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8 janvier 1832 - Numéro 11
 
 

 



 
 
    

Nous avons dit que nous serions les défenseurs zélés et courageux des ouvriers, et nous tiendrons ce que nous avons promis. Mais nous avons dit aussi que nous n'étions pas des zoïles déchirant tout ce qui n'appartiendrait point à la cause que nous défendons. Ainsi, comme nos colonnes sont ouvertes aux réclamations elles doivent l'être à la défense.

Notre impartialité nous fait donc un devoir de déférer à l'invitation suivante :

Lyon, le 30 décembre 1831.

Monsieur,

Je vous prie de vouloir bien insérer la lettre suivante dans votre prochain numéro :

L'indignation que j'éprouve à la lecture de la lettre de M. C? contenue dans votre n° du 25 décembre, me détermine à répondre aux injures et aux calomnies diffamatoires qu'elle renferme, et qui ne peuvent être dirigées que contre moi : la lettre initiale de mon nom et mon adresse bien précise ne peuvent en faire douter.

Quelle expression pourra caractériser l'homme dont l'ame perverse se plaît à semer la discorde entre le fabricant et l'ouvrier, à attaquer l'honneur du fabricant [4.1]qui, l'un des premiers, consentit à augmenter le salaire des ouvriers qu'il occupe ?

M. C? a insinué dans sa lettre que j'exigeais de l'ouvrier, en lui donnant une pièce à fabriquer, qu'il achetât de moi un schal rebut au prix de 30 f. que sans cette condition je n'accordais point d'ouvrage, et que beaucoup de maîtres-ouvriers ont refusé de travailler à des conditions aussi onéreuses qu'injustes.

Ce fait, dans toutes ses parties, est d'une fausseté insigne.

Je vais dire vrai :

J'ai vendu à trois nouveaux maîtres, seulement, et à chacun d'eux, un schal dont la valeur a été portée sur leur livre 25 fr. à condition que je leur paierais le prix du tarif.

De plus, ces schals ne sont point rebut ; ils sont en bon état, mais seulement d'un dessin moins nouveau. D'ailleurs, le prix auquel je les ai comptés est trop médiocre pour croire qu'ils ont été vendus au-dessus de leur valeur, puisque les mêmes se sont vendus l?année dernière 36 fr. au commissionnaire.

Je n'ai donc point forcé mes ouvriers à accepter des conditions de ce genre en les menaçant, s'ils s'y refusaient, de ne point leur donner de l'ouvrage : tout ce qui s'est passé entre nous a été d'un commun accord, et n'a donné lieu à aucune plainte envers moi.

Que M. C... qui se dit commis fabricant, trouve que ma conduite envers les ouvriers que j'occupe, puisse donner lieu à sa maligne interprétation ; on pourra supposer de sa part une jalousie haineuse. Mais qu'il vienne impunément calomnier d'une manière odieuse tel où tel fabricant, selon son bon plaisir ; c'est un acte que l'on ne peut tolérer, et qui exige une réparation exemplaire.

S'il y a inconséquence, qu'il se rétracte ; s'il y a mauvaise foi, il mérite d'être traduit devant les tribunaux comme vil calomniateur.

Et c'est en distillant tout le fiel de son infâme calomnie, que le sieur C... s'écrie qu'il faut rétablir au plus tôt l'harmonie entre le chef et l?ouvrier. Mais les réflexions que contient sa lettre disposent à croire qu'il travaille à un but contraire.

J'espère, Monsieur, de l'impartialité qui vous caractérise, que vous donnerez une entière publicité à cette lettre.

Agréez, Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération.

B? rue des Capucins, n°1.

 

 

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