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5 janvier 1834 - Numéro 53
 
 

 



 
 
    
 

Quand notre impartialité ne nous ferait pas un devoir d’insérer la lettre suivante, le désir que nous avons de rendre justice à qui de droit nous dicterait notre conduite. Le public jugera qui de nous ou de M. Labory a dépassé la limite des convenances.

Au Rédacteur.

Lyon, 3 janvier 1834.

Monsieur,

Je ne puis me rendre compte de ce que vous voulez dire par ces mots : Encore un pas ! Encore un pas, me dis-je à chaque instant ; et quel est donc celui ou ceux que l’on peut me reprocher ? Est-ce ma faute si le décret de l’empire a voulu une majorité aux fabricans dans tous les conseils de prud’hommes de France ? Est-ce ma faute si, interprétant mal l’ordonnance de juin dernier, on a pris l’ordre d’appel pour l’ordre de sortie ? Est-ce ma faute si, plus tard, je suis sorti troisième ? Est-ce ma faute, si dans votre N° 50 vous dites que je [3.1]suis sorti premier au lieu de dire troisième ? Est-ce ma faute, si un arrêté décide que le troisième sera retranché ? Est-ce ma faute si, malgré les changemens opérés, les mêmes tableaux d’électeurs sont affichés par la ville ? Est-ce ma faute, si vous dites que le renouvellement complet du conseil a eu lieu en 1831, et que nous sommes à son troisième changement partiel, tandis qu’il n’a eu lieu qu’en 1832, et que nous ne sommes qu’au deuxième renouvellement ?

Encore un pas, M. le rédacteur, et vous aurez bien mérité de ceux qui attendent avec impatience le jour où la division sera semée dans toutes les classes. Réfléchissez un peu au danger qu’il y a d’insinuer dans l’opinion publique ce que l’on ne croit pas soi-même.

Non, M. le rédacteur, je ne fus et ne serai jamais un homme d’intrigue ; j’en appelle à tous ceux qui ont été en rapport avec moi ; je donne un démenti formel à tout ce que votre article peut faire soupçonner, et je vous défie de me dire en face que vous y croyez. Oui, Monsieur, fier et fort de ma conscience, je désire que ceux qui seraient assez téméraires pour ajouter foi à vos insinuations, puissent en dire autant que moi, qui n’ambitionne que l’estime de mes semblables.

Je compte, Monsieur, sur votre empressement à insérer ma lettre.

labory.

Note du rédacteur. – Nous sommes surpris que M. Labory se formalise de l’article inséré dans notre dernier numéro. Cette susceptibilité ne prouve rien d’autre, si ce n’est qu’il commence à s’apercevoir qu’il joue, dans toute cette malencontreuse affaire, un rôle qui répugne à sa conscience.

Mais, pour Dieu, M. Labory ! veuillez réfléchir que votre entêtement à rester à un poste dont le sort vous avait éloigné, et auquel vous vous accrochez quand même, a donné et donnera lieu encore long-temps à vous accuser de prêter la main à cette dégoûtante comédie.

L’erreur que vous signalez en faisant observer que le conseil a été installé en 1832 et non en 1831, comme nous l’avons dit par inadvertance, ne change rien à l’ordre de sortie, puisque à la seconde comme à la troisième année, le renouvellement doit s’effectuer par tiers.

Au surplus, on ne vous accuse pas directement d’avoir trempé dans tout ce gâchis administratif. Seulement on vous conseille, et ce dans vos intérêts bien entendu, de ne pas prêter la main à pareille illégalité.

Vous paraissez tenir beaucoup à l’erreur insignifiante que nous avons commise dans notre N° 50, en annonçant que le sort vous a désigné comme premier sortant, tandis que véritablement votre nom fût sorti le dernier de l’urne. Eh bien ! nous vous répondons, que lorsque nous avons fait cette erreur, l’ordonnance préfectorale n’avait pas encore été affichée, et qu’il était fort indifférent alors que votre nom fût le dernier où le premier sortant, puisque, en définitive, on devait procéder à votre remplacement. Au surplus, nous vous le répétons, c’est moins vous que nous blâmons dans notre article, que l’ordonnance préfectorale ; mais nous vous y conseillons de ne pas vous prêter à cette illégalité révoltante, au risque de perdre toute la confiance qu’avaient mise en vous vos amis et vos frères.

 

 

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