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15 janvier 1834 - Numéro 22
 
 

 



 
 
    

Au Rédacteur ;

Prison de Roanne, le 7 janvier 1834.

Monsieur,

Voila vingt-trois jours que 1?instruction de mon affaire est terminée. La chambre du conseil a décidé que je serais mis en liberté sous caution ; je vous ai dit comment le parquet, en élevant à 2,000 fr. la quotité de mon cautionnement, m?avait rendu cette faculté illusoire. Je n?ai plus pour sortir de prison qu?une seule espérance, celle d?être jugé. C?est une justice, je la réclame ; mais le parquet est sourd. J?ai quatre enfans qui ne vivent que du fruit de mon travail ; le travail m?est impossible en prison, et cependant mes enfans demandent du pain ; mais je vous le répète, le parquet est sourd.

Vous croyez peut-être qu?on me laisse tranquillement dans l?oubli attendre le jour du jugement ; erreur, monsieur. On connaît bien la fausseté des faits qui me sont reprochés ; mais qu?importe ma réputation, il faut qu?on la flétrisse ; et pour cela, confondant mon affaire avec celle du greffier Renard, affaire à laquelle je suis totalement étranger, on assigne les témoins pour déposer contre Renard et Tiphaine accusés d?escroquerie.

Il y a plus : des citoyens à qui j?ai pu gratuitement rendre service en les faisant relever des condamnations prononcées contre eux par le tribunal de simple police, sont également assignés pour déposer contre moi, coupable d?escroquerie.

Toujours ce mot de flétrissure et d?outrage qui sort si léger de la bouche des gens du roi, pour tomber si cruel sur un pauvre accusé.

Je dois, M. le rédacteur, à ma position pénible, de livrer ces faits à la publicité : peut-être contribueront-ils à me faire rendre plutôt justice.

Recevez mes salutations fraternelles.

TIPHAINE.

 

 

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