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18 janvier 1834 - Numéro 23
 
 

 



 
 
    

Les Dragons et les Ferrandiniers.

[2.1]Dimanche dernier une scène scandaleuse et que nous devons porter à la connaissance de l?autorité et de nos concitoyens, a eu lieu à la Croix-Rousse chez la mère des compagnons ferrandiniers. Deux dragons, qui n?étaient nullement ivres, à ce qu?on assure, s?y sont présentés, et ayant trouvé quelques ferrandiniers qui jouaient aux cartes dans la salle du bas, ils les ont molestés en se prétendant envoyés par un commissaire de police, et demandant insolemment s?il n?y avait pas un tas de compagnons canuts assemblés. Les ferrandiniers leur répondirent qu?il y en avait beaucoup, mais non pas un tas, et que le mot de canut avait été remplacé par celui de ferrandinier. Une querelle s?est engagée, les dragons ont tiré leurs lattes, et de fâcheux accidens, des meurtres ! peut-être auraient eu lieu, si les autres compagnons qui étaient à un étage, supérieur n?étaient descendus et n?eussent imposé, par leur nombre, à l?audace de ces deux perturbateurs. Après les avoir désarmés, les ferrandiniers ont été chercher le commissaire de police de la Croix-Rousse qui a verbalisé et a fait conduire les deux militaires au poste, d?où ils ont été menés à Lyon. Nous ignorons ce qu?ils sont devenus, et le but de cette note est de le savoir, parce que justice doit être faite. Quelle était la mission secrète de ces deux dragons non ivres ? Qui les avait instruits de l?existence et de la demeure de la mère des compagnons ferrandiniers ? Nous sommes loin d?accuser qui que ce soit, mais si nous n?émettons aucune réflexion, c?est à condition que l?autorité, qui doit avoir intérêt à ce que la bonne harmonie subsiste entre les soldats et les citoyens, nous donnera des explications que nous nous empresserons d?accueillir et de transmettre.

(Communiqué).

 

 

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