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29 septembre 1833 - Numéro 39
 
 

 



 
 
    
Abus en Fabrique.

Nous avons, dans un précédent article, signalé un abus révoltant, celui de l?exploitation du chef d?atelier par le négociant. En voici un second qui ne lui cède rien sous le rapport du préjudice énorme qu?il cause aux intérêts des travailleurs, nous voulons parler du temps que les chefs d?atelier passent dans la cage pour rendre leurs étoffes fabriquées ou recevoir des matières. Des renseignemens sans nombre, et notre expérience journalière, nous prouvent malheureusement que dans chaque atelier il est presque indispensable qu?une personne s?occupe constamment et exclusivement des courses au magasin, où elle est quelquefois condamnée à rester plusieurs heures en attendant qu?il plaise à un trop jeune commis de s?occuper d?elle.

Nous avons été souvent témoins de faits trop scandaleux, et que nous ne croyons pas d?ailleurs être heureusement assez généraux pour leur donner cette fois place dans nos colonnes ; espérons qu?ils ne se renouvelleront pas.

En vérité, il est difficile à comprendre que des chefs de commerce qui doivent savoir, mieux que personne, tout le prix de l?emploi du temps, ne tiennent pas mieux la main à ce que leurs employés font pour l?économiser et le faire économiser aux ouvriers qu?ils occupent ; tout [1.2]le monde y gagnerait, l?ouvrier, un temps précieux qu?il emploierait au tissage, et le négociant une économie de métiers ; car des balances bien menées feraient, à notre avis, plus et de meilleure besogne avec 100 métiers qu?elles n?en font aujourd?hui avec 150. A coup-sûr, si l?on voulait calculer le dommage que fait à la fabrique cette faute essentielle de l?administration des magasins, on serait effrayé de ses suites ; et nous avons assez de foi dans les bonnes intentions des négocians pour croire qu?ils s?empresseront de faire disparaître cette plaie funeste à notre industrie, qui est tout au moins pour eux sans avantage.

Chargés de l?honorable mission de faire entendre les réclamations de la classe ouvrière, nous nous acquitterons d?abord de ce devoir avec toutes les formes que l?urbanité et notre amour de la concorde nous prescrivent ; mais si nos observations pacifiques étaient méconnues, on aurait alors bien mauvaise grace à nous accuser de tracasserie, si, cédant à notre indignation, nous laissions un libre essor à notre plume qui espère encore obtenir par toutes les voies conciliatrices ce que la bonne foi exige, et que l?intérêt même des négocians réclame depuis long-temps.

B......

 

 

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