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20 novembre 1833 - Numéro 6
 
 

 



 
 
    

AU GÉRANT.

Lyon, le 19 novembre 1833.

Monsieur,

Votre journal ne s?enquiert pas si l?on est Mutuelliste ou non, il ne voit dans un ouvrier qu?un citoyen auquel il faut rendre justice lorsqu?il est victime d?une vexation quelconque ; c?est pourquoi je m?adresse à vous.

Le 11 novembre courant, sur les onze heures du matin, j?ai vu entrer chez moi MM. Riboud, président du conseil des prud?hommes, et Bourdon, prud?homme, chef d?atelier, lesquels ont, de leur autorité privée, ordonné que les sieurs Corsain, Bottier et Chatanay, trois de mes élèves, ne feraient plus, à l?avenir, savoir : Corsain et Chatanay, qu?une aune et demie de tâche, au lieu d?une aune trois quarts sur un lustré 4/4, et Bottier, une aune trois quarts, au lieu de deux aunes sur un lustré 7/8. Je pense que je m?étais conformé aux usages de la fabrique, en fixant ainsi la tâche de mes élèves. D?où vient qu?on change cet usage ? et en supposant que le conseil en ait le droit, peut-il donner à sa décision un effet rétroactif ? Je demanderai encore de quel droit MM. les prud?hommes se transportent, sans aucune ordonnance ni jugement, dans l?atelier d?un fabricant, pour y prêcher l?insubordination des élèves ; car tel a été le résultat de la démarche de MM. Riboud et Bourdon. Les maîtres-gardes sont-ils rétablis ? [3.1]Je sais bien que votre collègue, M. Bernard, les demande, mais je ne pensais pas que le conseil des prud?hommes déférerait sitôt à sa volonté. Rien de tel, il est vrai, que d?être amis. Les maîtres-gardes ont été supprimés aux applaudissemens de la fabrique ; les rétablir sous un autre nom, serait rétrograder de quarante ans. Je proteste donc, et j?invite mes confrères à protester avec moi contre cette tendance de MM. les prud?hommes, qui ne sont que nos mandataires, de se croire nos supérieurs, et de s?arroger des droits qu?ils ne peuvent avoir que par une décision du conseil tout entier, et lorsqu?ils ont été saisis par la plainte d?une partie. J?appelle, Monsieur, toute votre attention sur ce fait, et vous prie de le signaler par l?insertion de la présente.

J?ai l?honneur, etc.

dailly, fabricant,
Rue Bouteille, N. 15, au 4e.

 

 

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