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28 septembre 1834 - Numéro 2
 
 

 



 
 
    

St-Etienne, ce 24 septembre 1834.

A M. le Rédacteur de l’Indicateur, Journal industriel de Lyon.

Monsieur,

La voie des journaux étant le moyen le plus expéditif pour rendre publique les exactions honteuses dont la fabrique stéphanoise est victime, je viens vous prier de vouloir bien insérer dans vos colonnes de votre plus prochain N° la note suivante :

Un malaise général règne, dans nos ateliers, la plus grande partie des métiers sont arrêtés ; ce qui se fabrique, se fait pour un morceau de pain. Grand nombre de nos fabricans s’étudient à qui pourra mieux nous humilier. C’est une véritable coalition commerciale. La carrière de toutes les injustices est ouverte, et nos hommes cupides sont entrés dans la lice. Aussi, c’est chose curieuse de les voir se ruer à toute bride sur le travailleur qui se présente sous leurs pas et le pressurer comme un corps gras qui leur offre un puissant moyen de faire fortune.

L’égoïsme triomphe, c’est à qui mieux mieux. Ici, R. et P. fixent les N° 9 60 c. la douzaine, et qui, chez les maisons honnêtes, se payent 1 fr. 25 c. Là, ce sont P. B. et E. qui ont mis les n° 12 à 90 c., les n° 16 à 1 fr. 25 c., qui ailleurs se payent : les n° 12 1 fr. 50 c. la douzaine, n° 16 1 fr. 75 c. Plus loin R. et G., A. P., S. et V., etc., etc. Car nous n’en finirions pas, ce ne sont plus les associations de travailleurs qui tuent le commerce, ainsi que le disaient nos fabricans et nos administrateurs, mais bien le commerce qui se tue lui-même ; car qui fait la richesse d’un pays, si ce n’est la classe ouvrière, qui, brillante, donne la vie aux autres branches industrielles. Quel est l’homme, assez calme, pour écrire de tels faits, qui, à la vue de tant de cupidité ne serait pas transporté d’indignation.

Agréez, etc.

Signé C. C. R.

 

 

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