Retour à l'accueil
29 décembre 1833 - Numéro 52
 
 

 



 
 
    
CONSEIL DES PRUD’HOMMES,

(présidé par m. putinier, vice-président.)

Audience du 27 décembre 1833.

Durouge réclame à d’Autencourt et Garnier, négocians, une indemnité pour 16 journées de travail perdues par la faute du liseur qui lui a livré un dessin dont les cartons sont trop étroits, et par conséquent ne s’adaptent pas parfaitement au cylindre. Le conseil, faisant droit à la demande du chef d’atelier, condamne d’Autencourt et Garnier, à lui payer 80 fr. d’indemnité pour les 16 journées, le négociant ayant son recours contre Sigaud, liseur.

Le maître ne doit, dans aucun cas, frapper son élève. Attendu que des témoins affirment que Dagaud, apprenti de Chapelin, a été plusieurs fois frappé par ce dernier, le conseil résilie les engagemens, et condamne Chapelin à restituer au père de l’élève la somme de 50 fr. sur celle qui lui avait été comptée au début de l’apprentissage.

Dagaud ne pourra se replacer que comme apprenti. Bottier et Chatanay, élèves de Dailly, réclament la résiliation de leurs engagemens. Ils fondent leurs demandes sur ce que Dailly les a mis à la porte de chez lui à 9 heures du soir ; ils réclament en outre des arriérés de tâches.

Dailly, que le président invite à s’expliquer, demande et obtient la faculté de lire un fort long mémoire où il énumère fort longuement et d’une manière presque inintelligible les divers griefs dont il a à se plaindre. Tout ce que nous avons pu comprendre de ce long plaidoyer, c’est qu’il reproche à quelques membres du conseil d’avoir semé la discorde dans son atelier, depuis qu’ils ont fixé les tâches de ses apprentis. A ce sujet il mêle, et nous savons bien pourquoi, les Mutuellistes dans tout ce gâchis. Il prétend que ce sont ces derniers qui ont influencé les prud’hommes qui se sont transportés chez lui pour fixer les tâches, qu’ils n’ont agi que d’après les conseils de l’association, qui lui en veut, à ce qu’il croit, parce qu’il n’en fait pas partie. Nous regrettons bien sincèrement que la faiblesse de vue de M. Dailly ne lui ait pas permis de lire plus couramment cette volumineuse défense, qui n’était autre chose, à ce qu’il nous a paru, qu’une dégoûtante diatribe contre les Mutuellistes qui sont assez sages pour comprendre que ce brave homme n’a été dans cette occasion que l’écho de quelques hommes, dont les intentions sont bien connues, et qui ont été fort aises de trouver en lui un interprète bénévole et confiant qu’ils mènent par le nez, et derrière lequel ils se cachent. Nous pensons qu’ils auraient mieux prouvé tout l’intérêt qu’ils portaient à leur client, s’ils lui eussent conseillé d’expliquer ses raisons d’une manière claire et précise, plutôt que de l’exposer à la risée de tout un auditoire, qui pourtant ne manque pas de sympathies en pareille occasion. Espérons que tout le ridicule [6.2]de cette scène retombera sur ses véritables fauteurs, et que les ouvriers voudront bien enfin comprendre dans quel camp sont leurs vrais amis.

Sur la déclaration formelle que Dailly a faite, qu’il avait renvoyé ses apprentis Bottier et Chatanay, le conseil a résilié les engagemens sans indemnité, et renvoyé les parties par devant MM. Charnieret Dumas pour régler les comptes.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique