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2 novembre 1833 - Numéro 1
 
 

 



 
 
    
réflexions morales et patriotiques.

Quand un homme s’est signalé par son dévoûment, par ses sacrifices à la cause populaire, quand il a été persécuté à cause de ce même dévoûment, de ces mêmes sacrifices, que l’estime publique soit sa récompense ! rien de plus : point de génuflexions, point de prosternations. Pourquoi lui dresser des autels ? Est-il un demi-dieu ? Non, c’est un homme comme vous, c’est votre égal. A-t-il de grands talens, une vaste intelligence ? est-ce un homme de génie ? qu’importe ? il n’en est pas moins homme et comme tel il doit rester sur la même ligne que ses semblables. Brûler de l’encens devant un homme parce qu’il a fait le bien, c’est reconnaître implicitement que le bien n’est pas obligatoire, c’est donc une révoltante immoralité. Oui, nous sommes tous dans l’obligation de faire le bien, et c’est en nous-mêmes que nous devons trouver notre salaire. Travaillons donc à l’affranchissement, à la régénération de la société, travaillons au bonheur de nos semblables, que le bien-être général, que la félicité publique soient le but constant de tous nos efforts ; séchons les larmes des infortunés, mettons un terme à leurs souffrances et à leurs misères, organisons enfin un ordre social, où les hommes seront des hommes, où les citoyens seront égaux et libres, où il y aura du pain pour tous et de l’abjection pour personne ; et puis que chacun de nous se dise : J’ai fait le bien, je suis content, l’estime de mes concitoyens me suffit.

Laponneraye1.

(Extrait de sa 2eme lettre aux prolétaires ; Paris, 26 mars 1833.)

Notes (réflexions morales et patriotiques.)
1 Albert Laponneraye (1808-1849), publiciste et militant républicain, éditeur peu après des œuvres de Robespierre. Alors enfermé à Sainte-Pélagie, il avait rédigé en deux livraisons, au début de 1833 une Lettre aux prolétaires.

 

 

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