Retour à l'accueil
23 mars 1834 - Numéro 64
 
 

 



 
 
    
 

Nouvelles Diverses.

Plusieurs journaux, au nombre desquels sont le Peuple Souverain de Marseille, le Dauphinois de Grenoble, le Patriote de Saône-et-Loire de Châlons 1, et le Patriote Franc-Comtois de Besançon, ont, sur la demande que nous leur avions adressée au nom de l?Association des Mutuellistes, donné toute l?extension en leur pouvoir à la réponse de cette association à la lettre de M. Charles dupin. ? MM. les administrateurs du Dauphinois, vu le format de leur feuille, et attendu que la lettre du savant professeur se vendait par ordre dans les rues de Grenoble, ont fait imprimer la réponse à part et l?ont fait distribuer de la même manière. ? L?Association nous charge d?adresser ses remercîmens à ces différens journaux, et nous nous empressons de le faire en y joignant les nôtres.

Nos lecteurs se rappellent le débat élevé entre le sieur Lyonnet, épicier, et MM. Laplace et Jomet ; le sieur Lyonnet nie derechef les accusations graves portées [7.2]contre lui, et voudrait continuer par un démenti très-peu conforme aux règles de la bienséance et qui nous mettent dans le cas de ne pouvoir publier la lettre qu?il nous a à ce sujet adressée, lettre qui du reste n?apporte aucune lumière sur ce débat qui ne nous semble pouvoir être éclairé que par une plainte en calomnie.

Le Précurseur, cité par devant la cour royale, chambre des appels correctionnels, en la triple personne de MM. Jules favre, avocat ; Anselme petetin, rédacteur en chef, et Amédée de roussillac, gérant signataire du journal, comparaissait le 17 mars, accusé d?avoir rendu un compte inexact et infidèle du procès et de la condamnation du jeune Perrin par cette même chambre.

L?article incriminé était de M. Jules Favre, défenseur de Perrin, qui s?est hâté d?en revendiquer toute la responsabilité. ? Avant de remettre le soin de sa défense à Me Sauzet, M. Jules Favre a prononcé un discours dont la modération et la franchise ont fait une vive et profonde sensation ; et enfin hier 21, ce procès s?est terminé par une annulation pour vices de formes ; mais au fonds, par un acquittement. ? Nous donnerons le discours de Me Favre dans notre prochain numéro.

Mercredi, 19 mars, ont eu lieu les funérailles de M. Morel, membre de l?association des Concordistes. ? A la suite de cette cérémonie, une collecte en faveur des blessés de Novembre 1831 a été faite par M. Chardonnet, qui en a versé le montant, qui est de 9 fr., dans les bureaux de notre journal, conformément aux intentions des citoyens de ces deux associations présens au convoi.

Un excellent juste-milieu disait ces jours derniers : « Voila ce que c?est que les révolutions : ça commence par des poignées de main, et ça finit par des coups de bâton. C?est une paraphrase assez juste du vieux proverbe : jeu de main, jeu de vilain. »

L?auteur de ce mot, qui paraît être pourvu au plus haut degré de la bosse du calembour, disait encore : « Et de quoi se plaint-on ? La loi ne dit-elle pas que pour faire retirer la foule il faut la sommer (l?assommer.) »
(Bon-Sens.)

Il n?est pas d?esprit généreux, d?homme de c?ur qui n?ait gémi en apprenant, que, pour un propos arraché à l?audience par un sentiment d?indignation qu?il n?avait pu contenir, Vignerte eût été condamné, séance tenante, à trois ans du prison.

Eh bien ! cette condamnation ab irato que les juges eux-mêmes déplorent sans doute, M. Persil entend l?exécuter avec un surcroît de rigueur inusitée même sous la restauration. Vignerte ne subira pas sa prison à Paris, il ira à Poissy, et là, au milieu des voleurs, accouplé avec eux, il expiera le crime de n?avoir pu supporter, sans se plaindre, qu?on calomniât, en sa présence, ses amis politiques.
(Idem.)

Le Journal de l?Aube2 rapporte l?anecdote suivante :

« Un bon campagnard champenois vient d?être attrapé par un lièvre qui, dans cette circonstance, paraît avoir déployé beaucoup d?astuce et de présence d?esprit.

« Le paisible animal, surpris par l?inondation, n?avait trouvé qu?un vieux saule sur lequel il s?était perché au milieu des eaux, lorsque, jeudi dernier, un paysan l?aperçut.

« Notre homme s?embarque à l?instant dans un petit bateau et se dirige vers le saule ; mais le lièvre l?avait vu venir : il laisse approcher son adversaire, et au moment où celui-ci s?attachait à l?arbre pour l?atteindre, le lièvre saute vivement dans la frêle embarcation, que la violence du vent poussait au large, et il vogue à son tour vers la [8.1]rive, où il ne tarda pas à trouver la clé des champs, tandis que le paysan, captif à son tour, ne fut aperçu dans sa grotesque et pénible position qu?à trois heures de l?après-midi, après une faction qui avait duré depuis dix heures du matin. »

Notes (  Nouvelles Diverses. Plusieurs journaux, au...)
1. Peut-être ici, Le Drapeau tricolore. Journal constitutionnel de Saône-et-Loire, publié à Chalon-sur-Saône depuis 1832.
2. Peut-être ici, Le Mémorial de l?Aube. Journal de l?arrondissement de Bar-sur-Aube, fondé en 1827.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique