne pourrait pas se livrer à ce travail et y gagner sa vie sans cette bonification ; M. J. C. B. en conclut que tous doivent faire de même, sans s’informer des raisons qui ne permettent pas d’en agir ainsi dans les autres genres de fabrication. Nous avions cru pourtant nous être assez expliqué sur les obstacles qui s’y opposaient, et nous prions M. J. C. B., qui ne craint pas de se déplacer pour s’instruire, de s’en informer lui-même auprès des chefs d’atelier. Nous sommes étonnés qu’il ne nous ait pas cité aussi l’exemple des mousseliniers qui donnent les deux tiers de la façon à leurs compagnons ; mais il nous aurait avoué sans doute que l’ouvrier tord sa pièce, mange et couche à l’auberge, et par conséquent ne cause aucun embarras et aucun dérangement au maître. En attendant que M. J. C. B. découvre encore quelques gains illicites de la part des chefs d’atelier, il nous permettra bien de lui observer qu’il est fort inconvenant de traiter une classe d’industriels qui, jusqu’à présent, a rendu des services incontestables à la fabrique lyonnaise, de la traiter, disons-nous, de rouages inutiles et de fretons qui se nourrissent des sueurs des travailleurs, surtout quand on n’a pas des raisons convaincantes à donner, et qu’on se voit forcé d’avouer qu’on peut se tromper. Nous lui conseillons donc d’être plus poli dans ses expressions, plus prudent dans ses écrits, et de mettre enfin la plus scrupuleuse attention dans ses recherches, autrement nous lui dirions avec Lafontaine1 : Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami, Mieux vaudrait un sage ennemi. B......
Un on dit du Courrier de Lyon. Le Courrier de Lyon, en rendant compte du jugement prononcé par le tribunal de police correctionnelle, dans l’affaire de la coalition des ouvriers, a peine à déguiser la violence de son mécontentement ; aussi, vite un on dit. « Si ce qu’on nous rapporte est vrai, dit l’honnête journal, quelques ouvriers auraient dit, en sortant de l’auditoire, que si les fabricans ne payaient pas l’amende à laquelle eux ou leurs camarades venaient d’être condamnés, ils mettraient l’interdit sur tous les métiers. » Cet on dit est une INFAME ET ATROCE CALOMNIE. – Courage ! MM. du Courrier, vous aurez des croix ; oui ! vous aurez tous des croix. Votre drapeau porte pour inscription : LIBERTÉ, UNION, ORDRE PUBLIC ! mais, pour Dieu ! arrachez-la, cette inscription ; effacée, elle sera pour vous une imposture de moins par jour… LIBERTÉ, UNION, ORDRE PUBLIC ! dites-vous… – Mais n’est-ce pas vous qui, naguère, menaciez les [4.1]ouvriers de votre nombreuse garnison, de votre nombreuse artillerie, de vos nombreuses forteresses ? – N’est-ce pas encore vous qui, au dernier anniversaire de JUILLET, avez été assez lâches pour conseiller à l’autorité l’arrestation des républicains lyonnais ? – Allez ! vous avez tout perdu ; il ne vous reste pas même de la pudeur ; mais vous aurez tous des croix.
RÉPONSE AU PRECURSEUR, A LA GLANEUSE, Et à MM. Berger et Chastaing.1 Aujourd’hui que nous avons expliqué d’une manière plus large et plus développée, comment nous comprenons et entendons remplir la mission qui nous a été confiée. – Aujourd’hui que nous avons fait bonne et loyale justice des éloges d’un journal qui évidemment, n’avait d’autre but que de tromper l’opinion publique à notre égard, et de faire naître la discorde parmi les hommes dont nous sommes ici l’organe ; – et que nous avons repoussé, comme nous le devions, la honteuse alliance de très humbles sujets autorisés, voir même condamnés à écrire et signer chaque jour de sottes et ridicules impostures, d’absurdes et grossières niaiseries (mission qu’ils accomplissent certainement au souhait de leurs seigneurs et maîtres) ; nous allons répondre aux diverses réclamations qu’ont suggéré aux journaux le Précurseur et la Glaneuse, l’article intitulé LE PEUPLE, par M. A. D., inséré dans notre N° du 18 août. Certainement, nous le disons avec le Précurseur, une foule des scènes de cours d’assises consignées dans tous les journaux en général, et dans la Gazette des Tribunaux en particulier, s’y déroulent avec des formes auxquelles il serait difficile de nier leur côté plaisant ; nous trouvons cette observation fort juste ; mais il en est une que nous devons ajouter à celle-ci : c’est qu’on a, jusqu’à présent, tiré peu de profit des grandes et utiles leçons qu’elles portent au côté non plaisant. Ainsi, nous rions de grand cœur, quand nous voyons déclarer non-coupables deux petits garçons accusés d’avoir voulu voler un CHEVAL ; – nous rions aussi, de voir assis sur le banc des accusés un jeune homme coupable d’avoir voulu occuper dans le théâtre de Mme Saqui, une place à quatre sous, bien qu’il n’en eût payé que DEUX ; nous rions surtout quand nous voyons 5 ou 6 employés dudit théâtre, perdre 5 ou 6 jours à venir certifier de cette lésion des intérêts de Mme Saqui ; mais devons-nous rire, alors que nous voyons le CRIMINEL jeté pour trois mois dans une prison !… Et puis, un profond sentiment de tristesse et de dégoût fait place à notre rire, lorsque nous voyons cet homme fuyant la misère et ses montagnes d’Auvergne, venir à PARIS tout exprès pour y être réduit à arracher à la dégradation, à la ruse, LE PAIN qui doit nourrir lui, sa femme et ses sept enfans ; parce que ce pain, LE TRAVAIL le lui refuse ! – Condamné qu’il est, à un mois de prison, pour avoir exploité la pitié des passans en grimaçant le mal épileptique, que deviendront sa femme et ses enfans pendant sa captivité ?… Après expiation la cause de cette honteuse dégradation de l’homme aura-t-elle cessé pour lui ? – Trouvera-t-il plus facilement du travail ? – Et ne sera-t-il pas forcé presque aussitôt de recourir à une ruse nouvelle ? Oh ! combien de tristes pensées s’arrêtent ici avec nos réflexions… [4.2]Et pourtant il y a tant de palais à PARIS ! tant de brillans et somptueux hôtels ! tant de représentans du PEUPLE ! tant de ministres pour gérer la fortune et l’HONNEUR de la France !… En vérité tout cela fait pitié. Mais, de ce que de ces scènes si tristement comiques, on n’a pas tiré tous les enseignemens qu’elle renfermaient, ce n’est pas nous qui jetterons des sarcasmes à la presse philantrope. Toute torturée qu’elle est, elle accomplit noblement sa mission ; et c’est à elle surtout qu’il appartient de faire jaillir cette régénération que LE PEUPLE a si généreusement payé d’avance. Ainsi, nous sommes entièrement de l’avis du Précurseur, quand il dit que : Les intérêts du PEUPLE ne seront bien défendus que par la représentation de ses droits, et que les philantropes, en les réclamant, demandent implicitement son amélioration matérielle et morale. – Nous sommes encore de l’avis de la Glaneuse lorsqu’elle dit que : Toute réforme sociale qui ne sera pas basée sur une organisation politique RÉPUBLICAINE, c’est-à-dire juste et harmonisant les intérêts de tous, ne saurait offrir pour l’avenir aucune garantie de stabilité ! car telle est aussi notre croyance. En un mot, les principes politiques du Précurseur et de la Glaneuse sont les nôtres, et nous remercions sincèrement ces deux journaux de nous avoir mieux compris, et surtout jugé beaucoup moins sévèrement que MM. Berger et Chastaing. – Et sans chercher à nous expliquer le pourquoi de l’amertume avec laquelle ces messieurs nous ont donné LEURS CONSEILS, nous ne les suivrons pas ; car nous pensons que nos nombreux amis n’ont pas plus hâte d’être rassurés sur la base de nos convictions politiques, que nous de conjurer pour l’avenir les perfides congratulations du COURRIER DE LYON ! C’est nous, nous seuls ! qui taillons notre plume ; pourquoi les redouterions-nous ? B......
AU RÉDACTEUR.
Lyon, 18 août 1833. Les colonnes de votre journal étant ouvertes à toutes les réclamations des personnes qui ont quelques plaintes à faire entendre, je vous prie de vouloir bien accueillir les miennes et leur donner place dans votre prochain N°. Dans le courant du mois d’avril 1827 M. Viallet me fit la proposition de monter pour lui un article nouveau, de sa création, me faisant espérer, comme chose certaine, que je ferais là une affaire dorée, et dont la réussite était immanquable. Me confiant à cette promesse, je me mis de suite en mesure pour disposer mon métier, et le 19 du même mois je reçus la pièce. Lorsque j’eus commencé à tisser M. Viallet vint me voir et exigea de moi que j’établisse un régulateur au métier, chose dont il n’avait été nullement parlé quand il me donna la disposition. Nonobstant les observations que je pus lui faire sur cette surcharge de frais que d’ailleurs je jugeais fort inutile puisque je répondais de réduire aussi régulièrement sans ce moyen ; force fut à moi de m’y soumettre, et je me mis en mesure de m’en procurer un. Malgré toute la diligence que je fis pour établir ce régulateur, 5 journées se passèrent sans que je pusse travailler, et ce par la faute de M. Vallet qui aurait bien pu me prévenir quand je pris sa disposition. Le 30 avril je reçus des matières qui me permirent de travailler jusqu’au 4 mai époque où M. Viallet me fit chômer jusqu’au 9, où j’en reçus de nouvelles pour aller jusqu’au 15. Fatigués de ces chômages si souvent réitérés, et de ce nouveau refus, je fis paraître M. Viallet pardevant le conseil des prud’hommes le 19 du même mois, afin d’obtenir un dédommagement pour le temps qu’il m’avait fait perdre par son incurie, et je dirai même par sa fausse entreprise, puisqu’il n’a su que faire du cet article qui n’a point réussi au gré de [5.1]ses désir. 40 jours s’écoulèrent ainsi tantôt travaillant, tantôt chômant par la faute de M. Viallet, c’est-à-dire depuis le 19 avril jusqu’au 6 juin, jour où je rendis mes comptes. La façon de l’étoffe fabriquée dans l’espace de ces 40 jours se montait à 31 fr. 35 c. Pour cette misérable somme un père de famille aura donc, par l’incurie et la fausse spéculation du négociant, passé 40 jours en travail ou en courses inutiles, et fait 80 fr. de frais pour disposer un métier, sans pouvoir espérer d’être dédommagé et même de rentrer dans ses déboursés, au mépris de toute justice, ceci ne paraît pas croyable, et pourtant c’est ce qui est arrivé en l’an de grace 1827, sous la présidence de M. Guerin-Philipon, dans une séance à huis-clos du conseil des prud’hommes, qui ne voulut nullement entendre les motifs de ma demande, ni apprécier la valeur de mes réclamations, qui consistaient en une indemnité de 120 fr. pour 40 journées d’un travail continuellement interrompu, comme je le prouve plus haut, et me dédommager sur 80 fr. de frais pour le montage d’un métier, plus les frais de 9 invitations, 3 révisions et 1 citation, et qui, bien loin de prononcer un jugement en faveur d’un homme dont le droit était incontestable, en rendit un qui me déclarait débiteur de celui par qui j’avais été si étrangement lésé ; car ce jugement portait que je livrerais mon régulateur qui me coûtait 23 fr. à M. Viallet, qui fut condamné à me compter seulement 20 fr. pour toute indemnité. Les expressions me manquent, M. le rédacteur, pour peindre toute l’indignation que j’éprouvai à l’audition d’une pareille prévarication, et donnant un libre essor aux ressentimens qui m’animaient alors je me permis des propos que M. Guerin-Philipon trouva fort inconvenans et qu’il me fit expier par cinq jours de prison ; ce qui n’a point éteint en moi le désir de faire connaître au public tout ce que je pense d’un pareil homme et de celui qui fut la cause première de tous mes maux. En désespoir de cause, je sollicitai et j’obtins une audience de M. le préfet à qui je présentai un mémoire dans lequel j’avais établi tous les griefs dont j’avais à me plaindre, et qui, indigné de cet acte arbitraire, m’engagea à rappeler mon affaire, et porta la bienveillance jusqu’à apostiller mon mémoire, que je remis ensuite à M. le président du conseil des prud’hommes. Espérant donc que justice me serait enfin rendue,1e 2 janvier 1832, je rappelai cette affaire devant le conseil des prud’hommes ; mais à l’audience du 9 juillet dernier mes espérances s’évanouirent ; car j’appris que cette affaire avait été jugée en dernier ressort par M. Guerin-Philipon, et que j’étais débouté de toutes demandes. Il ne me reste donc plus que le jugement de l’opinion publique que je veux instruire de tout ce qui s’est passé dans cette déplorable affaire, afin qu’elle puisse enfin connaître sur quels fondemens reposent les intérêts des ouvriers. C’est ce que je ferai dans la prochaine lettre que je vous adresserai et pour laquelle je réclame dès aujourd’hui votre obligeance, dans l’espérance que vous ne la refuserez pas. Recevez, etc. Nesme. Rue Tholozan, n° 20.
Aux Ouvriers des ports.
Depuis quelques jours les diverses compagnies qui exploitent les travaux des ports, se livrent à des luttes d’une nature tellement grave, qu’il est de notre devoir de leur rappeler, que pour aucune d’elles, ces travaux ne doivent être un PRIVILÈGE. Le travail, nous ne saurions trop le répéter, est la PROPRIÉTÉ DE TOUS ! D’un côté, nous le savons, les uns voudraient rester propriétaires exclusifs de ces travaux, dans la juste prévision que la concurrence tuera leur salaire : – cela n’est que trop vrai ; mais les autres, et cela est vrai aussi, luttent tout d’abord contre la misère, puisqu’ils viennent aux ports chercher le travail. Ouvriers ! loin de vous battre, tendez-vous la main : votre cause est la cause de tous ; – ici, commue partout, se fait sentir impérieusement le besoin d’une réorganisation de l’industrie et du travail ! et cette réforme ne saurait long-temps se faire attendre. – Courage donc ! cessez, oh ! cessez de vous entredéchirer. – Ne voyez-vous pas venir le règne de la justice ? eh bien ! patience.
LES OUVRIERS DE GLASCOW.
[5.2]Monsieur, C’est à votre journal qu’il appartient de faire connaître l’heureuse révolution qui s’est opérée, il y a quelques années, parmi les ouvriers de Glascow, ce Lyon de l’Ecosse. Sous peu de jours arrivera dans nos murs un célèbre chimiste de cette ville du Nord, M. Thomson, qui pourra vous confirmer ce que je vous écris. Les ouvriers de Glascow ont supprimé parmi eux la fête du samedi, malgré qu’ils n’aient eu rien diminué la célébration du dimanche si religieusement observé dans toute la Grande-Bretagne. Or, le samedi des ouvriers anglais est ce qu’est pour les nôtres le lundi. Ce qui a procuré cet heureux changement est le seul amour pour les sciences qui a saisi les artistes de cette grande et populeuse cité. Parmi eux, des hommes intelligens ont écouté avec fruit les leçons des Thomson, des Ure1, et tout-à-coup saisis d’un saint enthousiasme pour l’étude, ils ont communiqué leurs goûts à leurs compatriotes, à leurs camarades. Il s’est alors fait une scission singulière et remarquable parmi eux. Les anciens ouvriers continuaient encore leurs précédentes manières, et les jeunes gens ne se distinguaient plus que par la régularité de leur conduite et les progrès qu’ils faisaient dans les sciences. Il y a des professeurs publics des sciences à Glascow qui, en cela, n’a aucune ressemblance à Lyon, où on a supprimé les chaires des sciences industrielles ; mais les heures des leçons publiques ne convenaient pas aux ouvriers qui ne pouvaient quitter dans le cours de la journée les ateliers ; ils ont alors rétribué par leur cotisation propre, des professeurs qui s’accordaient avec leurs heures de repos, et ils ont choisi le soir, en cessant, d’un commun accord, les travaux à la même heure. Aujourd’hui ces ouvriers, devenus savans ou au moins instruits, ont des professeurs pris parmi eux ; ils posent dans un journal industriel rédigé entre eux, des questions industrielles et de perfectionnement de travaux d’un haut intérêt, et ce journal à bas prix n’est pas un des moins estimables. Ainsi c’est l’amour de la science qui a amené cette grande amélioration dans les mœurs des ouvriers de Glascow ; de là cette conduite plus réglée, des économies plus soutenues et placées avantageusement, et qui promettent une continuité d’améliorations qui se perpétueront et qui se sont maintenues sans dérogation depuis déjà nombre d’années. Pourrait-on espérer d’amener à Lyon un changement aussi favorable parmi nos ouvriers ; je n’en doute aucunement, l’autorité ne fait rien pour cela, et cependant c’est en améliorant la position physique et morale de cette classe industrieuse, qu’elle éloignerait les dangers qu’elle craint ; mais ce n’est pas ainsi qu’on raisonne en France. Au défaut des moyens sans doute plus faciles et plus favorables que pourraient déployer des magistrats philantropes, faisant à la classe même des ouvriers, un appel généreux ; engageons-les par la voie de la persuasion, et surtout par la parole de leurs chefs, de ces hommes qui, choisis par eux-mêmes, ont leur estime et leur confiance, à sortir de cette ignorance qui n’est plus faite pour les Français. La classe ouvrière a une aptitude autant et même plus grande que celle des fabricans à la culture des sciences. J’ai approché des uns et des autres, et il est excessivement vrai de dire que les sciences sont plus cultivées par des ouvriers que par des fabricans. Je ne connais peut-être pas parmi [6.1]ces derniers, un seul qui s’occupe d’histoire naturelle, et parmi la classe industrieuse se trouve M. Charn......, bon botaniste, M. Ball.., qui joint à des collections importantes, un vrai savoir ; et cependant de quel côté sont l’aisance, la fortune, le loisir nécessaires à ces études. Ceux qui, obligés de gagner leur vie par un travail assidu, et qui trouvent malgré cela du temps encore pour orner leur esprit, sont nécessairement des hommes d’une moralité exquise et d’un mérite supérieur. Parmi les teinturiers, j’en connais qui ont en chimie des connaissances bien plus approfondies que les fabricans qui sont pourtant placés dans une position sociale supérieure ; mais à la fin, si les ouvriers se liguaient pour acquérir une supériorité réelle en talens, en savoir, en conduite, ou les rôles changeraient, ou les fabricans seraient eux-mêmes des hommes transcendans auxquels on se soumettrait volontiers, comme à ces aristocraties naturelles qui dominent le reste des hommes. Dans une seconde lettre je détaillerai les moyens que les ouvriers pourraient adopter, pour parvenir à réaliser parmi eux, la révolution si favorable qui s’est faite à Glascow. Tissier2, Directeur de l’institution lyonnaise de commerce.
CONSEIL DES PRUD’HOMMES.
(présidé par m. riboud.) Audience du 29 août 1833. Le conseil, prenant en considération les mauvais traitemens prouvés d’un maître envers son apprenti, résilie les engagements, mais condamne à la contravention de 50 fr. le maître qui retire chez lui cet apprenti avant la résiliation des engagemens, sauf son recours contre le père de l’élève. Ainsi jugé entre Guillermain, Rey et Coquet. Le conseil a résilié les engagemens d’un apprenti pour cause de maladie invétérée, et adjuge au maître 150 f. d’indemnité. Ainsi jugé entre Fillion et Calendra. Prenant en considération les difficultés qui se présentent dans la cause de Henri Droiteau et Davin, le conseil renvoit une seconde fois les parties devant MM. Gamot et Dumas. Un ouvrier qui quitte l’ouvrage sans prévenir son maître, est passible d’une indemnité envers ce dernier. Ainsi jugé entre veuve Chevelu et Dlle Morel. D. Un ouvrier liseur appointé qui, par son incurie, rend un dessin hors de service, est-il responsable de son méfait ? – R. Oui. Ainsi jugé entre Delille et Dlle Mollard. D. Un apprenti qui ne fait pas ses tâches et son devoir par mauvaise volonté ; ce mauvais vouloir constaté par un membre du conseil chargé de la surveillance, les engagemens doivent-ils être résiliés, et une indemnité oit-elle être accordée au chef d’atelier ? – R. Oui, et l’élève ne pourra se placer que comme apprenti. Ainsi jugé entre Jayet et Mlle Bonneau.
SOUSCRIPTION En faveur des victimes de novembre 1831. AVIS Les dépositaires de feuille de souscription sont invités à les rapporter de suite à notre bureau. MM. les membres de la commission sont également, invités à se rendre lundi 2 septembre, à 6 heures du [6.2]soir, au bureau, pour délibérer sur plusieurs mesures urgentes. Le Vice-Président, Falconnet. Le Trésorier, Labory. B......
SOUSCRIPTION en faveur des ouvriers mineurs d’anzin, condamnés comme coupables de coalition. Faite par plusieurs chefs d’atelier, et recueillie par le chef d’atelier Frandon. MM. Frandon, 1 fr. 50 c. Robin, 1 fr. 60 c. Besuit, 2 fr. 70 c. Gonod, 5 fr. Bret, 2 fr. Audibert, 3 fr. François, 1 fr. 30 c. Total, 16 fr. 65 c.
DU JUGEMENT PAR JURY Dans les matières soumises aux prud’hommes.
Pour secourir1 les chances judiciaires d’une classe de justiciables, le ministre s’est donné licence d’intervenir dans le sanctuaire des prud’hommes ; il a osé, d’une main sacrilège et selon les combinaisons intéressées de ses privilégiés, réduire les organes de la justice de paix industrielle, brisant à demi les pouvoirs d’un tiers des élus de l’industrie, et cela au mépris du principe de l’élection : ministres, nous vous rendons grâce ! car votre expédient a mis à vue un vice radical dans l’institution des prud’hommes, et nous a suggéré de concevoir une organisation nouvelle ; dans une série d’articles nous nous proposons d’exposer cette organisation. Et d’abord quels seront nos juges de prédilection ? Des jurés. A première vue, ce choix vous étonne, et nous n’en sommes pas surpris ; nous savons très bien que notre doctrine ne peut encore faire fortune ; car, selon toute apparence, il y a en France du provisoire pour long-temps : mais enfin, marchant à l’avenir et nous diligentant sur la route, il nous semble bon, même de loin, d’attacher les regards au point d’arrivage ; c’est risquer moins de méprises : préparons-nous ; et si demain il fallait constituer sur des bases nouvelles la juridiction des prud’hommes, soyons prêts ; par anticipation arrêtons que cette base sera le jury : oui, le jury, parce qu’en quelque matière que ce puisse être, jamais, sans cette institution, bonne justice ne sera rendue : et quand nous nous avisons de cette organisation judiciaire, c’est avec une conviction depuis long-temps formée et dont voici les causes : Avez-vous jamais pris garde qu’au front de ces citoyens, le plus souvent l’un à l’autre inconnus, sans préjugés, sans précédens qui les lient, sans infatuation, sans passé, sans avenir judiciaires ; de ces jurés qui du sort tiennent commission de rendre justice, et soudain apparaissant comme l’éclair, se dissipent comme les nuages sitôt qu’est tombée la foudre ; avez-vous jamais pris garde qu’au front de ces juges du destin, il brille comme une auréole imposante et fatale ; que le sentiment de justice dont ils sont animés respire je ne sais quelle candeur qu’habitude flétrit si vite dans la profession de juge. Dès que les jurés délibèrent, je ne vois en eux que les conseillers du sort, et j’ai peine à reconnaître les hommes que je viens de rencontrer sur le chemin public ; et quand ils prononcent l’arrêt, je pense entendre la grande, la religieuse voix de la fatalité qui imprègne tous les cœurs de résignation ; et vraiment il ne vient non plus à l’idée de s’en prendre à ces juges des condamnations [7.1]qu’ils infligent, qu’au hasard du rocher qui blesse en roulant ; parce que le jury est peuple, et que ses décrets sont les décrets de la souveraineté populaire à laquelle désormais appartient toute gloire et toute puissance. Mais au lieu de cette solennelle institution, voyez en mouvement nos établissemens judiciaires ! comme ils sont mesquins et écourtés ! en habillemens romains, là siègent demain, après demain, pendant 10 ans, 20 ans, 30 ans, enfin à perpétuité, trois ou quatre habitués qui, à leur vouloir, plient et rangent les lois ; souverains maîtres de l’honneur, de la vie, de l’avoir de chacun ; il se dit qu’une fois en leur vie ils furent sacrés juges par quelque ministre qui ne leur avait parlé de sa vie, qui, sans les connaître, les institua sur ouï dire, sur correspondance et sur sollicitations ? C’est ce groupe qui forme le tribunal civil. Ici, sous la pourpre des sénateurs de l’ancienne Rome, par l’éclat du local et par des toges rouges, non noires, se différencient les cours royales : plus loin, tombé on ne sait comment, on ne sait pourquoi, parmi les familles d’un canton qu’il a devoir de concilier, et que communément il ne connaît non plus que vous et moi, un magistrat forme à lui seul une justice de paix ; plus populaires, mais encore incomplets dans leur constitution organique et gênés dans leurs mouvemens, sont éparpillés quelques tribunaux industriels ; et comme leurs satellites gravitent à l’entour les conseils de prud’hommes, viennent ensuite les tribunaux administratifs, puis les tribunaux correctionnels. Par-dessus cette sorte de marqueterie de juridictions, si diverses par leur composition, leur mode d’existence, leurs habitudes, leurs attributions et les formalités qu’elles commandent ; par dessus ces rouages pauvres et compliqués, sans indépendance, sans grandeur, sans puissance inspiratrice, jouant malaisément dans leur étroite sphère, sans uniformité, sans ensemble, sans unité sans association aux mouvemens généraux de l’humanité ; ne présentant à l’esprit qu’un amas confus de juridictions isolées de tout principe gouvernemental ; figurez-vous la sainte image de la justice populaire nous apparaissant tout-à-coup avec la magnifique solennité du jury ; admirez comme les débats civils, administratifs, commerciaux et criminels grandissent de sa grandeur ! comme s’évanouissent les subtilités, les chicanes, les vaines distinctions ! comme cette institution sublime, partout uniforme et simple dans sa marche, partout indépendante, toujours en communication avec la justice publique dont elle émane ; tirant toujours du pays qui la renouvelle sans cesse, cette fraîcheur, cette naïveté, cette vivacité du sentiment de justice qu’autour d’elle du moins l’usage n’a pas le temps de faner, également à l’abri des instigations du pouvoir et des sollicitations de la cupidité et des préjugés de la coutume ; présentant d’un bout à l’autre du pays une imposante unité judiciaire, un mode de procéder régulier, facile à comprendre, plus facile à pratiquer, sans embarras, sans lenteurs et sans ces énormes frais qui font de la justice le privilège du riche et le désespoir du pauvre ? Oh ! saluons cet avenir de la justice du peuple ! Qu’un si beau spectacle nous dédommage de celui que nous offre la bigarrure de tant de tribunaux différens, de tant de procédures diverses, de tant de costumes, de tant de combinaisons sans rapport aux institutions morales des peuples, labyrinthe où finissent régulièrement par se perdre les plus habiles d’entre nos gens d’affaires. Faut-il dire pourquoi jusqu’à ce jour, les gouvernans ont été si soigneux d’écarter l’institution de la justice du [7.2]mouvement de l’esprit public, résistant de leur mieux à l’asseoir sur les larges bases de l’avenir ? c’est qu’aspirant plus ou moins à organiser les forces du despotisme et à assoupir ou suffoquer à leur naissance celles de la souveraineté du peuple, ils n’avaient rien tant à cœur, que d’ajuster l’interprétation des lois à leurs penchans secrets au despotisme, et que pour appliquer despotiquement ces lois il était logique d’instituer des tribunaux qu’animât un souffle despotique. Imaginez en effet, que pour exécuter en Pologne les sanguinaires dispositions de ses ukases, l’empereur de toutes les Russies en appelle de tous les jurés au moins populaires, et dites si se purgeant à travers ses délibérations, la férocité de ses ordonnances n’ira pas se perdant jusqu’à devenir lettre-morte ; oh ! qu’il aime bien mieux choisir quelque sabreur qu’il inspire de ses fureurs et qui respire l’air de son despotisme ? Et Charles-Albert2 s’avise-t-il des juges du peuple quand il ordonnance pour l’enseignement des peuples de mémorables fusillades ? Non, le décret du sabre ne peut être intelligemment exécuté que par les hommes de l’homme qui le dicte : en telle matière, voici la règle générale : Applique la loi qui la porte ! En pays d’aristocratie, l’esprit aristocratique l’interprétera ; en pays despotique, l’esprit despotique ; en pays de souveraineté populaire, et tel qu’il se dit qu’en France nous sommes, la souveraineté seule doit interpréter la loi ; et les tribunaux, qui ne sont pas animés du souffle créateur de cette souveraineté, sont en révolte organisée contre elle ; car enfin ces tribunaux, pressant ses décrets, les tordant dans les serres d’une interprétation abusive, les étoufferont à leur gré, comme cela s’est vu et se voit encore. La loi de la souveraineté populaire avait dit : A tous liberté de la presse ! Les juges de la monarchie lui font dire : Point ou peu de liberté de la presse. La loi de la souveraineté populaire disait : À tous le droit imprescriptible de se réunir librement et sans armes en quelque lieu et en quelque nombre que ce soit, et l’esprit despotique des préfets de France lui fait dire : Nul ne pourra dîner en public si cela vient à ne pas plaire à MM. les préfets, maires, etc. La loi de la souveraineté populaire avait dit : Aux municipalités le soin de protéger la liberté, l’ordre, la sûreté, la tranquillité publique ; aux municipalités le droit de publier des réglemens pour ces objets, et l’esprit despotique des Vachon-Clairvaux de France lui fait dire en quelques milliers de réglemens : Nul ne pourra afficher la vente de sa marchandise, nul ne pourra rire, chanter, danser ès-lieux publics ou ès-cafés et cabarets ; nul enfin ne se pourra mouvoir (cela pouvant être contraire à l’ordre public de ces messieurs), s’il ne plaît aux majestés municipales de délivrer des autorisations spéciales pour cela ; si bien que le despotisme absolu qui, par ordonnances royales, n’a pu sortir en 1830 de l’article 14 de l’ex-charte, déborde à cette heure de tous côtés par les arrêtés, décisions, ordonnances dont à l’envi nous inondent préfets, sous-préfets, maires, adjoints, etc., etc., etc. En résumé, tirez un roi au hasard, citoyen ou non, avec ou sans parapluie ; armez ce roi du droit de choisir les juges du pays, fussiez-vous armés aussi d’institutions toutes républicaines ; les forts achevés, ce roi serait simple si après deux ans il ne vous avait à merci, vous et vos institutions ! Et vraiment que servirait votre souveraineté populaire ? Ne voyez-vous pas qu’il laissera cette souveraineté faire les lois qu’elle voudra, et qu’il ira attendre ces lois au sortir des mains législatives ; qu’il apostera les gens de sa justice, donnera ses ordres, et que bientôt rien n’en survivra ? C’est chose claire [8.1]enfin ; quant à plein gré les gens d’un monarque, tenant, patinant, pressurant la loi libérale, ne parviennent à la rétorquer contre la liberté même, ils l’anihilent à tout prix. Hommes de liberté, croyez-nous, tant que le malheur qui impose les rois, leur continuant la nomination de vos juges, perpétuera entre leurs mains le droit d’accommoder vos décrets à leurs inclinations despotiques, ne vous donnez pas la peine d’en porter de nouveaux ; car leurs magistrats seront toujours là, pour en faire justice. Gardez aussi de recourir à l’élection pour composer vos tribunaux ; voici pourquoi : Aujourd’hui vos juges sont élus et installés pour quelques années ; ils sont vos hommes, du moins vous le pouvez croire, et vous dites : Tout va bien ; voila les magistrats qui vont enfin appliquer nos lois dans leur véritable esprit. Or, dans un an, dans deux ans, mes amis, un autre esprit animera et dictera les lois du pays ; l’opinion populaire se sera portée en avant, laissant votre élu, loin, bien loin, en arrière ; car toujours l’opinion poursuit sa course progressive et vieillit les hommes en les devançant ; ces hommes s’arrêtent là-bas, tout étonnés, n’imaginant pas comment, sans avoir rétrogradé, ils se trouvent rétrogrades ; et d’ailleurs de sa nature le pouvoir est corrupteur et à trait de temps finira tôt ou tard par s’approprier vos élus ; partant point de système judiciaire par élection ; les lois du mouvement social courraient le risque encore d’être obstruées. A nous le jury ; oui, mes amis, le jury ; voila la justice qu’il faut ; la justice selon l’esprit public, surtout quand la voix du hasard, non celle d’un préfet, appelle les jurés à leur grande mission ; sans jury, c’est parole vide de sens que la souveraineté du peuple ; car toujours vous verrez cette souveraineté submergée sous les interprétations judiciaires. Le jury est le tribunal des peuples libres, ou des peuples qui aspirent à le devenir. Et puisque entre nous il est question de décider par qui sera rendue à l’avenir la justice dans les contestations réservées aux prud’hommes, disons qu’en cette matière, comme en toutes les autres, elle le sera par jurés ; et bientôt nous expliquerons comment cela se peut faire. F.......
Variétés. tiens, mon napoléon !
Une scène demi-attendrissante, demi-burlesque, a eu lieu dernièrement sur la place Vendôme. Un ancien militaire décoré s’approche d’un homme qui vendait des petits bouquets de fleurs. Une large manne déposée à terre en était remplie.– Combien m’en donneras-tu pour vingt sous, dit le grognard d’un ton brusque ? – Dix, répond l’autre ; l’échange se fait ; et voila que le premier, faisant le tour de la colonne, lance ses bouquets sur le marbre, avec ces mots : Tiens, mon héros ! tiens, mon Napoléon ! tiens, mon empereur ! tiens, grand homme ! etc., etc. Son tour fait, il est apostrophé par le marchand qui lui dit : Bravo, camarade ; je reconnais là les anciens ! Et moi aussi, je suis un vieux soldat. – Toi ! et au lieu de jeter des fleurs à l’empereur, tu aimes mieux en faire trafic. – Il faut que chacun gagne sa vie. Mais, vous pouvez le demander à cette femme, elle m’a vu [8.2]lui en jeter deux ce matin. – Bah !… Deux qui étaient fanés. – Qui étaient plus gros et plus frais que ceux-ci… Au surplus, si on m’obstine, je suis fichu pour lui jeter toute la boutique. – Eh bien ! jette-la donc, je vais t’aider. L’autre s’exécute de bonne grâce ; la manne est prise par les deux anses, et tout roule sur le marbre. La foule applaudit. – Ce n’est pas tout, dit le marchand, v’la vos vingt sous ; je n’en veux pas. – Ah ! ni moi non plus (dit l’autre en se retirant) ; ils sont à toi. – Je vous dis que vous les reprendrez (dit le marchand en le suivant). – Du tout. – Si fait. Et la foule qui les suit de l’œil, les voit bientôt après s’attabler et vider ensemble une bouteille de bière. (Historique.)
AVIS DIVERS.
(257) AVIS IMPORTANT. Mme Soudet, remetteuse de profession, a l’honneur de prévenir MM. les chefs d’atelier qu’elle a repris son état qu’une longue maladie l’avait forcée de cesser. Son adresse est rue du Villars, n° 8, au 3me, à l’angle de la rue Gentil. (258) Le 31 juillet, on a retenu une cuiller d’argent, cassée, soupçonnée volée. S’adresser à M. Fabre, orfèvre, rue du pont de Pierre, n. 3. (256) A vendre, un atelier de 4 métiers en 6 et 1,200, schals, indiens avec tous leurs ustensiles, ensemble ou séparément. S’adresser chez M. Champie, place St-Clair, n° 6, au 3e. (255) A VENDRE. Une jolie Boutique de trois métiers ; crêpe de Chine 5/4 et 6/4, montés au dernier genre ; ustensiles de fabrique et autres. – S’adresser chez M. Raumieux, rue des Fossés, n. 8, au 4mc. (249) ROUSSY, BREVETÉ, Prévient le public qu’il continue de vendre les régulateurs comptomètres de son invention dont les principales qualités sont : 1° d’être simples, de n’avoir point de compensateurs et de pouvoir faire toutes sortes d’étoffes fortes ou légères ; 2° de faire toutes les réductions depuis 20 jusqu’à 750 divisions au pouce, inclusivement ; 3° ces régulaleurs tiennent toujours la pièce tendue, même dans l’instant où l’on fait une coupe, laquelle peut être d’une longueur à volonté, l’étoffe étant libre et l’ouvrage tout compté ; 4° les étoffes ne se roulant pas, elles ne sont pas comprimées ; aussi les étoffes brochées or, relevées, y conservent tout leur relief et acquièrent une grande perfection. Le sieur Roussy se dispense de rappeler tous les éloges et encouragemens qu’il a reçus à ce sujet ; il offre aux personnes qui voudront en prendre connaissance, de leur faire voir ces mêmes régulateurs comptomètres fonctionnant dans son atelier, rue des Marronniers, n° 5, au 2e, seconde montée. (251) A louer, un métier de velours uni tout garni, pour maître, et un métier de velours frisé pour ouvrier, chez M. Brun, place de la Croix-Rousse, n° 17, au 4e. (253) A vendre de gré à gré, maison avec cour et jardin, situés près de l’escalier du Change, entre les rues Juiverie et St-Barthélemy. S’adresser chez Me Dugueyt, notaire, place du Gouvernement. (241) SIROP ANTI-GOUTTEUX De M. Boubée, pharmacien à Auch, sous les auspices du docteur Campardon. Les succès constans et multipliés qu’obtient ce médicament, le font considérer comme le seul agent thérapeutique qui combatte avec avantage et sans danger la goutte et les rhumatismes aigus et chroniques. Il dissipe en quatre jours l’accès de goutte le plus violent, par un usage périodique, prévient le retour des paroxismes, ramène à leur état naturel ces affections remontées, et rend la force et l’élasticité aux parties où ces maladies ont établi leur siège. Le dépôt est à Lyon, chez M. Vernet, pharmacien, place des Terreaux.
Notes ( TRIBUNAL DE POLICE CORRECTIONNELLE. Procès des Mutuellistes et des Ferrandiniers.)
A propos de l’article 415 du code pénal, voir la note de l’article « Paris, Procès des charpentier » dans le numéro 1 du 6 janvier 1833. Voir également les numéros 8, 9 et 10 qui y sont pour une grande part consacré, tout particulièrement l’ article 4 du numéro 8 (24 février 1833) et l’ article 4 du numéro 9 (3 mars 1833). . Ce verdict paraissait forcer l’évolution en cours et encourageait donc les nouveaux modes d’action, plus directs, des mutuellistes. Les enjeux de ce procès seront détaillés peu après dans la brochure de Jules Favre (1809-1880), De la coalition des chefs d’ateliers de Lyon, publiée chez L. Babeuf à l’automne 1833.
Notes ( RÉPONSE A LA LETTRE DE M. J. C. B.)
. Jean de La Fontaine, L’Ours et l’Amateur des jardins, publié dans le livre VIII de ses Fables.
Notes (RÉPONSE AU PRECURSEUR , A LA GLANEUSE ,...)
. « Les principes politiques du Précurseur et de la Glaneuse sont les nôtres », écrit ici Bernard alors que L’Écho de la Fabrique fera figurer dans ses « avis divers » du mois de septembre le Catéchisme républicain d’Antide Martin. Les rédacteurs mutuellistes du journal répondent ici aux accusations de Chastaing et Berger dénonçant dans la nouvelle tutelle du mutuellisme sur le journal des canuts le retour aux vieux codes corporatistes et l’abandon de toute direction démocratique.
Notes ( LES OUVRIERS DE GLASCOW.)
. Il s’agit ici de Thomas Thompson (1773-1852) et de Andrew Ure (1778-1857), tous deux chimistes à l’université de Glasgow. Ure va publier deux ans plus tard son ouvrage The Philosophy of Manufacturers. . Nicolas Tissier va publier chez Jérôme Perret, en 1833, un Prospectus d’une école industrielle pour les ouvriers. Les ouvriers de Glasgow.
Notes ( DU JUGEMENT PAR JURY Dans les matières soumises aux prud’hommes.)
. Rappelons que la charte d’août 1830 étendait le principe du jury aux délits de presse et délits politiques. Cela constituait l’un des principaux acquis démocratique de cette charte. . Référence une nouvelle fois à Charles-Albert de Sardaigne.
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