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27 novembre 1833 - Numéro 8
 
 

 



 
 
    

Affaire Arguillère et Mourron,

Contre MM. Derobert et Bernard, gérant de
L’Echo de la Fabrique.

L’Echo de la Fabrique contient dans son dernier numéro (24 novembre, N° 47) une lettre signée Derobert, fabricant, dans laquelle la maison Arguillère et Mourron est signalée comme volant les ouvriers en se servant de balances qui donneraient un déficit de 25 grammes par pesée. L’énormité de ce déficit aurait dû en faire suspecter la sincérité, et le gérant de l’Echo de la Fabrique, tisseur lui-même, aurait dû rectifier l’erreur dans laquelle tombait Derobert. L’indépendance ne consiste pas à accueillir toute plainte sans examen. M. Bernard a eu, au contraire, l’incroyable idée d’annoter cette lettre et d’enchérir sur M. Derobert. Nous ne doutons nullement, dit-il, de la vérité du fait ; c’était cependant son devoir de douter avant de lancer une accusation aussi grave ; c’était même son devoir de s’enquérir. M. Bernard demandait un exemple ; cet exemple vient de lui être donné, mais dans un sens différent : MM. Arguillère et Mourron, avant de dresser une plainte en diffamation contre le gérant de l’Echo de la Fabrique ont voulu rendre évidente la calomnie dont ils étaient victimes. Ils ont fait appeler à l’audience de lundi dernier du conseil des prud’hommes, le sieur Derobert, afin qu’une enquête eût lieu sur les faits dont il se plaignait ; ils ont demandé que MM. Bernard et Falconnet assistassent à cette enquête. Le conseil a délégué à cet effet quatre de ses membres, MM. Goujon, Martinon, Bourdon et Joly. Ces fonctionnaires se sont rendus, hier matin, avec MM. Derobert, Bernard et Falconnet, au domicile de MM. Arguillère et Mourron. Il a été prouvé que le déficit de 25 grammes par pesée ne pouvait exister, puisqu’une quatrième pesée de deux roquets de jointe au poids de 30 grammes, qui avait été faite aux mêmes balances, ne donnait lieu à aucune réclamation. Le sieur Derobert est enfin convenu avoir pesé ensemble la pièce et les deux roquets, et dès-lors l’erreur par lui commise a été clairement démontrée. Derobert a signé la rétractation suivante, en présence de toutes les parties. Nous ignorons si la maison Arguillère et Mourron jugera l’insertion [2.2]de cette rétractation, dans l’Echo de la Fabrique, suffisante. Il ne nous appartient pas d’en dire davantage. Voici cette rétractation qu’on nous transmet :

Lyon, ce 26 novembre 1833.

« Je soussigné, reconnais et déclare, pour rendre hommage à la vérité, que toutes les allégations contenues dans la lettre que j’ai adressée à l’Echo de la Fabrique de dimanche dernier, sont fausses et nullement fondées ; je déclare, qu’après la vérification qui a été faite à la requête de MM. Arguillière et Mourron, par une commission composée de quatre membres du conseil des prud’hommes, et en présence de MM. Falconnet et Bernard, gérant de l’Echo de la Fabrique, il a été unanimement reconnu par ces Messieurs et par moi-même, que j’avais fait erreur, et que tous mes comptes avaient été réglés avec justice et bonne foi. En conséquence, je rétracte publiquement la lettre dont ces Messieurs ont à se plaindre, dans tout son contenu.

Signé, DEROBERT.

La présente déclaration faite en présence des témoins ci-dessous signés :

E.-Ant. Goujon, prud’homme ; Martinon, prud’homme ; Bourdon, prud’homme ; Joly, prud’homme ; Falconnet, ancien prud’homme ; Bernard, gérant de l’Echo de la Fabrique.

 

 

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