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16 février 1834 - Numéro 59
 
 

 



 
 
    
 

A M. le rédacteur du précurseur.

Lyon, 13 février 1834.

Monsieur,

Je viens à l’instant même (4 heures du soir) d’être témoin d’un acte arbitraire de l’autorité.

Voici le fait :

Une très forte députation d’ouvriers en soie accompagnait deux camarades à leur dernière demeure. Le convoi, sorti de l’Hôtel-Dieu, avait cheminé dans le plus grand ordre jusque sur la place des Minimes, lorsque tout-à-coup un commissaire de police, accompagné de plusieurs gendarmes et d’un assez fort détachement du 7me léger, s’est présenté et a sommé le cortège de se retirer ; l’officier qui commandait le détachement avait déjà fait croiser la baïonnette, lorsque plusieurs ouvriers l’ont engagé très poliment à faire éloigner sa troupe, s’il voulait éviter un conflit ; à quoi ces messieurs se sont décidé en voyant défiler devant eux au moins deux mille citoyens.

Je puis, au besoin, affirmer la véracité de ce que je viens de vous citer.

Agréez, etc.

philippe.

A notre grand étonnement, nous n’avons reçu sur ce sujet aucuns renseignemens. Si ceux qui nous seront probablement apportés, sont de nature à être rendus publics, nous les insérerons dans notre prochain N°. – Toutefois, on paraît s’accorder généralement à donner des éloges à la conduite de l’officier qui commandait le détachement du 7me léger, chargé de forcer le convoi à se disperser, et nous sommes heureux d’avoir, en attendant de plus amples renseignemens, à constater ce fait dans une circonstance grave, et qui, sans l’honorable prudence de cet officier, aurait pu produire les résultats les plus fâcheux.

P. S. Cette lettre qu’on vient de lire est démentie dans le Précurseur du lendemain par une autre lettre revêtue d’une douzaine de signatures, et par conséquent bien plus digne de foi. Nous regrettons de ne pouvoir la publier aujourd’hui.

 

 

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