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1 février 1834 - Numéro 27
 
 

 



 
 
    
Bibliothèque Populaire i.

(Suite. Voy. N° 20).

L’agriculture est la nourrice du genre humain ; ses principes ont été recueillis, en 1 v., par M. Devaux1, sous le titre de Précis d’Agriculture. Il n’est plus permis à personne de s’occuper par routine d’un art quelconque ; il n’est plus permis non plus d’ignorer les lois naturelles [3.2]des phénomènes célestes et de la végétation. M. A. a décrit les premiers dont l’ensemble forme ce qu’on appelle Météorologie2, en 1 vol. ; et MM. Douy et Brisseau de Mirbel les seconds, sous le titre de Physique végétale3, aussi en 1 vol. M. Douy a encore écrit un traité du Jardinier Maraîcher , 1 vol.

L’histoire naturelle se lie à l’agriculture ; elle doit être l’étude favorite de l’agriculteur. MM. J. Cuvier, et D. Dumezille4 ont donné, en 2 vol., l’Ornithologie ou Histoire naturelle des oiseaux, et, en 2 v. aussi, celle des Mammifères. M. Bory St-Vincent5 a décrit à la manière de Buffon, dans un traité plein de charme et de science, L’instinct et les mœurs des animaux. Il a resserré, en 1 v.,  cette matière aussi intéressante pour le naturaliste que  pour le philosophe.

Que seraient les sciences et les arts sans la santé ; elle est, on avouera, la chose nécessaire par excellence. Conserver la santé, est l’objet de l’hygiène ; la rétablir, est celui de la médecine. M. A. Brière de Boismont6 a publié, en 1 volume chaque, un traité d’Hygiène et un traité de Médecine domestique.

Il est une autre hygiène, une autre médecine que celles qui s’occupent du corps : si la santé du corps est la chose nécessaire par excellence, comme nous l’avons dit, la santé de l’esprit vient immédiatement après. La morale est à l’ame ce que la médecine est au corps. Les auteurs de la Bibliothèque populaire ont eu garde de l’oublier. M. Ad. Lecomte7 a abrégé Dumarsais et Condillac : il a débarrassé l’art de raisonner des formes pédantesques du syllogisme ; écrivant pour le peuple, il s’est mis à la portée de tous. La Logique Populaire de cet auteur contient, en 1 vol., tout ce qu’il est nécessaire de savoir de la dialectique. Ce livre mérite d’être apprécié, c’est un service rendu au peuple ; car un faux raisonnement est quelquefois l’équivalent d’une mauvaise action. Nous avons commencé par la logique, parce que nous la regardons, dans un siècle de vérité, comme le Portique de la morale ! Cette dernière doit s’appuyer sur elle pour être universellement comprise. Elle doit être évidente et logique, autrement elle ne serait pas la morale ; car la morale et la vérité sont une.

En général, rien n’est si ennuyeux qu’un livre de morale ; aussi est-on convenu de dire qu’elle devait s’inspirer plutôt que se prêcher. MM. Ferdinand Denis8 et Senancourt9 l’ont senti ; et tous deux, dans un cadre ingénieux, ont résumé les plus hautes leçons de la sagesse, qu’il soit permis aux hommes de connaître. Tous deux ont mérité une belle récompense : la médaille d’or du prix Monthyon. Le premier a mis en action cette pensée profonde, que les proverbes étaient la sagesse des nations ; et, des rives du Gange au sein des capitales de l’Europe, il a fait voyager un jeune Brahme désireux de s’instruire et chargé de rapporter dans sa patrie la sagesse populaire. M. de Senancourt, connu par de vastes et magnifiques travaux littéraires et scientifiquesii, a écrit un Vocabulaire de simple vérité . Ces deux ouvrages n’ont qu’un volume chacun. Ne nous en étonnons pas : l’Evangile n’a que quelques pagesiii.

La littérature est l’auxiliaire de la morale, suivant la belle pensée de Bacon : Un peu de science nous éloigne de la religion, beaucoup nous y ramène10. Ne pouvant faire entrer dans un cadre nécessairement restreint à raison même de l’universalité des connaissances qui doivent y trouver place, les rédacteurs de cette ENCYCLOPÉDIE se sont bornés à faire des extraits des Poètes français vivans et des Prosateurs français vivans11 : 2 vol. de poésie et 1 v. de prose, extraits de nos meilleurs écrivains contemporains, entretiendront ou feront naître le goût de la lecture. Les Merveilles de la Nature (partie géographique par V. Parisot12), en 1 v., et un traité de Topographie, en 1 v., satisferont cette passion morale qu’on ne saurait trop encourager.

On a appelé mathématiques, c’est-à-dire sciences par excellence, les applications diverses du calcul. Il est [4.1]utile que tous les hommes, dans quelle profession qu’ils se trouvent, aient une connaissance élémentaire des mathématiques, c’est une vérité qui est aujourd’hui universellement reconnue. M. Adhemard13 a publié, en 2 v., un traité d’Arithmétique. M. C. Chelle14, en 2 v., la Théorie des Calculs. M. Ajasson de Grand-Sagne15, en 2 vol., les Elémens de Géométrie, d’après Clairaut et M. J.-C. Cherpin des Notions Elémentaires d’Arpentage16, en 1 v. N’oublions pas un Traité élémentaire de Mécanique, aussi en 1 v. par M. A. Chevalier.

N’oublions pas non plus un Traité Elémentaire de physique d’après Gay-Lussac, en un volume par le même Aug. Chevalier17.

Enfin, nos, mœurs se démocratisant chaque jour, il importait que les citoyens connussent leurs droits et devoirs politiques. M. Savagner père18, ancien magistrat, a écrit, en 2 vol., les Droits et Devoirs municipaux. Nous n’aurons pas besoin de faire l’éloge de cet ouvrage lorsque nous aurons dit qu’il a mérité et obtenu de l’Institut une médaille d’or du prix Monthyon.

Dans une bibliothèque populaire, on ne pouvait oublier ce qui tient à l’instruction élémentaire ; une Méthode de lecture, en 3 vol., a été publiée par M. Herpin19 ; une Grammaire française, par M. Dufey fils20, en 1 vol. ; MM. J. Chemes et Jouy21, de l’Institut, ont fait un véritable cadeau au peuple en mettant à sa portée par un prix minime un Dictionnaire français, en 6 vol., qui peuvent être facilement réunis en un seul de grosseur médiocre.

Voila la nomenclature des divers ouvrages faisant partie de la Bibliothèque Populaire qui ont paru jusqu’à ce jour. Ils forment, on le voit, 78 volumes, qui ont été divisés pour la facilité des souscripteurs en treize livraisons. Nous indiquerons successivement les ouvrages qui composeront chaque nouvelle série, à fur et mesure qu’ils paraîtront.

Notes (Bibliothèque Populaire .)
1 Auguste-Nicaise Desvaux (1784-1856) dont le Précis d’un cours d’agriculture générale, ou Institutions agricoles appropriées à toutes les intelligences, fut publié dans la Bibliothèque Populaire en 1832.
2 Probablement ici J.-B. François-Etienne Ajasson de Grandsagne (1802-1845), Traité de météorologie ou explication des phénomènes de l'atmosphère, la pluie, les vents, la foudre, publié dans la Bibliothèque populaire en 1832.
3 J. Douy publie en 1832, après révision par Charles François Brisseau de Mirbel (botaniste et homme politique français, 1776 - 1854), Physique végétale, ou Traité élémentaire de botanique, d'après MM. Brisseau de Mirbel, Achille Richard et Lamarck. Il publie également en 1833 : Le Jardinier-maraîcher, ou Traité des plantes potagères cultivées en France, d'après MM. Pirolle,... et Poiteau,...
4 C. Demézil publie en 1832 : Ornithologie, ou Histoire naturelle des oiseaux, d'après le « Règne animal » de M. le Bon Georges Cuvier.
5 Jean-Baptiste-Geneviève-Marcellin Bory de Saint-Vincent (1778-1846) naturaliste et géographe. Il publie plusieurs ouvrages dont Instinct et moeurs des animaux en 1833.
6 Alexandre Brierre de Boismont (1798-1881), médecin et aliéniste réputé. On lui doit de nombreux ouvrages sur l’aliénation et le suicide ainsi qu’un Traité d'hygiène, ou Précautions à prendre pour l'entretien de la santé et Médecine domestique, comprenant les premiers secours à administrer dans les maladies et accidents qui menacent promptement la vie, tous deux publiés en 1833.
7 Alfred Lecomte, dont la Logique populaire, publié une première fois en 1832, renouvelait les travaux classiques de César Chesneau du Marsais (1676-1756) et de Etienne Bonnot de Condillac (1715-1780).
8 Ferdinand Jean Denis (1798-1890) publie en 1832 à la Bibliothèque populaire Le Brahme voyageur, ou la Sagesse populaire de toutes les nations.
9 L’écrivain Etienne Pivert de Sénancour (1770-1846) est salué par les romantiques lors de la parution d’Oberman en 1804. Il publie un grand nombre d’ouvrages dont un Résumé de l’histoire de la Chine en 1824, un Résumé de l’histoire des traditions morales et religieuses en1825 et en 1833, Isabelle ainsi qu’un Petit vocabulaire de simple vérité.
10 Citation prêtée à Francis Bacon, philosophe et homme d’Etat anglais (1561-1626).
11 Il s’agit du Petit dictionnaire des poètes français vivans, avec l'indication de leurs ouvrages, de l'année dans laquelle ces ouvrages ont paru et des libraires chez lesquels ils se vendent de Jacques Lablée paru en 1814, et de l’ouvrage Prosateurs français vivans. Fragmens extraits des ouvrages de MM. Ampère, Ballanche, Balzac…, paru en 1833.
12 Valentin Parisot (1805- ?) qui avait notamment publié dans la Bibliothèque populaire une Géographie de l’Europe (1833) et peu auparavant, avec Edme-François Jomard une Géographie de la France.
13 Joseph Adhémar (1797-1862) publie en 1834 la deuxième édition de son Traité complet d’arithmétique.
14 Charles Chelle publie en 1833 une Théorie des calculs, ouvrage extrait de celui de Condillac, intitulé: Langue des calculs.
15 François-Étienne Ajasson de Gransagne (1802-1845) publie Élémens de géométrie d'après les élémens de Clairaut, suivis de l'usage de quelques instrumens de mathématiques... en 1833.
16 Jean-Charles Herpin publie en 1833 les Notions élémentaires d'arpentage, à l'usage des propriétaires ruraux, des instituteurs de campagne, et des élèves primaires. Il s’inspire des travaux d’Alexis Claude de Clairault (1713-1765), mathématicien français.
17 Auguste Chevalier (1809-1868) publie en 1833 un Traité élémentaire de physique, d'après M. Gay-Lussac.
18 Savagner père écrit en 1833 les Droits et devoirs municipaux des Français. L’ouvrage est réédité en 1834.
19 Jean-Charles Herpin, Abrégé de la méthode naturelle de lecture, 1833.
20 Dufey (fils) publie en 1833, réédités en 1834, ses Élémens de grammaire française.
21 Sans doute ici Jules-François Chenu, Dictionnaire français, rédigé d’après l’orthographe de l’Académie, publié à la Bibliothèque populaire en 1833 sous les auspices d’Etienne de Jouy (1764-1846).

 

 

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