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[1.1]Nous avons annoncé que le journal et le bureau d’indication ne formeront qu’une même et seule entreprise. Nous avons développé dans notre premier N°, quel sera le système d’indication que nous voulons établir : nous devons dire aujourd’hui quel sera l’esprit du journal, la spécialité qu’il devra embrasser, et le but auquel il devra tendre. Nous dirons ici, toute notre pensée, tous nos projets sans rien déguiser. Quand on ne veut que ce qui est juste, honorable, pacifique, il est inutile, il est même ridicule de faire du mysticisme, de se mettre dans l’ombre pour se livrer à des actions que tout le monde, par leurs résultats, pourra connaître et auxquelles tous les hommes généreux applaudiront. Nous faisions partie de l’association mutuelliste, ses principes seront notre loi. Le précepte qu’elle avait adopté : Fais aux autres ce que tu voudrais qu’il te fût fait ; nous avons promis solennellement d’en faire la règle immuable de notre conduite, et nous serons fidèles à cet engagement sacré. Nous entrons dans la lice sans être animés par aucune passion haineuse, nous y entrons par devoir, et avec la ferme volonté de travailler constamment à l’amélioration du sort de nos frères ; nous payerons notre tribut au bien-être général, et participerons autant que nos faibles moyens pourront nous le permettre, au mouvement du progrès social dont la marche, peut-être un instant ralentie, mais jamais interrompue. Les décrets de la divinité n’ont pas rendu l’humanité stationnaire ! Lorsque nous avons eu l’intention de fonder un journal et un bureau d’indication, nous avons voulu [1.2]satisfaire à une nécessité ; nous avons voulu suppléer au mutuellisme ; nous avons voulu que l’industrie Lyonnaise ne soit plus en silence livrée à la rapacité, et qu’elle puisse par des avertissemens salutaires, sortir de l’ornière ou une routine la force de se traîner et où l’égoïsme la tue. Il est à regretter que l’application des principes du mutuellisme n’ait pu suivre son extension. Ce que nous entreprenons aujourd’hui serait établi, des résultats seraient obtenus, et nous serions bien plus avant dans l’avenir. Si nous avons donné ce nom à notre journal : L’indicateur; c’est que nous avons voulu, par lui, reproduire le service d’indication qui existait dans l’association, ce que chaque indicateur faisait pour une centrale ; ce que les indicateurs de chaque centrale faisaient pour toutes les loges ; le journal le fera pour tous les chefs d’atelier, mieux encore, il le fera pour toutes autres classes de travailleurs ; c’est donc essentiellement un journal d’intérêts matériels et moraux que nous établissons. Il ne laissera ignorer aucun fait relatif à l’industrie. Il portera la lumière de la publicité sur toutes les turpitudes, les exactions de ceux qui l’exploitent ; signalera les abus, en démontrera les tristes résultats ; il indiquera les moyens de les combattre et de les détruire : en un mot, il fera connaître aux ouvriers les différentes causes des maux qui les accablent, et les moyens par lesquels ils pourront le mieux s’y soustraire ou les adoucir. Mais nous ne remplirions notre mission qu’imparfaitement, si nous nous bornions à n’obtenir que des [2.1]résultats matériels, ce qu’il faut tenter : c’est de rapprocher les hommes, c’est d’harmoniser les divers intérêts, d’effacer la ligne de démarcation qui existe entre les diverses classes industrielles de détruire cette défiance haineuse qui décourage la bonne foi, qui affaiblit le dévoûment des hommes, qui font du bien être général leur seule ambition ! C’est d’insinuer dans les cœurs ces doux sentimens d’amitié, de philanthropie, qui ne restent jamais froids et insensibles à la vue de l’infortune. C’est d’établir entre travailleurs une solidarité, d’affection et de bienfaisance. C’est de nous mettre en route vers l’association universelle, vers la sainte alliance des peuples. Nous le disons sans détours, c’est l’œuvre du mutuellisme que nous reprenons ; mais par d’autres moyens. Si une loi nous interdit de nous réunir entre ouvriers pour nous entendre sur nos intérêts, une autre loi nous donne la faculté de nous communiquer nos idées de discuter d’une manière réfléchie sur les meilleurs moyens à employer pour mettre fin à notre misère. Les accens de la presse indépendante sont sonores ; ils retentissent loin, tous peuvent les entendre. Nous saurions donc profiter de la presse qui nous offre ses intérêts et sa puissance par elle, les efforts de l’injustice et de l’arbitraire seront impuissans. La presse est la compagne du progrès pas plus que lui, elle ne peut être anéantie. Notre mission est noble, importante ; nous nous sentons glorieux de nous l’être imposée. Mais une pensée cependant nous fatigue lorsque nous réfléchissons sur nos moyens, nous les sentons si faibles, que nous craignons qu’ils soient insuffisans pour remplir la tâche de journalistes qui est toujours difficile. S’il ne fallait que du zèle, du désintéressement, nous serions sûrs de réussir. Mais notre entreprise qui est celle de l’humanité, de la justice, ne laissera pas indifférens quelques-uns de ceux qui, plus heureux que nous, ont pu s’instruire, et qui consacrent leurs talens à la cause populaire ; ces écrivains généreux, ces hommes philanthropes nous aiderons de leurs conseils ; ils garderont notre inexpérience, il nous rendrons forts par l’appui de leurs sympathies. C’est cette espérance qui a entraîné notre zèle jusqu’à la témérité de nous faire journalistes. A vous ! hommes généreux, qu’un ardent patriotisme. A nous ! vous tous qui vous occupez de l’amélioration des classes laborieuses, qui préparez le règne de l’humanité, votre concours nous est nécessaire, nous y comptons. Mais, nous le répétons, que seraient notre volonté, nos efforts, si le même dévoûment, si la même intention, n’animaient pas nos frères, notre voix se perdrait dans l’espace, nous serions frappés d’impuissance et il faudrait nous retirer dans notre isolement. Mais nous avons la ferme conviction que le pas que nous faisons aura ses résultats ; en regardant autour de nous, nous voyons nos frères applaudir à nos efforts, soutenus [2.2]par eux, et forts de notre droit quels que soient les obstacles que nos ennemis nous opposerons ; ils ne nous arrêteront pas, et nous marcherons pour obéir à notre conscience, à la loi de l’humanité, nous renfermant rigoureusement dans les limites de la raison et de l’équité, nous lutterons avec avantage contre l’égoïsme et l’arbitraire, sous nos pas des germes féconds de prospérité se développeront, l’harmonie se substituera au désordre et pacifiquement se préparera l’avenir des travailleurs écrit dans le code providentiel.
Il n’y a point de Mouchards.
On donne le nom de Citoyen à un homme qui habite une cité ; celui de Propriétaire à l’individu qui possède des biens, de la fortune. Un magistrat, c’est un juge ; un négociant se livre au commerce ; un ouvrier travaille à tel ou tel métier ; un artisan s’occupe d’un art mécanique quelconque. Le cultivateur est celui qui consacre son temps et son travail à la culture des choses qui procurent la substance. S’il fallait parler de tous les individus dont se compose la Société, la nomenclature serait longue. Assez souvent j’ai entendu parler de mouchards : j’ai demandé ce que c’était qu’un mouchard, on me répond : – C’est un homme qui observe la conduite de ses concitoyens, et qui les dénonce, bien qu’ils ne soient ni voleurs, ni fripons, pour les faire périr, ou au moins emprisonner par d’autres citoyens auxquels sa conduite déplaît, et l’on ajoute : Ces mouchards sont payés pour faire périr ou pour faire emprisonner leurs concitoyens. Voyez un peu jusqu’où va l’égarement de l’esprit humain ! Qui croirait que les hommes qui m’ont fait pareille réponse parlaient sérieusement ? qu’ils pensaient bonnement qu’il y avait des mouchards, et ne semblaient être fous, ni malades ! – C’est pourtant ce que j’ai remarqué ; mais je n’ai pu me dissimuler que ce langage attestait un peu d’extravagance. Voici quel a été mon raisonnement : Pour admettre qu’il y eût des mouchards ; pour croire qu’il existât des hommes capables de vendre, au plus offrant, la vie ou la liberté de leurs concitoyens, il faudrait supposer beaucoup de choses. Il faudrait être persuadé qu’il n’y a, en France, ni champs, ni vigne à cultiver ; que toutes les fabriques sont fermées, que le métier de décrotteur est prohibé ; que l’enlèvement des immondices est défendu ; qu’en un mot, toute espèce de travail et toute espèce d’occupation sont impossibles ou sont interdites. – Je vais plus loin, et je dis : Un ou plusieurs individus qui vont sur les routes, contraindre, par la menace, les voyageurs à leur faire l’aumône, sont bien moins nuisibles ou moins préjudiciable [3.1]à ceux qui les assistent, que ne seraient funestes des mouchards, (s’il y en avait) aux honnêtes gens qu’ils feraient périr ou qu’ils feraient emprisonner, et cela, sous le prétexte futile que ces honnêtes gens ne plairaient pas aux patrons des mouchards. Donner cinq francs ou dix francs, et même sa montre ; enfin, ce que l’on a, aux voleurs, sur une grande route, c’est chose fâcheuse, et la loi ne punit pas plus sévèrement qu’il ne convient, ceux qu’ils prélèvent ainsi des contributions ; mais perdre la vie ou même la liberté parce que, sans manquer à la probité, ni à l’honneur, on déplaît au patron d’un mouchard ; certes, c’est chose bien autrement fâcheuse. Et l’on voudrait faire accroire qu’il y eût des mouchards ? Et l’on voudrait persuader que dans un pays tel que la France, des citoyens fussent réduits à pareil état d’abjection ! Quelle extravagance ! Mais il est une autre raison qui va convaincre que cette frayeur ou cette appréhension, que l’on a d’un peuple mouchard, sont dépourvues de toute vraisemblance. Cette raison la voici : Supposer des mouchards, c’est admettre que les hommes qui font partie d’un pareil régiment, reçoivent une paye bien plus forte (soit dit sans comparaison, bien entendu,) que les meilleurs soldats de Napoléon ne la recevaient en campagne, indemnité de route comprise. Il faudrait donc, pour tenir, sur le pied de guerre, des soldats de cette espèce, les payer cher, et plus cher encore les chefs ; peut-être, même, leur accorder des indemnités de campagne ou des récompenses, dans la crainte qu’ils ne se décourageassent… Et qui ne se découragerait, à servir dans un pareil régiment !… Eh bien ! en considérant cela comme chose vraie, on convient que ces mouchards seraient payés. Or, par qui seraient-ils payés ? par des patrons ou par des chefs ayant des coffres-forts garnis d’écus. Voilà l’absurdité ! C’est en raisonnant que l’on démontre. Que l’on me dise, s’il est possible de supposer qu’un citoyen riche ; qu’un citoyen même, qui pourra vivre du produit de médiocres rentes : ou bien encore, si l’on veut, qu’un citoyen qui, aidé de quelques capitaux, aura la faculté de se livrer à une industrie et d’élever sa famille, consentira à s’avilir à tel point qu’il dira à un autre individu : Sois mouchard dans mon régiment et ta paye sera de cinq francs par jour ; je te les promets : chaque semaine tu seras exactement payé, sans aucune retenue pour la masse du régiment. Cela est-il non pas seulement possible ; mais supposable ? – N’est-il pas facile de comprendre que celui qui enrôlerait et qui payerait les mouchards serait pire que les mouchards eux-mêmes ? En vérité, quand j’entends parler aussi souvent et aussi sérieusement de l’armée des mouchards, je ne saurais me dispenser de dire : ou je commets une erreur, [3.2]ou il est bien fâcheux que les hospices de fous ne soit pas d’une telle dimension, que l’on puisse y recevoir et y traiter les hommes, dont l’esprit est aliéné à tel point qu’ils croient à une armée de mouchards ; à une armée qui serait plus abjecte que celle des voleurs, et qui, encore, aurait des chefs qui surpasseraient en abjection. G.
St-Etienne, ce 24 septembre 1834. A M. le Rédacteur de l’Indicateur, Journal industriel de Lyon. Monsieur, La voie des journaux étant le moyen le plus expéditif pour rendre publique les exactions honteuses dont la fabrique stéphanoise est victime, je viens vous prier de vouloir bien insérer dans vos colonnes de votre plus prochain N° la note suivante : Un malaise général règne, dans nos ateliers, la plus grande partie des métiers sont arrêtés ; ce qui se fabrique, se fait pour un morceau de pain. Grand nombre de nos fabricans s’étudient à qui pourra mieux nous humilier. C’est une véritable coalition commerciale. La carrière de toutes les injustices est ouverte, et nos hommes cupides sont entrés dans la lice. Aussi, c’est chose curieuse de les voir se ruer à toute bride sur le travailleur qui se présente sous leurs pas et le pressurer comme un corps gras qui leur offre un puissant moyen de faire fortune. L’égoïsme triomphe, c’est à qui mieux mieux. Ici, R. et P. fixent les N° 9 60 c. la douzaine, et qui, chez les maisons honnêtes, se payent 1 fr. 25 c. Là, ce sont P. B. et E. qui ont mis les n° 12 à 90 c., les n° 16 à 1 fr. 25 c., qui ailleurs se payent : les n° 12 1 fr. 50 c. la douzaine, n° 16 1 fr. 75 c. Plus loin R. et G., A. P., S. et V., etc., etc. Car nous n’en finirions pas, ce ne sont plus les associations de travailleurs qui tuent le commerce, ainsi que le disaient nos fabricans et nos administrateurs, mais bien le commerce qui se tue lui-même ; car qui fait la richesse d’un pays, si ce n’est la classe ouvrière, qui, brillante, donne la vie aux autres branches industrielles. Quel est l’homme, assez calme, pour écrire de tels faits, qui, à la vue de tant de cupidité ne serait pas transporté d’indignation. Agréez, etc. Signé C. C. R.
CONCILIATION DE L’AFFAIRE DE PETELAT ROSE ET LAMBERT. Cette affaire avait été renvoyée par-devant MM. Gaillard et Verat, une enquête a été ordonnée par le président du conseil ; les maîtres qui avaient réglé les prix avec la maison Rose et Lambert, ont été invités à se rendre au greffe pour donner des renseignemens. Après un examen, il a été reconnu que le sieur Petelat avait mis plus de réduction qu’il n’en fallait d’après l’accord fait ; qu’il ignorait l’arrangement pris postérieurement au montage de son métier ; en conséquence, MM. Rose et Lambert n’ont été condamnés qu’à payer au susdit 50 centimes de plus par aune sur l’étoffe qu’il a rendue, sans être averti du prix qui reste fixé à 6 fr. 50 c. pour la réduction de 36 à 38 fers au pouce.
conseil des prud’hommes.
PRÉSIDENCE DE M. RIBOUD. Audience du 25 septembre. Lorsqu’un maître dispose de la pièce d’un négociant chez un autre maître débiteur envers la caisse de prêt, [4.1]est-il passible de la contravention qui peut y être exercée ? oui ; attendu qu’un chef d’atelier n’a pas le droit de disposer des matières qui lui ont été confiées, sans qu’il ait obtenu auparavant le consentement du négociant qui les lui a donné. Ainsi jugé entre l’agent comptable de la caisse de prêt, Bon et Lami. Lorsqu’un apprenti est maltraité, qu’on lui donne, les jours de son travail, des occupations étrangères à la profession pour laquelle il s’est mis en apprentissage, peut-il obtenir la résiliation de ses engagemens sans indemnité ? oui ; attendu qu’un maître n’a pas le droit de frapper un élève, et que, s’il embrasse trois ou quatre professions, il lui est impossible de donner tous ses soins à son élève. Ainsi jugé entre Baboin et Patard. Quand un apprenti, après avoir fabriqué l’étoffe passablement, se met ensuite à mal faire, que sa mauvaise volonté a été reconnue par un des membres du conseil, le maître peut-il le renvoyer et demander une indemnité ? oui ; attendu que la mauvaise fabrication d’un élève compromet gravement les intérêts d’un chef d’atelier. Ainsi jugé entre Pellin et Chabert. Un fabricant qui fournit un peigne à un chef d’atelier, peut-il refuser de le reprendre si le maître n’a fait qu’une pièce avec, bien qu’il ait consenti à l’acheter s’il travaillait quelque temps. Non, attendu que le peu de façon que retire le chef d’atelier ne peut l’indemniser de ses frais, et qu’il est d’usage que dans les unis les fabricans fournissent les peignes. Ainsi jugé entre Fongers et Paul (négocians).
MAXIMES MORALES. – On aime véritablement sa patrie, que quand on attaque les erreurs et les folles préventions qui s’y répandent avec d’autant plus de vitesse, que trop souvent personne n’y met obstacle. (Dethou1) – Celui-là seul est chrétien, qui est miséricordieux pour tout le monde, qui ne se laisse ébranler par aucune injure, qui est affecté des souffrances des autres comme s’il les éprouvait lui-même, qui ne souffre pas qu’on opprime le pauvre, et qui porte secours aux malheureux. (St-Augustin) – C’est une grande richesse que de se contenter de ce qu’on a. (St Paul) – Nous devons travailler à nous rendre dignes d’estime et de considération ; le reste ne nous regarde pas, c’est l’affaire des autres. (Labruyère) Les réputations mal acquises se changent en mépris. (Vauvenargues)
Avis aux chefs d’atelier. Nous recommandons aux chefs d’atelier, d’avoir grand soin de regarder leurs livres en sortant du magasin et de vérifier de suite le poids des matières, afin que si par inadvertance, ou par d’autres causes, le commis faisant une erreur, elle puisse se rectifier sans désagrément. Il arrive souvent que cette négligence porte un grand préjudice au chef d’atelier, il s’aperçoit de l’erreur lorsqu’elle n’est plus évidente, il fait [4.2]ses réclamations auxquelles on ne fait pas droit, il est obligé d’en référer au conseil des prud’hommes, et cette nécessité à laquelle il est soumis pour obtenir ce qui lui est dû, le prive souvent d’ouvrage. Les chefs d’atelier ne sauraient trop prendre cette précaution de vérifier de suite leurs livres : leurs intérêts en dépendent.
L’un des motifs qui établissent le plus de contestations entre le maître et l’apprenti ; c’est la fixation des tâches. L’absence d’une règle générale de la journée la plus ordinaire de chaque article, fait que tous les maîtres ne donnent pas la même tâche à leur apprenti ; parce qu’ils prennent bien souvent pour base la journée qui se fait dans leur atelier ; il en résulte que le maître qui juge la journée à tel aunage, donne une tâche proportionnelle ; un autre, qui juge la journée plus forte donne, par conséquent, une tâche également plus forte. Cette différence fait croire qu’il est leurré par son maître ; de là, des contestations violentes s’élèvent, l’insubordination se porte à son comble, et ce dernier pour mettre fin au désordre qui règne dans son atelier, se voit quelquefois obligé d’envoyer l’apprenti, de sacrifier le temps où il pouvait seul, le dédommager de celui qu’il a fait perdre. Ainsi les intérêts des maîtres et des apprentis se trouvent compromis par cet état de chose que le conseil des prud’hommes devrait faire cesser, dans l’intérêt de l’industrie, nous savons bien qu’il en a été déjà question ; mais voilà tout, nous pensons néanmoins que notre voix sera entendue, qu’elle éveillera la sollicitude des membres du conseil, et que bientôt nous verrons s’établir la moyenne de la journée de chaque article.
ANNONCES.
avis aux chefs d’atelier, Construction de deux nouvelles mécaniques à la Jacquard, l’une de moitié réduction et l’autre du quart, travaillant toutes deux avec du papier ou du carton ; celle de moitié réduction sera sur seize rangs et aura, dans la même proportion, le double de crochets (celle-ci sera préférable), celle du quart de réduction sera sur six ou douze rangs, et même, donnera un plus grand nombre de crochets. Avantages de ces mécaniques. Les avantages sont très grands, puisqu’avec elles on fera à peu de frais de grands dessins, par la multiplicité des crochets, dans une même dimension, sans que la mécanique soit plus dure à faire marcher, au contraire elle sera plus dégagée, plus simple, et le papier ou carton ne pressant jamais les crochets lorsqu’ils sont suspendus à la griffe, mettra l’ouvrier à même de ne la charger que ce qu’il faudra pour relever sa marche. La division des trous est calculée, de manière qu’en retournant le papier ou carton, les dessins puissent se contre-sempler, il y aura avantage de prix, les grands comptes ne seront pas en proportion du nombre, si chers que les anciennes mécaniques. On fabrique de ces mécaniques chez M. Villoud, rue Casati, n° 1, ainsi que des lisoires en tous genres. Un atelier de 5 métiers à vendre, savoir : deux en 1500 mouchoirs 5/4 au quart, le tout est presque neuf ; deux 600 et un en 400, à quatre griffes, pour supprimer les lisses ou lancés. – On vendra en totalité ou en détail, et on cédera la suite du loyer. – S’adresser impasse du boulevard, n° 6, au 1er. On désire trouver un bel ouvrier pour faire un velours uni 6/4 ; on lui ferait des conditions avantageuses. S’adresser chez M. Vrivond cadet, Côtes des Carmélites, Barrière de Fer, au 2e.
Notes (MAXIMES MORALES. – On aime véritablement sa...)
Référence probable ici à Jacques-Auguste de Thou (1553-1617), magistrat et historien français.
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