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6 novembre 1833 - Numéro 2
 
 

 



 
 
    
sur le banquet industriel

De l’Echo de la Fabrique,

qui devait avoir lieu le novembre.

Si l’Echo de la Fabrique et, à son instigation, la Glaneuse n’avaient pas eu recours à la calomnie pour expliquer les causes de la retraite de M. Chastaing des fonctions gratuites qu’il a honorablement remplies pendant long-temps, et cela, dans un misérable intérêt de partii, que même, avec un peu d’adresse et, pour mieux dire, de bonne foi, on aurait pu mettre à couvert ; nous ne nous inquièterions nullement d’indiquer ces causes. Nous y sommes véritablement forcés par l’intempérance de langage de ceux qui se sont posés nos adversaires, en haine d’un homme qui doit se trouver fier d’inspirer autant de jalousie à ses rivaux politiques. Nous n’aurons pas de grande discussion à soutenir, à moins qu’on ne veuille nier l’évidence : les faits viennent à l’appui de ce qui a été avancé dans notre prospectus ; ils viendront chaque jour d’avantage, et qu’on ne croye pas que nous nous en réjouissons, loin de là. Notre intention était bien arrêtée de ne pas nous occuper de l’Echo de la Fabrique, et, satisfaits d’avoir montré au public les véritables motifs de la création de l’Echo des Travailleurs, nous aurions eu garde d’engager une polémique insignifiante et fastidieuse ; mais puisqu’on nous a forcés de nous y livrer, nous ne pouvons moins faire que de signaler la non réussite du banquet industriel proposé pour le second anniversaire de la fondation de l’Echo de la Fabrique. L’année passée, à pareil jour, trois cents convives se réunirent dans un esprit d’harmonie et de progrès. Cette fête eut du retentissement, il fallut la défendre contre les attaques d’un journal ministériel de Paris ; elle fut signalée comme le programme d’une ère nouvelle, et l’on avait raison, car elle était la première qui avait lieu sous les auspices du journalisme et de l’industrie réunis. M. Chastaing l’avait ainsi conçue, et personne n’eut de la répugnance à s’associer à lui ; il reçut une lettre amicale de M. Granier pour s’excuser de ne pouvoir y assister ; M. Alexandre Bret y représenta le Précurseur, et dans son toast au courage civil, M. Chastaing fut universellement applaudi. Prévoyant sans doute l’avenir, M. Bouvery en porta un à la concorde. Vaines paroles !… il n’y avait à cette époque cependant guère plus de 40 actionnaires. Aujourd’hui leur nombre approche de 100, et 60 billets seulement étaient acceptés mardi dernier : aussi, la commission exécutive, qui avait déclaré que ce banquet n’aurait pas lieu si l’on était moins de 200, a-t-elle décidé la suppression de cette fête industrielle. Voila la vérité… voila ces circonstances imprévues qui ont empêché le banquet ; c’est un pas fait en arrière et cela nous afflige. Triste résultat des discordes… nous le déplorons amèrement, et nous l’aurions passé sous silence si l’on n’avait pas été injuste envers un des nôtres.

Sigaud.

 

 

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