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30 novembre 1833 - Numéro 9
 
 

 



 
 
    
Nécrologie.

J.-P.-A. Peiffer, né à Lyon le ……. 1803, aide-chirurgien-major de l’Hôtel-Dieu, est décédé dans cette ville le 21 novembre courant. Huit à neuf cents personnes ont accompagné dans le plus profond recueillement sa dépouille mortelle qui a été déposée au cimetière de la Magdeleine. M. Bonnet1, son collègue et son compétiteur, a le premier, par un discours plein d’érudition et d’une éloquence remarquable, payé le juste tribut [3.2]d’éloge et de regret dû aux talens de son collègue. M. Alexandre, qui avait aussi honorablement concouru avec M. Peiffer en 1830, a retracé les belles qualités de cette ame aimante, qui ne respirait qu’un avenir meilleur pour l’humanité. M. Charassin a ensuite, dans une énergique improvisation, dépeint les diverses circonstances de la vie de son ami, et toutes les jalousies contre lesquelles il a eu à lutter, et qui, en accélérant sa fin prématurée, devaient laisser des regrets dans le cœur de ceux qui en furent les auteurs. M. Mouillon, enfin, a terminé cette scène de douleur en jetant, au nom de la société maçonnique dont le défunt était membre, quelques fleurs sur sa tombe ; il a déploré le sort fatal qui enlevait sitôt à l’amour de ses frères des talens et des vertus si justement estimés. Tous les discours, écoutés dans le plus profond silence et avec un saint recueillement, ont pénétré tous les assistans d’une vive émotion ; mais un spectacle plus beau avait lieu sans être aperçu du plus grand nombre : des malades, abandonnés de la médecine, et que la science et les soins de cet apôtre de l’humanité avaient rendus à la santé, accompagnaient aussi les restes de leur bienfaiteur ; ils versaient des larmes : les larmes de la reconnaissance sont le plus bel éloge que les vivans puissent faire des morts. Il fallait les entendre raconter, avec l’accent de la douleur la plus énergique, comment cet homme de bien, ayant su leur état de maladie, s’était de lui-même offert à les traiter gratuitement ; avait ranimé, par la simplicité de ses manières et ses paroles consolantes, leur courage abattu par l’abandon et la misère dans laquelle ils étaient plongés, et ne les avait plus quittés qu’il ne les eût rendus à la santé. « Il n’est plus, disaient-ils, et sans lui nous n’existerions pas !… » De pareils faits peignent bien plus que tous les discours, la perte que la science et l’humanité viennent d’éprouver. La patrie aussi perd en lui un citoyen dévoué, et la liberté un disciple fervent.
F........

Notes (Nécrologie.)
1 Amédée Bonnet (1809-1858) chirurgien à l’hôtel-Dieu de Lyon.

 

 

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