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22 décembre 1833 - Numéro 51
 
 

 



 
 
    

Nous avons admiré, avec un grand nombre d’amateurs, la belle composition de M. Court1. Une touche large, un dessin correct et vigoureux, une disposition parfaite des personnages, une vive énergie sans exagération, nous ont paru les principales qualités de ce grand tableau. Le drame du 1er prairial a été bien mis en scène par le peintre. La fureur du peuple, le courage de Chénier, la sublimité de Boissy-d’Anglas, l’audace des royalistes promoteurs du désordre, sont habilement retracés. Il est bien fâcheux que l’unité d’action principale ait empêché M. Court de mettre en première place le républicain Vernier ; les arts sont souvent exposés à être injustes. En suivant l’histoire, tout le monde connaît la conduite de Boissy-d’Anglas, et peu de gens savent que Vernier, dans la séance du 1er prairial, réclama le fauteuil et l’obtint par ses vives instances ; que ce fut lui qui, pour toute réponse à cette menace : Signe, ou je te tue ! ôta sa cravate et présenta son cou nu au fer des furieux. Ce fait est constaté dans la notice explicative du tableau de M. Court, où nous avons été fâchés de trouver aussi des vers de M. Barthélemy sur cette terrible journée. Le talent ne doit [5.1]jamais s’accoler à l’infamie ; quels que soient les vers du transfuge, ils ne doivent pas souiller, même pour l’expliquer, l’œuvre d’un bon citoyen.

Notes (Nous avons admiré, avec un grand nombre...)
1. Mention probablement ici au peintre Joseph Désiré Court (1764-1811). Le tableau évoque l’insurrection populaire et jacobine de mai 1795 contre la Convention thermidorienne dirigée alors par François-Antoine de Boissy d’Anglas (1756-1826), épisode auquel furent mêlés Marie-Joseph Chénier (1764-1811) et Théodore Vernier (1731-1818).

 

 

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