ÉCOLE GRATUITE DE LA MARTINIÈRE.
Ouverture des Cours.
MAIRIE DE LA VILLE DE LYON.
L’ouverture des cours industriels établis pour la présente année scolaire, aura lieu le 2 décembre prochain, savoir :
Cours de chimie, appliquée aux arts et spécialement à la teinture.
Professeur : M. Camille rey.
Ce cours est divisé en deux parties, et les élèves en deux divisions.
Les leçons auront lieu, pour les élèves de la première division, les lundi, mercredi et vendredi ; et pour les élèves de la deuxième division, les mardi, jeudi et samedi, depuis sept heures et demie jusqu’à huit heures et demie du matin, pendant les mois d’hiver, et depuis six heures et demie jusqu’à huit heures du matin, dans les autres saisons.
Cours de dessin, appliqué aux arts mécaniques.
Professeur: M. dupasquier.
Les leçons auront lieu les lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi, depuis huit heures et demie jusqu’à dix heures du matin.
Cours de mathématiques élémentaires, de mécanique et de physique industrielles.
Professeurs : MM. tabareau et leymerie.
Les leçons auront lieu les lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi, depuis dix heures jusqu’à midi.
Cours de grammaire et d’écriture.
Professeur : M.
Les leçons auront lieu les lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi, depuis midi jusqu’à une heure.
Nota. Les élèves seront libres de suivre tous les cours de l’Ecole, ou seulement une partie de ces cours.
Néanmoins les leçons de grammaire et d’écriture ne seront données qu’aux élèves suivant d’autres cours dans l’institution.
Conditions d’admission.
Les candidats doivent être domiciliés à Lyon ou dans le département du Rhône.
Ils doivent être âgés de 10 ans au moins, avoir été vaccinés ou avoir eu la petite vérole, et jouir d’une constitution saine. Ils doivent savoir lire et écrire, et connaître les quatre premières règles de l’arithmétique, appliquées seulement aux nombres entiers.
Les candidats devront se présenter du 10 au 30 novembre, au secrétariat de l’Ecole (rue des Augustins), pour s’y faire inscrire et pour subir les examens qui constateront qu’ils possèdent les connaissances nécessaires à leur admission.
Le secrétariat de l’Ecole est ouvert tous les jours, à l’exception du jeudi et des jours fériés, depuis dix heures jusqu’à une heure.
Les élèves de l’Ecole provisoire de La Martinière, qui désireraient continuer leurs études, sont priés de renouveler leur inscription au secrétariat de l’Ecole, dans le même délai.
Pièces à fournir par les candidats.
1° La demande de leur admission, faite par leur père, mère ou tuteur adressée au directeur de l'école ;
[7.1]2° Leur acte de naissance ;
3° Un certificat de vaccine ou de petite vérole.
Prix et primes d’encouragement.
Il y aura, à la fin de l’année scolaire, une distribution solennelle de prix aux élèves qui se seront distingués dans les différens cours de l’Ecole.
Plusieurs primes d’encouragement, de la valeur de 250, 200 et 150 francs, seront accordées aux élèves, à titre de récompense, pour leur bonne conduite et leurs succès dans les études de l’Ecole et dans les examens d’admission. Ces primes sont spécialement destinées à améliorer le sort des élèves dans leur famille.
Lyon, le 29 octobre 1833.
Les membres de la commission administrative,
Signés Prunelle, maire, président ; C. Martin, vice-président ; Devillas, secrétaire ; Eynard, Monmartin, Acher, Michel et Bonnet, membres de la commission.
La commission administrative, dans l’intention de donner une entière connaissance du système d’instruction adopté pour l’Ecole de La Martinière, croit devoir rendre publique la délibération de l’Académie de Lyon, qui détermine la nature et le plan de cette institution.
Délibération de l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de la ville de Lyon.
l’académie royale des sciences, belles-lettres et arts de lyon.
En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par l’article 25 du testament du major-général martin (Claude) ;
Vu les délibérations académiques des 2 août 1803, 10 septembre 1822, 1er février 1823, 21 août 1827, 19 mai 1829, et 1er février 1831 ;
Vu l’ordonnance royale du 29 novembre 1831 ;
Vu le rapport de la commission du 10 avril 1832, annexé à la présente déliberation, et les amendemens proposés sur les conclusions de ce rapport, ainsi que le nouveau projet dressé par ladite commission et présenté dans la séance du 17 juillet 1832 ;
Arrête ce qui suit :
Après en avoir délibéré dans la séance du 10 avril dernier et dans les séances subséquentes, jusques et y compris celle de ce jour, 23 août 1832, où la délibération a été close ;
L’Ecole fondée par la munificence du major-général martin, et destinée à l’enseignement gratuit des sciences et des arts dont la connaissance et le perfectionnement peuvent ajouter à la prospérité des manufactures et fabriques lyonnaises, sera établie conformément aux bases d’organisation et aux dispositions réglementaires suivantes :
CHAPITRE Ier.
De la nature des Etudes.
art. 1er. L’instruction est à la fois théorique et pratique.
art. 2. L’instruction théorique comprend les élémens des sciences industrielles et des cours suivans, savoir :
L’écriture, la grammaire française, l’arithmétique et son application aux premiers élémens de la comptabilité commerciale ; les premières notions d’algèbre, la géométrie élémentaire avec des notions de trigonométrie, et leur application au lever des plans ; le tracé et les propriétés des courbes dites sections coniques, par l’emploi de méthodes purement graphiques ; la géométrie descriptive dans ses rapports avec l’industrie lyonnaise ; la mécanique générale ; la description des machines et métiers ; les branches de la physique applicables aux arts, et spécialement aux manufactures lyonnaises ; la chimie appliquée aux arts et spécialement à la teinture ; le dessin appliqué au besoin des arts mécaniques.
Les élèves sont admis au cours complet d’étude, ou seulement à quelques-uns des cours de l’Ecole, suivant le degré d’instruction théorique plus ou moins générale ou purement spéciale qu’exigent les arts et métiers auxquels ils se destinent.
art. 3. Le mode d’enseignement est entièrement expérimental pour la mécanique générale, la description des machines et des métiers, et pour les sciences physiques et chimiques.
Il est à la fois pratique et logique pour le cours de géométrie.
art. 4. Les exercices pratiques et manuels se composent de travaux préparatoires d’ateliers, appropriés aux forces des élèves.
art. 5. L’enseignement complet de l’Ecole est distribué en quatre divisions, à chacune desquelles les élèves sont attachés pendant la durée de l’année scolaire.
art. 6. Les élèves ne passent d’une division à une autre qu’à la suite d’examens qui constatent leur aptitude à suivre de nouvelles études.
[7.2]CHAPITRE II.
Du personnel.
art. 7. Conformément à l’ordonnance royale du 29 novembre 1831, l’Ecole de La Martinière est administrée, sous l’autorité et la surveillance du préfet, par une commission gratuite, qui procède suivant les règles et les formes établies pour l’administration des hospices et des bureaux de bienfaisance.
Cette commission, dont le maire est président né, et l’exécuteur testamentaire vice-président, est composé en outre de sept autres membres choisis par le conseil municipal parmi les notables habitans de la ville ; leur nomination est soumise à l’approbation du ministre du commerce et des travaux publics.
Le renouvellement des membres de ladite commission a lieu tous les sept ans, par septième chaque année, les six premières années par la voie du tirage au sort, et ensuite par rang d’ancienneté.
Conformément aux dispositions de l’article 23, il y a, sous l’autorité de la commission administrative, et à la nomination du maire, un directeur chargé de la police, du maintien de l’ordre et de l’exécution du réglement général de l’Ecole, et sous les ordres du directeur, ainsi que sous l’autorité de la commission, un régisseur qui est choisi, autant que possible, dans la famille du testateur, et qui est chargé de la gestion économique des recettes et dépenses de l’Ecole ; le régisseur fournit un cautionnement.
Ces deux agens reçoivent un traitement qui est fixé sur la proposition du conseil municipal.
art. 8. Six professeurs sont attachés à l’enseignement théorique, savoir :
Deux professeurs de mathématiques chargés en outre de l’enseignement de la mécanique générale et de la physique ;
Un professeur de chimie appliquée aux arts et spécialement à la teinture ;
Un professeur de théorie de la fabrication des étoffes de soie ;
Un professeur de dessin ;
Un professeur de grammaire française et d’écriture.
art. 9. Un mécanicien est chef des ateliers pratiques ; il a sous ses ordres les ouvriers-maîtres qui sont jugés nécessaires.
art. 10. Le nombre des élèves est illimité.
CHAPITRE III.
Des conditions d’admission des élèves.
art. 11. Les élèves doivent appartenir à des parens domiciliés à Lyon ou dans le département du Rhône.
art. 12. L’âge des candidats doit être de dix ans au moins, de quatorze ans au plus, sauf les cas d’exception qui seront appréciés par la commission administrative.
art. 13. Ils doivent être d’une constitution saine, et justifier qu’ils ont eu la petite vérole ou la vaccine.
art. 14. Ils doivent savoir lire et écrire, posséder les quatre premières règles de l’arithmétique, appliquées seulement aux nombres entiers.
art. 15. Des examens d’admission, à la suite desquels les candidats admis sont classés par ordre de mérite, ont lieu toutes les années à des époques fixées.
CHAPITRE IV.
Du régime intérieur de l’Ecole et des principales dispositions réglementaires.
art. 16. L’Ecole n’admet que des élèves externes.
art. 17. La présence dans l’Ecole des élèves admis au cours complet d’études, est de huit heures par jour en hiver, et de neuf heures au moins en été.
Les élèves qui ne suivent qu’une partie des cours de l’institution, assistent aux leçons et restent dans l’Ecole tout le temps nécessaire aux études, aux exercices et aux répétitions.
art. 18. Les élèves de chacune des quatre divisions d’enseignement sont partagés en brigades, à chacune desquelles est attaché un chef rétribué qui surveille la section, et donne des explications sur les leçons.
Le grade de chef de brigade est conféré temporairement aux élèves qui en sont les plus dignes.
art. 19. Indépendamment de ces chefs de brigades, il y a encore des élèves répétiteurs rétribués par l’Ecole, et choisis parmi les élèves qui ont terminé leurs études.
Les répétiteurs restent attachés à l’Ecole, jusqu’à ce que de nouveaux élèves soient en état de les remplacer.
art. 20. Les récompenses accordées à la bonne conduite et au succès des élèves dans leurs études théoriques et pratiques, sont les primes d’encouragement, les prix d’honneur et le placement gratuit des élèves à la sortie de l’Ecole, en qualité d’apprentis dans les ateliers des arts.
[8.1]Les primes d’encouragement sont d’une valeur assez élevée pour que les pères de famille les moins aisés puissent les appliquer à l’entretien de leurs enfans.
La nature et le mode de distribution des primes et des prix sont déterminés par la commission administrative.
Néanmoins, des primes d’encouragement sont réservées pour les élèves nouvellement admis, et appartiennent à ceux qui ont obtenu les premiers rangs dans les examens d’admission.
art. 21. Une distribution solennelle des prix a lieu toutes les années ; les noms des élèves nouvellement admis sont proclamés le même jour.
art. 22. Toutes les années, les listes générales des élèves classés dans l’ordre de leur mérite, sont publiées dans les journaux et affichées dans la ville.
art. 23. Il y a des vacances annuelles, et des jours de repos déterminés par la commission administrative.
art. 24. Toutes les semaines, le directeur de l’Ecole fait afficher dans les salles d’étude, un tableau d’ordre qui signale le degré d’application qu’il a reconnu dans les diverses classes, les noms des élèves qui ont répondu avec succès aux interrogations journalières des professeurs, et les noms de ceux qui ont encouru des reproches ou des punitions.
Ce tableau indique en outre la nature de l’enseignement théorique et pratique qui sera professé dans le cours de la semaine qui doit suivre.
art. 25. La commission exécutive arrête les réglemens qu’elle juge nécessaires, détermine le régime disciplinaire de l’Ecole, la durée et les heures de leçons, et généralement toutes les dispositions dont l’expérience lui fait reconnaître l’utilité, et qui sont propres à assurer la fidèle exécution du testament du major-général martin , et de la présente délibération
art. 26. Un prix annuel sera fondé par l’institution de La Martinière, pour être décerné aux auteurs des meilleurs mémoires sur de nouvelles méthodes d’enseignement applicables aux écoles d’arts et métiers, et sur des vues nouvelles d’éducation populaire, ou aux savans qui auraient publié les meilleurs livres élémentaires, traitant des sciences industrielles. Le concours ouvert sur ces questions, et jugé par des commissions désignées par les compagnies savantes de la ville de Lyon, réunies à la commission exécutive, les prix sont décernés dans les solennités de l’institution.
art. 27. Une commission composée du président de la commission exécutive du directeur de l’Ecole, d’un des professeurs délégué par ses collègues, de six membres de l’Académie désigné par elle, et d’un membre de la Société d’Agriculture de Lyon, désignés par cette compagnie, est attachée à l’Ecole de La Martinière, sous le titre de conseil de perfectionnement.
Les membres de ce conseil, autres que le président de la commission exécutive et le directeur de l’Ecole, sont renouvelés tous les trois ans ; ils sont rééligibles.
Les attributions de ce conseil sont de faire annuellement, à l’Académie, un rapport sur le nombre des élèves de l’institution, sur le degré d’instruction qu’ils y acquièrent, sur le succès de leur apprentissage dans les arts et métiers, à leur sortie de l’Ecole, et sur les modifications qu’il serait utile d’apporter au plan d’organisation de l’institution.
Le conseil de perfectionnement ne peut prendre aucune décision, l’Académie réunie en assemblée générale ayant seule le droit et le pouvoir d’arrêter toutes les dispositions relatives à l’institution de La Martinière.
art. 28. Une somme de quatre mille francs est réservée toutes les années sur les revenus de l’institution de La Martinière, pour être appliquée à une fondation en faveur de jeunes filles appartenant à des familles indigentes et qui sera déterminée ultérieurement par l’Académie.
art. 29. L’Académie fait toutes les réserves de droit sur les pouvoirs que lui confère le testament du major-général martin, et qui ne seraient pas énoncées dans la présente délibération.
Extrait certifié conforme au registre des procès verbaux de l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, depuis et y compris la séance du 10 avril 1832, jusques et y compris celle du 23 août suivant, dans laquelle la délibération a été close et définitivement arrêtée.
Pour M. virieu, président absent
Signé pericaud
Signé C. brechot du lut, secrétaire-adjoint.