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2 février 1834 - Numéro 57
 
 

 



 
 
    

La santé de M. bernard ne lui permettant pas de conserver la gérance de notre journal, les actionnaires avaient appelé à lui succéder M. matrod, chef d’atelier, homme plein d’énergie, de loyauté et de patriotisme ; mais M. Matrod, n’étant pas né Français, n’a pu être reconnu comme gérant par la loi.1

Dans ce cas, la loi a-t-elle été juste ? Telle est la question que nous posons à nos concitoyens en l’appuyant des pièces au procès.

Né en Savoie, M. Matrod vint en France en 1807 et fixa sa résidence à Lyon : il était alors âgé de 16 ans. – Enveloppé par la conscription de 1809, il partit à 18 ans soldat au 134e régiment d’infanterie de ligne ; – en 1810, il était sergent de voltigeurs ; et 1814 le ramena dans sa patrie adoptive. – Enfin, redevenu soldat en 1815, il servait en qualité de sergent dans les tirailleurs de la garde et rentra dans ses foyers après les Cent-Jours.

Ainsi donc, il a depuis long-temps acquis la qualité de citoyen français. – Ses lettres de naturalisation lui ont été délivrées au nom du pays, sur vingt champs de bataille : et lorsque aujourd’hui nous voyons une loi le dépouiller de ce titre largement payé par 7 ans de rudes fatigues, pendant lesquelles sa vie fut vingt fois exposée au fer des ennemis de la France, nous n’hésitons pas à dire que cette loi est absurde et anti-nationale ; et, nous en sommes persuadés, nos concitoyens penseront comme nous.

Du reste, choisi par ses collègues actionnaires pour faire partie du comité de surveillance de notre journal, et élu président par les membres de ce comité, là du moins il pourra, sans que la loi intervienne, continuer à servir la cause au triomphe de laquelle nous nous somme tous voués.

Notes (La santé de M.  bernard Bernard ne lui...)
1. Jean Matrod avait surtout été interdit de cette direction car il était alors l’un des membres les plus actifs et les plus turbulents du nouveau et rajeuni comité exécutif de l’association mutuelliste. C’est finalement un autre chef d’atelier, Nicolas Rey, qui deviendra officiellement le nouveau gérant et rédacteur du journal. Mais Matrod, président par ailleurs du comité de surveillance de L’Écho de la Fabrique, et Rivière cadet seront à présent les véritables animateurs du journal des canuts.

 

 

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