Au gérant.
Lyon, 20 janvier 1834.
Monsieur,
Veuillez avoir la bonté d’insérer notre réponse au sieur Chapeau dans votre prochain numéro.
[6.1]Nous rétablissons exactement des faits qui ont été totalement dénaturés.
Il est entièrement faux que toutes les fois que le sieur Chapeau rendait ou faisait rendre de l’étoffe, la fabrication en ait été répudiée ou jugée inférieure, et lorsque le cas s’est présenté, jamais il n’a été marqué rabais ni raccommodages sans lui montrer les défauts qui existaient à son étoffe. Cependant nous n’avons pas comparu devant le conseil des prud’hommes pour ces prétendues difficultés.
La susceptibilité de M. Chapeau étant extrême, il doit se rappeler que ne pouvant s’accorder avec aucun des commis, nous-mêmes recevions son ouvrage ; et s’il est de bonne-foi, il conviendra que très souvent nous lui laissâmes l’entière liberté de fixer lui-même les rabais selon sa conscience. Ils sont, dit-il, à son détriment ; ce n’est pas parce qu’ils ne furent jamais fixés proportionnellement à la perte que nous avons supportée dans la vente de ces schals qui, en sus de la très mauvaise fabrication, avaient été mouillés, de manière qu’après avoir été apprêtés, une partie des couleurs était entièrement passée, et que sur un de ses schals nous perdîmes quarante francs. Eh bien ! que M. Chapeau dise quel est le rabais que nous lui avons fait supporter, aucun, et cependant il convint alors de la justesse des réclamations que nous étions en droit de faire. Oui, nous l’affirmons de nouveau : sur deux mille et cinq cents francs de façons faites il n’avait que trois francs cinquante de rabais.
Sur la demande d’une gratification (propre expression de M. Chapeau), nous lui accordâmes 400 fr. de réduction, et l’autre partie de la somme a été donnée à des ouvriers qui montèrent des métiers en remplacement des siens.
Nous n’avons non plus, manifesté aucune crainte de ne point être payés, et on peut juger, par l’offre que nous lui fîmes, en présence de témoins, de ne nous rembourser cette somme que sur le huitième de ses façons. Voila probablement où M. Chapeau a trouvé que nous voulions l’humilier, et ce qui l’a engagé à avoir recours à la publicité. Nous l’en remercions bien sincèrement, puisque le public prononcera entre lui et nous.
Nous croyons, M. le rédacteur, que les explications que nous venons de fournir sont suffisantes et qu’elles engageront M. Chapeau à ne pas diriger davantage ses calomnies contre nous qui désormais garderons le silence le plus absolu.
Recevez, M. le rédacteur, nos salutations,
GRILLET et TROTTON.