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13 octobre 1833 - Numéro 41
 
 

 



 
 
    

Au Même.

Monsieur,

Je vous prie de vouloir bien donner publicité au fait suivant, afin que nos concitoyens se tiennent en garde contre pareils abus de confiance que se sont permis les employés du service du bateau à vapeur l’Abeille, envers plusieurs citoyens dont je faisais partie, et notamment plus de 200 militaires, voyageurs comme nous.

Samedi dernier, 5 du courant, j’étais à Mâcon, attendant le passage du bateau à vapeur l’Abeille, pour descendre à Lyon ; à l’arrivée de ce bateau, le capitaine, vu le manque d’eau dans cet endroit, fit débarquer tout le monde et nous pria de vouloir bien aller l’attendre à dix minutes de Mâcon, près d’une petite île, où l’on prendrait un bateau d’allège pour le transport des nouveaux voyageurs. Lorsqu’enfin nous fûmes embarqués dans ce bateau qu’on n'avait pas même eu la précaution d’égoutter, car il y avait au moins 2 pouces d’eau, le capitaine s’empressa, comme de coutume, à percevoir auprès de chaque passager, le prix du transport selon la destination de chacun, dont la majeure partie était pour Lyon. Arrivés à demi-heure à peu près au-dessus de Trévoux, dans un endroit appelé au Quart, notre surprise fut grande quand nous vîmes amarrer les bateaux et le capitaine nous inviter à débarquer, car, disait-il, il ne pouvait aller plus loin ; nous insistâmes d’abord pour continuer notre route, puisqu’on nous avait fait payer jusqu’à Lyon, lui ne devant pas ignorer la hauteur des eaux, et d’après ce, ne pas surcharger son bateau afin de pouvoir se rendre sans obstacles à sa destination ; ou tout au moins devait-il nous avoir prévenus, ou bien nous rembourser une partie du prix que nous avions payé. Aucunes de nos réclamations ne furent écoutées, et force fut à nous de nous acheminer pédestrement et à nuit-close jusqu’à Trévoux, d’où nous vîmes, quelque temps après, passer notre bateau qui continuait sa route.

[5.2]Serait-il donc impunément permis de se jouer ainsi de la confiance du public ? Et notre police, qui a tant de monde à sa disposition pour inquiéter les citoyens, n’en a-t-elle donc pas pour veiller à leurs intérêts ?

La publicité étant le seul moyen qui soit en mon pouvoir, pour avoir raison d’une pareille conduite, j’espère, Monsieur, que vous ne me la refuserez pas.

Agréez, etc.

lanlliat,

Chef d’atelier, rue Grôlée, n° 3

 

 

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