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19 janvier 1834 - Numéro 55
 
 

 



 
 
    
 

M. Ray, qui avait pris la parole au nom des électeurs chefs d?atelier de la 4e section, lors de l?élection de M. Charnier, a été appelé jeudi dernier auprès de M. le préfet qui l?invitait, dans la même lettre, à se faire assister des autres électeurs qui voudraient l?accompagner. M. Ray jugea convenable, pour éviter toute rivalité, de s?adjoindre seulement l?élu de la majorité.

En conséquence, ces deux chefs d?atelier se rendirent dans le cabinet de M. Gasparin où eut lieu une explication qui amena des éclaircissemens de part et d?autre, dont voici le résumé :

D?abord on discuta sur la préférence accordée à M. Labory, prud?homme sortant. La véritable cause de la prolongation de ce fonctionnaire, dit le préfet, c?est l?impossibilité de faire concorder l?exécution de la loi avec celle de l?ordonnance royale. A quoi les chefs d?atelier répondirent : que l?on devait accorder la préférence à la loi, et que s?ils eussent été préfet, ils auraient dissous le conseil. C?est, répondit le préfet, précisément ce que je vais demander, et au même instant un employé lut le projet d?ordonnance dont voici la substance :

La section de fabrique sera dissoute.

Elle sera reconstituée conformément à l?ordonnance du 18 juin, mais d?une manière qui précisera l?ordre de sortie et celui de remplacement au cas de décès ou de démission, c?est-à-dire que les élections des remplaçans auront lieu sous un laps de temps égal à celui qui restait à faire au fonctionnaire décédé ou démissionnaire.

D?après l?opinion émise par les deux chefs d?atelier, qui ont déclaré connaître les intentions de leurs confrères, le préfet a promis de demander : 1° l?élargissement du système électoral en y admettant les maîtres possédant deux métiers.

2° Le droit de libre défense.

Ils ont aussi instamment prié ce magistrat de demander à ce que la section de fabrique constitue à elle seule un conseil particulier. C?est ce qui ne leur est pas permis [2.1]d?espérer, vu que M. le préfet leur témoigna prévoir que le ministère n?en ferait rien.

Eh bien ! Nous, journalistes, qui avons mission d?éclairer le peuple, nous pensons que si les électeurs réclamaient tous ce droit, qui est de toute justice, ils l?obtiendraient, par la raison qu?une pareille demande est conforme au but du législateur, qui a eu l?intention, en créant les conseils de prud?hommes, d?instituer des juges instruits dans des spécialités industrielles ? de faire juger les citoyens par leurs pairs et leurs élus. Nous reviendrons sur cet intéressant objet. Ce sera le sujet d?un prochain article.

 

 

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