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15 février 1834 - Numéro 30
 
 

 



 
 
    
vers inédits faits en 1781,

Par SYLVAIN MARÉCHAL.

Rois ! vous devez un compte au dernier des humains ;
Le sceptre est un dépôt que le peuple en vos mains
Daigne vous confier et qu’il peut vous reprendre,
Si contre son bonheur vous osez entreprendre.
Vos droits ne sont sacrés qu’autant qu’il est heureux ;
Vous tenez vos pouvoirs du peuple et non des cieux.
Si vous n’aviez pour frein que des dieux invisibles,
Vous seriez trop puissans et trop inaccessibles.
Rois, qui tyrannisez, sachez qu’il est pour vous
Un châtiment plus sûr que le divin courroux.
Vos sujets aux abois, sur vos têtes sacrées,
Peuvent oser porter leurs mains désespérées,
Ressaisir la couronne et rentrer dans leurs droits.
De son Dieu, de son chef, oui le peuple a le choix ;
Il peut le rétracter, si son choix n’est pas sage ;
Et le trône et l’autel de ses mains sont l’ouvrage.
Quand l’artiste, frappé de chefs-d’œuvre nouveaux,
Sur son marbre rebelle aperçoit des défauts,
Honteux, dans son dépit, il brise sa statue,
Et sur un autre marbre il détourne sa vue.
Rois ! vous n’êtes qu’un bloc, le peuple est le sculpteur ;
Dociles, respectez un ciseau créateur.

 

 

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