Retour à l'accueil
22 janvier 1832 - Numéro 13
 
 

 



 
 
    
AU RÉDACTEUR.

Lyon, le 17 janvier 1832.

Monsieur,

Votre plus vif désir étant, dans la rédaction de votre utile journal, d'être impartial et véridique, je dois vous faire remarquer un inconvénient grave qui ferait que vous ne seriez à votre insu ni l'un ni l'autre.

C’est que, lorsque pour critiquer un fabricant vous ne vous servez que de la première lettre de son nom seulement, vos traits satiriques ou blessent à la fois tous ceux dont les noms commencent de même, ou épargnent à tort le fautif pour frapper injustement celui qui ne l'est pas.

Par exemple, dans votre numéro de dimanche dernier, l’on ne sait, je ne sais si vous voulez attribuer à moi ce que vous dites de M. G...

Si telle a été votre intention, je viens vous prévenir que vous êtes dans l'erreur la plus complète, et vous attester que rien, absolument rien de ce que vous faites dire à M. G... n'est jamais sorti de ma bouche et n'a germé dans ma pensée.

Lorsque je donne de l'ouvrage à ceux qui veulent bien travailler pour mon magasin, je ne me suis jamais informé de leurs opinions politiques ou autres, je ne leur ai jamais défendu de lire votre journal ; car je le lis moi-même assiduement ; je n'ai jamais demandé amicalement d'eux qu'une fabrication convenant à mon acheteur et des comptes fidèles.

Ce que tous les maîtres dont j'ai l'avantage d'être connus, peuvent vous attester sans mentir.

Ainsi donc, monsieur, veuillez me justifier dans votre prochain numéro. Je compte d'autant plus sur cette obligeance que je tiens plus à bonne renommée qu'à ceinture [4.2]dorée ; que je veux vivre d'accord avec tous les ouvriers. Ma foi étant que l'ouvrier et le fabricant doivent être unis comme les cinq doigts de la main et que cette union ne peut avoir lieu qu'à l'amiable et sans le concours des baïonnettes1.

J'ai l'honneur de vous saluer.

F. Galle2.

Note du Rédacteur. - Nous pouvons affirmer à M. F. Galle que ce n'est pas de lui que nous avons voulu parler dans notre dernier Numéro. Nous serions fâchés de mettre en doute les bons sentimens dont il est animé, et, faisant droit à sa demande, nous lui promettons que dorénavant, pour éviter toute équivoque, nous signalerons ceux qui auront méfait de manière à ne point s'y méprendre.

Notes (AU RÉDACTEUR.)
1 L’idée domine encore d’une solidarité naturelle de tous les industriels, solidarité seulement méconnue par quelques négociants égoïstes et retardataires. Très rapidement L’Echo de la Fabrique organise la mise à l’index des négociants fraudeurs et peu scrupuleux. Différentes rubriques du journal seront mobilisées : celle sur les séances des prud’hommes, les lettres au rédacteur, mais aussi, les coups de navette qui servent à alpaguer ces mauvais négociants. Cette pratique culminera avec l’ouverture, en février 1833 d’une rubrique intitulée, « Catalogue des maisons de commerce qui sont en contradiction avec les décisions du conseil des prud’hommes » (L’Echo de la Fabrique, 10 février 1833), rubrique qui conduira presque immédiatement Berger, le gérant de L’Echo, devant le Tribunal de police correctionnelle.
2 Il s’agit probablement de François Galle, marchand fabricant établit 25, rue des Capucins. Présent dans la liste des électeurs du Rhône en 1829 il disposait donc d'une certaine fortune.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique