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16 février 1834 - Numéro 59
 
 

 



 
 
    
 

Nous sommes priés d’insérer le discours suivant, prononcé sur la tombe de gallet, membre de l’Association des Unistes, par le citoyen grand (Clément), membre de la même Société :

« C’est avec une peine bien vive que nous avons appris ta mort ! Oh ! que cette cruelle séparation verse d’amertume et de tristesse dans le cœur de tous ceux qui sont là rangés autour de ton cercueil ! – Pour moi, je remercie le destin qui m’a permis de jeter aujourd’hui quelques paroles sur ce qui fut toi !… Puisses-tu, ô gallet ! les accueillir favorablement, car elles sont la franche expression de la plus constante, de la plus fraternelle amitié.

J.-P. F. gallet était doué de mœurs douces et d’un caractère excellent ; il s’était acquis, par une conduite irréprochable, l’estime et la bienveillance de tous ceux qui l’ont connu ; et il était surtout bon époux et bon père, ami sincère et frère affectueux.

Citoyen dévoué, il fut toujours ennemi de l’injustice, de la duplicité ; et un des premiers il appela de ses vœux l’émancipation industrielle, et il fut l’un de ses plus zélés apôtres…

Mais, hélas ! moissonné à la fleur de l’âge, affaibli par un long et pénible travail, il a succombé sous le poids de ses maux !

Oh ! mes frères, qu’elle est pénible cette pensée ! Comme elle serait triste et accablante, si elle n’était soutenue par l’espoir que nous avons tous de secouer bientôt le joug qui nous opprime, et que nous impose une classe d’hommes que la soif de l’or rend cruels et barbares. Ames de boue ! qui n’estimez que les richesses, quelqu’impure qu’en soit la source, ignorez-vous donc que là où des hommes meurent accablés de misère et de privation, à ceux qui les laissent périr s’attache le nom infâme de bourreaux ?… Mais je m’arrête, car l’émotion que j’éprouve est trop forte, et ma douleur trop amère.

Gallet ! reçois les adieux d’une famille de frères ici assemblés pour rendre hommage à tes vertus ! Repose en paix ! Ta mémoire et le souvenir des nobles sentimens qui t’animaient resteront à jamais gravés dans nos cœurs pour servir d’exemple à notre conduite à tous.

Adieu, notre ami ! adieu, notre frère ! adieu… »

P. S. A la suite de cette cérémonie (qui a eu lieu dimanche dernier au cimetière de Loyasse), MM. les Unistes ont fait entre eux une collecte qui a produit la somme de 19 fr. 25 c., qui a sur le champ été adressée [4.2]au comité de secours pour les blessés de Novembre.

 

 

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