M. Marius Chastaing.
Voici venir le prospectus d’un nouveau journal, l’echo des travailleurs1. – C’est M. Marius Chastaing, EX-RÉDACTEUR EN CHEF de notre journal, entonnant sur nous l’office des morts !!!
Oh ! sots que nous étions, d’ignorer que nous fussions malades ! – Sots, que nous sommes, de nous croire encore vivans !
Si cet écrivain se présentait aujourd’hui comme jadis se présentèrent les fondateurs de l’Echo, en hommes loyaux, dévoués et courageux, nous l’accueillerions en frère.
S’il ne s’était pas permis envers les actionnaires de notre journal une imputation à la fois mensongère et calomnieuse, nous lui laisserions retirer tout le fruit des choses ridicules et peu délicates qu’il débite avec tant de talent, et si complaisamment contre nous ; mais ce que nous ferions pour nous, devons-nous le faire pour les hommes qui nous ont investi de leur confiance, et dont nous sommes l’organe ? Non, certainement ; nous manquerions à notre devoir.
« Nous aurions voulu ne pas nous séparer de l’Echo de la Fabrique (dit M. Chastaing), mais un point important nous séparait de quelques-uns de nos collègues actionnaires. »
Et ce point, selon son dire, aurait été l’émission trop franche de principes républicains ! – Cette assertion est complètement fausse ; car le jour où les actionnaires de l’Echo de la Fabrique crurent devoir nous appeler à le remplacer, ce jour-là même (présent M. chastaing), [1.2]la rédaction du journal fut approuvée à l’unanimité moins UN ! – Ainsi qu’il cherche ailleurs le point important qui le séparait de quelques-uns de ses collègues actionnaires ; peut-être le trouvera-t-il. – Pour nous, qui n’avons mission ni de le chercher, ni de le dire, nous n’irons pas plus loin.
Nous repoussons encore comme une imposture, cette imputation dirigée contre les actionnaires de l’Echo de la Fabrique : – qu’ils auraient voulu ou voudraient que leur journal fût fermé soit aux griefs, soit à la représentation des intérêts de toute autre classe de travailleurs : cette supposition, toute gratuite de la part de M. chastaing, est une accusation d’égoïsme que repoussent victorieusement le patriotisme et le bon sens des citoyens que son prospectus présente au public comme des hommes rétrogrades. – Pitié et mépris pour une telle assertion.
Maintenant, qu’il plaise à ce Monsieur de considérer notre journal comme un cahier de doléances ; libre à lui. – Parodiant le titre de notre journal, qu’il se croie déjà les pieds sur ses débris, élevant une tribune plus CONFORME aux besoins des travailleurs, soit. – Et, si tant est que nous ayons imprimé une nouvelle direction au journal dont la rédaction nous a été confiée, le chiffre actuel de nos abonnés nous est un témoignage contre lequel M. chastaing n’aura (nous l’espérons bien) rien à argumenter.
B......
Notes (M. Marius Chastaing Marius Chastaing ....)
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L’Écho des Travailleurs était un bi-hebdomadaire qui allait paraître le mercredi et le samedi. Il connaîtra trente cinq numéros, disparaissant à la fin du mois de mars 1834, quelques jours avant la seconde insurrection. Incessamment, Chastaing tentera de prouver que le mutuellisme a travesti le projet originel de
L’Écho de la Fabrique, renouant avec les anciennes habitudes corporatistes, tournant le dos à l’évolution démocratique en cours. L’idée est exprimée dès le Prospectus du nouveau journal : évoquant l’aventure de
L’Écho de la Fabrique et l’orientation qu’il lui avait donné en tant que rédacteur en chef entre juillet 1832 et août 1833, Chastaing écrit : « Nous concevions ce journal sur une large base, nous voulions en faire une œuvre de propagande au lieu de le restreindre dans les bornes étroites et mesquines d’un cahier de doléances… Nous voulions en faire une tribune ouverte à tous les prolétaires, et non à telle ou telle classe, quelque nombreuse qu’elle fût, parce qu’à nos yeux tous les prolétaires sont solidaires. La question d’émancipation qui s’agite est la même pour tous… Pour parvenir à cette émancipation, nous voulions l’abolition non pas de tel ou tel privilège, de tel ou tel monopole, d’un abus quelconque choisi entre mille, mais l’abolition complète de tous les privilèges, de tous les abus, de tous les monopoles, parce que tous s’enchaînent, se coordonnent, et tous sont hostiles au peuple, aux hommes de travail, tous grèvent la société au profit de quelques-uns. Nous avons été inopinément arrêtés au milieu de cette lutte.
L’Écho de la Fabrique a changé la direction que nous lui avions imprimée, il est rentré dans la spécialité dont nous avions cru devoir nous écarter. » (
L’Écho des Travailleurs, Prospectus.)