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29 janvier 1832 - Numéro 14
 
 

 



 
 
    
AU RÉDACTEUR

Lyon, le 26 janvier 1832.

Monsieur,

Deux dames, accompagnées d'un vicaire et faisant la quête annuelle pour les pauvres de la paroisse, se sont présentées chez moi ces jours derniers ; j'étais absent, et déjà j'avais préparé mon offrande pour leur retour, lorsque j'ai réfléchi que les paroissiens les plus nombreux et d'une misère plus urgente à secourir étaient, pour un fabricant, les ouvriers privés de travail et chargés de famille : et mon cœur m'a dit que je ferais une œuvre tout aussi méritoire et mieux entendue, en donnant du pain à quelques-uns de ceux qui n'ont pas l'habitude de tendre la main pour en avoir, qu'en participant à une aumône méthodique pour une foule de gens, dont une grande partie n'a pour tout mérite que de se rouler à [4.1]toute heure du jour sous les pas de MM. les curés dont ils surprennent la pitié.

Je vous prie donc. Monsieur le Rédacteur, de m'envoyer l'adresse de trois ouvriers sexagénaires, ou chargés de famille, à qui je délivrerai des bons de pain pendant la saison rigoureuse.

Agréez l'assurance de ma considération.

Un Fabricant.

Note du Rédacteur. - Nous avons envoyé à notre honorable correspondant trois mères de famille, dont les maris ont été victimes des événemens de novembre, et elles ont reçu de suite des secours. Nous taisons le nom de ce négociant éminemment connu ; nous nous abstenons aussi de tout éloge ; de pareils faits n'ont pas besoin de commentaires. Seulement, nous le remercions de nous fournir l'occasion d'épancher nos cœurs en rendant justice à qui sait si bien la mériter. Dieu veuille qu'il ait de nombreux imitateurs.

L'initiative prise par notre honorable correspondant a déjà porté son fruit ; une autre maison de commerce a fait mettre à notre disposition 200 livres de pain.

 

 

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