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18 janvier 1834 - Numéro 23
 
 

 



 
 
    

Nous recevons communication de la lettre suivante.

M. Luard, docteur en médecine, Honfleur, le 21 septembre 1829, à M. Williams, ancien oculiste du feu roi Louis XVIII et de Charles X, oculiste honoraire de LL. MM. Louis-Philippe 1erLouis-Philippe Ier, roi des Français, et Léopold 1er, roi des Belges ;

Actuellement à Lyon, hôtel des Colonies, rue Neuve de la Préfecture, n° 8.

Monsieur, je me fais un devoir de rendre hommage aux excelles remèdes inventés par les hommes qui se livrent à l’exercice d’une des branches de l’art de guérir, et je ne puis sous ce rapport, monsieur, vous le refuser, ayant éprouvé un succès complet de vos topiques dans diverses maladies des yeux, et particulièrement chez une femme qui fut frappée devant moi de goutte sereine à l’œil droit, sans avoir, éprouvé antérieurement à cet accident aucune indisposition qui pût faire soupçonner cet affreux événement. Ayant examiné attentivement les deux yeux, la dilatation de la pupille, et son peu de contractibilité, il me fut aisé de prédire que sous vingt-quatre heures, peut-être elle serait privée de la lumière. En effet, ma prédiction ne fut que trop vraie, et cette personne fut plongée dans l’obscurité la plus complète ; on employa les vomitifs, les vésicatoires, sétons, sans aucun succès, et après cinq à six semaines de cet état affreux, je conseillai l’usage de vos remèdes, dont je m’étais servi avec quelque avantage dans des circonstances moins graves. Aussitôt arrivés, on s’empressa d’en faire usage, et, au bout d’un mois environ, la vue se rétablit peu à peu, et dans la suite elle devint aussi bonne qu’elle eut jamais été.

Voila, monsieur, l’exacte vérité que je me plais à vous transmettre par écrit. Je dois aussi vous féliciter pour les heureux résultats que vous avez obtenus sur plusieurs personnes d’Honfleur qui sont allées vous voir au Hâvre, pendant votre dernier séjour en cette ville, soit entièrement aveugles, soit privées d’un œil, et ont par vos soins recouvré la vue, et continuent d’être dans un état très satisfaisant. J’ai également à vous remercier du traité sur les maladies des yeux et des oreilles, que vous avez eu l’obligeance de m’adresser ; et si j’ai tant tardé à vous en exprimer ma reconnaissance, c’est que j’espérais toujours passer au Hâvre avec mon épouse, dont je me proposais de vous prier d’examiner les yeux qui sont souvent affectés de petits dépôts qui forment dans le bord des paupières, ce qui les affaiblit au point, qu’elle ne peut plus s’occuper de son aiguille, travail qui charmait ses ennuis et faisait le bonheur de sa vie. Mais le mauvais temps sera cause que nous serons privés de l’avantage de vous voir. Recevez, je vous prie, l’assurance de la considération distinguée avec laquelle j’ai l’honneur d’être, monsieur, voire très obéissant serviteur.

luard, d. m.

Honfleur, le 21 septembre 1829.

 

 

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