Retour à l'accueil
27 novembre 1833 - Numéro 8
 
 

 



 
 
    
maison centrale de commerce

ENTRE LES CHEFS D?ATELIER ET OUVRIERS,

pour la fabrication et la vente des étoffes de soie.

Arrêté de la Commission provisoire.

Nous soussignés, membres de la commission provisoire nommée le 21 juillet 1833 par les sociétaires de la Maison centrale, déclarons à nos concitoyens, que les Statuts de ladite société, dont la rédaction nous a été confiée, sont terminés, et ont été soumis au barreau lyonnais, qui nous a déclaré que les présens statuts étaient conformes aux lois constitutionnelles et au Code de commerce. Vu cette déclaration, nous avons voté à l?unanimité l?impression de dix mille exemplaires pour être distribués à toutes les personnes qu?ils pourraient intéresser.

Fait à la Croix-Rousse, ce 13 novembre 1833.

Signé : C. Naudot, Bonnard, Colombin, Gautier, Armand aîné, J. Garçon, Verdun, Lardet, Marion.

Suit cette adresse

A NOS CONCITOYENS.

Lorsque l?on considère les grands changemens que notre siècle a opérés dans une infinité de choses, on est amené à se demander si notre classe industrielle ne pourrait pas entrer en lice pour marcher à l?émancipation du mouvement progressif.

Sommes-nous donc si fortement enchaînés dans notre état de misère et de souffrance, que nous ne puissions faire quelques efforts pour en sortir, ou apporter [2.1]tout au moins quelques améliorations à notre sort ? Non, ce siècle de lumières ne doit pas s?écouler sans nous avoir fait aussi sentir sa bienfaisante influence. La postérité ne nous accusera pas d?avoir, par des sentimens d?égoïsme ou de lâcheté, refusé de travailler à la réforme des vices de notre organisation sociale, en augmentant le bien-être des ouvriers.

C?est en nous unissant que nous y parviendrons, c?est en formant une Maison centrale de commerce que nous pourrons lutter avec avantage contre ces négocians inhumains qui se sont enrichis jusqu?à présent aux dépens de nos sueurs et de nos privations. Cet établissement, auquel rien ne peut s?opposer, fera disparaître de notre cité le tableau déchirant qu?elle présente, toutes les fois que le commerce fléchit, faute de demandes étrangères. Dans ces momens de crise, des centaines de fabricans ne manquent jamais de spéculer sur la misère publique, en baissant le prix d?un travail qui est déja trop limité pour suffire aux premiers besoins des familles.

Le moyen que nous proposons fera également cesser tous les abus dont nous avons été tant de fois les victimes, devant les divers conseils qui se sont succédés dans notre ville, et qui ont amené de si graves événemens ; il empêchera le retour de ces collisions déplorables qui laissent dans l?un et l?autre camp des haines si difficiles à éteindre. Rallions-nous donc, et mettons-nous à l??uvre sans crainte, car nous avons tout ce qu?il faut pour réussir : nous comptons parmi nous assez d?hommes éclairés capables de nous diriger, et l?argent ne nous manquera pas ; nos milliers de bourses réunies formeront un capital aussi considérable que celui des premières fabriques de Lyon.

Pour ne pas morceler les statuts, nous les renvoyons au prochain numéro, où ils seront insérés en entier.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique