Au Gérant.
La Croix-Rousse, 28 octobre 1833.
Monsieur,
Nous sommes moins étonnés que fâchés que vous n’ayez pas répondu aux différentes questions que nous vous avions adressées par notre lettre du 9 courant, relativement à Lamartinière… – Nous concevons votre embarras : le provisoire, la fausse direction donnée d’abord par une administration inhabile, pour ne pas dire plus, est la suite nécessaire de la faute commise par l’Académie, en s’éloignant des vœux du testateur, et en créant, dans l’intérêt privé d’une partie de ses membres, des sinécures qui ne profitent qu’à eux.
Rien n’est plus légitimement acquis que ce qui est donné par testament.
Le testament du généreux major-général Martin est-il exécuté ?
Au profit de qui ? Par qui ? Comment ? Où ?
Art. 25 de son testament :
« Je donne et lègue à la ville de Lyon, ma patrie, la somme de 250,000 roupies sicka ; et plus loin, il dit : Dans le cas où cette somme ne serait pas suffisante, je donne et lègue la somme de 50,000 roupies sicka pour établir une maison d’éducation industrielle pour les enfans des deux sexes des pauvres ouvriers de Lyon… »
Nous sommes comme vous, M. le rédacteur, peu au courant de cette affaire qui intéresse au plus haut point la grande famille industrielle de Lyon.
Quoiqu’il y ait à peu près cinquante ou cinquante-deux ans que le major-général Martin est mort, et que nos frères de Calcutta jouissent depuis lors de ses bienfaits, peu d’entre nous sont instruits d’une telle munificence de philantropie ; il n’y a que l’autorité qui puisse nous faire connaître l’emploi qu’on a fait de ce qui nous appartient par testament irrévocable ; nous serions plus instruits si on avait fait un bon emploi de nos fonds.
Quand nous saurons quelque chose de plus, nous vous l’adresserons avec prière de le publier, afin que tous nos frères sachent quel intérêt ils doivent prendre à cette institution.
Agréez, etc.
Plusieurs industriels pères de famille.