de deux prud’hommes
chefs d’atelier ( fabrique d’étoffes de soie).
Dimanche dernier, ont eu lieu les élections des prud’hommes représentant les 4me et 7me section.
111 électeurs se sont présentés à la 4me section. Sur 154 inscrits ; M. CHARNIER a été réélu à l’immense majorité de 107 suffrages. Ses collègues ont récompensé en lui sa fermeté à réclamer la libre défense et une jurisprudence fixe, etc.
135 électeurs s’étant présentés à la 7me section, M. DUFOUR a obtenu 120 voix. On nous assure que ce chef d’atelier, que nous n’avons pas l’honneur de connaître, est digne du poste qu’il va occuper, que c’est un homme instruit et ferme.
Nous n’avons pas d’autres renseignemens sur ce qui s’est passé dans cette section.
A la 4me section, aussitôt que le nom de M. Charnier a été proclamé, M. Ray, chef d’atelier, a réclamé la parole au nom de ses collègues, et a demandé qu’il fût inséré au procès-verbal que, par un accord unanime, M. Charnier s’abstiendrait de siéger si M. Labory se présentait comme prud’homme à la séance d’installation. Cette insertion a eu lieu après que M. le président a eu consulté l’assemblée.
M. Charnier a ensuite prononcé avec force et sang-froid, [1.2]quoique interrompu à diverses reprises par M. le président, le discours suivant :
Electeurs ! collègues !
Je comprends ce que veut dire une élection presque unanime.
Je m’aperçois que j’ai représenté un principe, chaque fois que j’ai discuté en faveur de la libre défense, chaque fois aussi que j’ai étayé mon opinion sur le texte de la loi à laquelle j’ai juré fidélité.
Je continuerai la marche tracée.
Plus, je déclare qu’ayant bénévolement consenti à concourir à procurer des renseignemens sur le compte des emprunteurs de la caisse de prêts, j’en ai été évincé, parce que l’administration de cette caisse n’a pas jugé mes renseignemens suffisans. J’offre de nouveau mes services ; mais à condition que mes collègues négocians partageront ce travail, et qu’on n’exigera jamais de moi des démarches capables de compromettre l’honneur des fonctions dont vous m’avez revêtu.
Ce discours a été couvert d’applaudissemens.
Nous ne saurions trop applaudir à la conduite de M. Charnier. Il a compris sa mission, il s’est montré citoyen et magistrat populaire. Sa réélection lui impose de grands devoirs : il saura sans doute les remplir.
Puisse maintenant le conseil des prud’hommes répondre aux vœux de ses commettans, et nous-mêmes puissions-nous enfin n’avoir que des éloges à lui donner, et à chacun de ses membres en particulier ! Puisse, et c’est là notre vœu le plus cher, puisse la concorde renaître entre les ouvriers ! L’Echo des Travailleurs, n’étant plus arrêté par les obstacles qui encombrent sa marche, s’avancera déployant son drapeau d’émancipation qui fait pâlir déjà d’un effroi mortel les ennemis du peuple.