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22 janvier 1832 - Numéro 13
 
 

 



 
 
    
AU MÊME.

Monsieur,

J'ai souscrit à votre bureau en faveur des victimes des déplorables journées de novembre, et je suis étonné de ne point voir figurer sur vos listes les noms honorables de beaucoup de fabricans qui, le 23 novembre, promettaient de venir à leur secours. A Dieu ne plaise, Monsieur, que je veuille les accuser de manquer à leurs promesses, soit par haine ou par mépris ! Les hommes de qui je parle sont incapables de mauvais sentimens et sont connus par des précédens qui, certes, ne s'oublieront pas facilement.

Je leur ai parlé en faveur des malheureux blessés de ces journées que nous déplorons tous, et j'ai reconnu que leurs sentimens étaient les mêmes ; seulement j'ai cru voir qu'ils n'étaient retenus que par ce que nous appelons la faussse honte, préjugé qui se glisse dans l'ame de l'homme généreux comme dans celle du méchant. Ainsi, il me semble que, si vous en appeliez à leur bonne volonté, votre voix ne serait point méconnue ; et je crois que tous s'empresseraient à venir déposer leurs offrandes, afin de secourir des malheureux dont on ne doit point s'enquérir s'ils ont eu raison ou tort.

Je suis, etc.

Un Fabricant.

Note du Rédacteur. - Nous publions avec plaisir cette lettre, parce qu'elle nous fournit l'occasion d’en appeler à l'humanité d'une classe d'hommes qui, par leur fortune, peuvent venir au secours des malheureux ouvriers : nous le faisons avec d'autant plus de plaisir, que notre appel ne s'adresse qu'à de bons Français, à de vrais patriotes. Nous croyons qu'il n'y a point de honte à nous apporter une offrande faite à la misère, et une bonne action n'est jamais un méfait.

Nous recevrons donc avec reconnaissance l'offrande la plus modique, nous réservant toutefois de faire connaître aux souscripteurs de quelle manière les sommes sont distribuées.

 

 

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