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2 novembre 1833 - Numéro 1
 
 

 



 
 
    
misères prolétaires.

(Suite, V. l’Écho de la Fabrique n. 24, pag. 198)

Discours d’un vieillard, prévenu de mendicité, à ses juges.

« Messieurs, dit le prévenu, je suis bien coupable, c’est vrai, si c’est être coupable que de mourir de faim. Pendant quarante ans j’ai été professeur et j’ai pu, à force de travail, me nourrir moi et ma famille ; mais maintenant je n’ai plus d’ouvrage, je suis hors d’état de rien faire et j’ai faim. Dans cette position, il n’y a que deux partis à prendre : voler ou mendier ; j’ai demandé l’aumône. Ecrivain public pendant long-temps, j’ai travaillé pour MM. de la bazoche et du barreau ; mais on veut maintenant des jeunes gens et je suis vieux, et on me laisse là en disant : C’est une vieille ganache. C’est vrai ; que voulez-vous ? Et parce que je suis vieux, on veut que je meure de faim… J’ai déja été condamné pour mendicité ? Eh ! mon Dieu ! les corrections ne donnent pas à manger. N’ai-je pas mieux fait que d’aller voler ? Il a fallu la nécessité pour que je pusse m’exposer à voir ainsi compromis 40 ans de considération et de probité. »

Le vieillard se rassied et essuye une larme qui s’échappe avec peine de ses yeux desséchés.i

 

 

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