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11 novembre 1833 - Numéro 45
 
 

 



 
 
    

PRIX POUR LES ÉCOLES D?ADULTES.

Nous nous empressons de porter à la connaissance du public, que la Société maçonnique du Parfait-Silence1 vient de fonder trois prix pour l?année 1834, en [4.1]faveur des Ecoles d?adultes, dirigées par la Société élémentaire du Rhône.

Le premier prix, composé d?une inscription d?un capital de 100 fr. sur la Caisse d?épargnes de Lyon, sera donné à l?élève adulte qui aura fait le plus de progrès pendant l?année, en lecture, écriture et calcul, parmi les élèves qui, lors de leur entrée dans l?école, ne possédaient aucune notion de ces trois branches de l?instruction primaire.

Le second prix, composé d?une inscription d?un capital de 75 fr., de même nature que la précédente, sera donné à l?élève adulte qui aura fait le plus de progrès, en écriture et calcul, parmi les élèves qui, lors de leur entrée dans l?école, savaient lire, mais ne possédaient aucune notion de l?écriture et du calcul.

Le troisième prix, composé d?une inscription d?un capital de 50 fr,, de même nature que les précédentes, sera donné à l?élève adulte qui aura fait le plus de progrès pendant l?année, en calcul, parmi les élèves qui, lors de leur entrée dans l?école, savaient lire et écrire, mais ne possédaient aucune notion de calcul.

Ces prix ne seront délivrés qu?à des élèves appartenant à la classe ouvrière, quelle que soit d?ailleurs la profession qu?ils exercent.

Ces prix, ainsi que ceux fondés les années précédentes par le Parfait-Silence, seront décernés, dans la séance solennelle qui sera convoquée par la Société élémentaire pour la distribution générale des prix, aux élèves de toutes les écoles, dont les progrès permettront à leurs professeurs respectifs de les présenter au concours général.

C?est un bienfait de plus, que l?honorable Société du Parfait-Silence vient de rendre à l?humanité, par la fondation de ces prix, destinés à entretenir une noble émulation parmi les hommes qui ont été privés de l?instruction dans leur enfance. Cet exemple ne sera pas perdu, il ne peut manquer d?avoir des imitateurs. Quel avantage pour celui qui, par son aptitude à profiter des leçons de ses maîtres, aura remporté un prix ? Il aura d?abord acquis une instruction élémentaire, indispensable aujourd?hui à l?homme, quelle que soit sa position, maître ou ouvrier. Ce prix peut encore être considéré comme la pierre fondamentale d?un petit établissement quelconque ; car, cette somme, il sera libre de la retirer de suite, ou de l?accroître, en versant ses économies à la caisse de prévoyance.

Le nombre des élèves qui ont fréquenté les neuf Ecoles d?adultes, s?est élevé, en variant suivant les saisons, de quatre à neuf cents. Ce nombre sera, sans nul doute, dépassé cette année, où un nouvel attrait est offert à l?intelligence, et doit avoir des heureux résultats.

Nous regardons comme un devoir de tout bon gouvernement de favoriser l?instruction ; mais c?est aussi un devoir au peuple, au citoyen, de faire tous ses efforts pour en profiter. Rien ne saurait donc justifier à nos yeux le jeune homme qui, par insouciance ou paresse, négligerait les avantages qui lui sont offerts par ces Ecoles, destinées à l?initier aux jouissances et aux bienfaits de l?instruction.

Notes (PRIX POUR LES ÉCOLES D?ADULTES. Nous nous...)
1. Le mouvement maçonnique s?était reconstitué dès la Restauration mobilisant désormais dans ses rangs libéraux, républicains et ouvriers-artisans. La loge du Parfait-Silence était ainsi créée en 1818. La monarchie de Juillet fut accueillie avec enthousiasme, le parti du Mouvement (que dirigeaient des maçons, d?Odilon Barrot à Jacques Laffite) paraissant en mesure de faire progresser, suffrage, éducation et liberté. À Lyon, l?action maçonnique se distingua par son envergure sociale, notamment sur le terrain de l?éducation. Voir ici : André Combes, Histoire de la franc-maçonnerie à Lyon des origines à nos jours, Lyon, Traboules, 2006.

 

 

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