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5 février 1832 - Numéro 15
 
 

 



 
 
    
LE BAL ET L’HOTEL-DIEU.1

Oh! sans doute, nous sommes des rigoristes !... Nous ne voulons pas croire à l'assertion du Courrier de Lyon, qui dit que danser de la part de la classe aisée, c’est rendre service à la classe ouvrière. Eh bien ! oui, messieurs dansez ! dansez ! dansez encore ! que cela fait du bien au malheureux qui n'a pas du pain ! et ces rafraîchissemens qui abondaient au bal, que cela adoucissait la poitrine du malheureux épuisé par les souffrances. La musique était délicieuse... et l'ouvrier faisait entendre le râle de la mort sur son lit de douleurs... Oh ! sans doute, ces messieurs doivent avoir des imitateurs ! Mais voici un petit tableau qui pourrait leur procurer le moyen de mieux employer leur argent.

Il entre, année commune, à l’Hôtel-Dieu de Lyon, 15.000 malades, tant de Lyon que des dix-sept départemens environnans. Sur ce nombre, les ouvriers en soie de Lyon et des faubourgs, en fournissent, année commune, 3 mille, dont un peu plus de la moitié en femmes, et la mortalité est du dixième.

Ainsi, on peut calculer qu'il meurt par an 300 ouvriers en soie à l'Hôtel-Dieu, et que cette classe forme un 5me des malades.

Dans une salle de femmes, sur 1.217 entrées l'année dernière, il y a eu 502 ouvrières en soie.

Ainsi, messieurs, dansez ! dansez ! cela fait tant de bien à la classe ouvrière...

Notes (LE BAL ET L’HOTEL-DIEU.)
1 L’auteur de ce texte est Léon Favre d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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