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2 mars 1834 - Numéro 61
 
 

 



 
 
    
 

Nous réclamons l?indulgence de nos lecteurs pour la chanson ci-après. Son auteur la donne bien plus encore comme l?expression des besoins de l?ouvrier, et non comme poésie ; car, on le sait, le travailleur n?a guère le temps de cultiver ses facultés intellectuelles et son génie poétique.

LES FERRANDINIERS.

air : Cette chaumière-là vaut un palais.

Partageons mieux nos deniers ;
Ici bas, vaille qui vaille,
C?est pour vivre qu?on travaille.
Chantons, ferrandiniers ;
Chantons, chantons, ferrandiniers ;
Chantons, chantons, chantons, ferrandiniers.

Camarades, qu?on se soutienne ;
De nos droits, trop long-temps privés,
Que le salaire se maintienne,
Marchands, sur mon livre écrivez :
Allons, plus de rancune,
Entre maigres et gras ;
Vous avez la fortune,
Mais nous avons nos bras !
Partageons mieux nos deniers, etc.

Si le matin avant l?aurore,
La navette fait son chemin,
Si minuit nous retrouve encore
La lampe éclairée à la main,
Compagnons de fatigue,
Plus de stupidité,
Opposons une digue
A la cupidité.
Partageons mieux nos deniers, etc.

Quand le riche heureux se promène,
Ah ! du moins nous, qui travaillons
Il nous revient, pour notre peine,
Plus que du pain et des haillons !
Oui, trop long-temps flétrie,
Notre classe, un peu tard,
Veut de son industrie
Une meilleure part.
Partageons mieux nos deniers, etc.

Parcourant ma modeste route,
Comme un intrigant qui devrait,
Je ne puis faire banqueroute,
Car un maître tient mon livret.
Mais aux Mutuellistes
Respect, fraternité,
Puisqu?un jour sur leurs listes
Mon nom sera porté.
Partageons mieux nos deniers, etc.

Que chaque ouvrier soit un frère
Soulagé par nos prompts secours :
Nous savons tous qu?à la misère
L?argent vaut mieux que les discours.
L?opulent abandonne
Le pauvre qui mourra ;
[7.1]Nous tous, que chacun donne
L?obole qu?il pourra.
Partageons mieux nos deniers, etc.

Chantons quand le dimanche arrive,
Le gousset plein, le c?ur content ;
Du Rhône abordons l?autre rive,
Là-bas le plaisir nous attend.
Allons, qu?on te promène ;
Oublions en ce jour
Les maux de la semaine,
Dans le vin et l?amour.
Partageons mieux nos deniers ;
Ici-bas, vaille qu?il vaille,
C?est pour vivre qu?on travaille,
Chantons, ferrandiniers ;
Chantons, chantons, ferrandiniers ;
Chantons, chantons, chantons, ferrandiniers.

J. laudera.

 

 

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