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1 janvier 1834 - Numéro 18
 
 

 



 
 
    

De l’Election des Prud’hommes

Des sections de dorure, rubanerie, guimperie, passementerie, bonneterie et chapellerie.

C’est dans cette semaine que doivent avoir lieu les nominations de trois prud’hommes, dont deux ont donné leur démission, représentant les fabriques de dorure, rubanerie, guimperie, passementerie, bonneterie et chapelleriei. Autant celles des prud’hommes de la fabrique de soieries ont quelque chose de solennel et de démocratique, autant celles-ci sont faites incognito et dans un complet oubli des droits des travailleurs. Quelle étrange anomalie… Ne dirait-on pas que le gouvernement a voulu donner une prime à l’insurrection heureuse, et qu’il n’attend qu’une démonstration armée des autres professions pour leur accorder les mêmes droits que la fabrique de soieries a obtenus ? En effet, nous ne voyons pas pourquoi un même mode de nomination n’existe pas pour toutes les classes de fabrique ; pourquoi les noms des électeurs de toutes les sections ne sont pas également affichés. Nous l’avons dit ailleurs ; il en résulte un grave inconvénient. Les prud’hommes ne siégeant pas tous au même titre, n’obtiennent pas du public la même autorité ; de leurs collègues, la même considération. Il y a plus, il en est résulté une espèce d’hostilité permanente qui a neutralisé les bonnes intentions que les prud’hommes fabricans de soieries avaient, nous n’en doutons pas, apporté au commencement de leurs fonctions. Nos réflexions étant pour le moment inutiles, nous nous bornons à ces quelques mots, et nous terminerons en disant :

L’organisation du conseil des prud’hommes demande donc une réforme complète ; d’abord dans les membres, et ensuite dans le mode d’élection. Toutes les professions doivent être appelées à concourir à leur nomination, et non pas quelques-unes ; elles doivent [2.2]y concourir avec les formes légales, adoptées pour la fabrique de soieries. La classe des cordonniers, si nombreuse, n’a pas un seul représentant au conseil. Est-ce là de la justice.

Nous reviendrons sur ce sujet important ; nous n’avons voulu aujourd’hui que constater un fait déplorable : l’insuffisance du mandat donné aux prud’hommes représentant les sections autres que celle de la fabrique de soieries. Mais cette question est trop grave pour que nous n’en fassions pas l’objet d’une série d’articles. Nous appelons aussi l’investigation et les lumières de tous les travailleurs de ces classes privées de leurs droits. Notre tribune leur est ouverte ; leurs efforts doivent se joindre aux nôtres.

 

 

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