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12 février 1832 - Numéro 16
 
 

 



 
 
    
NOUVEAU CONSEIL DES PRUD?HOMMES.1

Un arrêté de M. le préfet du département du Rhône porte à quinze jours de délai fixé pour l?admission des réclamations relatives aux électeurs du conseil des prud?hommes. Ainsi, tandis que l?autorité (et nous lui en savons gré) cherche à faciliter l?inscription des chefs d?ateliers, la négligence de leur part serait impardonnable ; on nous a dit que beaucoup d?électeurs voulaient renoncer à leurs droits, parce que l?ordonnance prive de ce même droit les neuf dixièmes des maîtres-ouvriers. Sans doute nous pensons comme eux, et sans vouloir faire une opposition systématique, nous croyons que l?ordonnance eût pu étendre les droits électoraux en établissant le cens à deux métiers, cens qui n?est que fictif, car il n?a pas l?avantage de celui des lois électorales sur l?assemblée nationale et sur les municipalités qui représentent au moins une valeur réelle.

Cependant le citoyen doit user du droit que lui confère la loi, fût-elle mauvaise ; celui qui refuse de voter n?est point un opposant, et met, seulement, le gouvernement dans l?indécision de savoir si telle ou telle institution plaît ou ne plaît pas au peuple. De plus il compromet l?intérêt de ses amis, de ses confrères ; car d?un mauvais choix de prud?hommes s?en suivrait la ruine totale des maîtres-ouvriers et celle de nos manufactures.

C?est en manifestant son opinion par son vote, que l?homme éclaire les masses, et si, pendant la restauration, les électeurs s?étaient dégoûtés, nous n?aurions pas eu la révolution de juillet, et les maîtres-ouvriers n?auraient peut-être pas aujourd?hui la nouvelle organisation du conseil des prud?hommes ; car quoi qu?on en dise, la restauration n?était pas très-libérale en fait que d?améliorations pour la classe ouvrière.

[3.1]Ainsi c?est aux chefs d?ateliers possédant quatre métiers à serrer leurs rangs, à s?entendre entre eux, et avec ceux ne possédant pas le cens, afin de servir la cause commune : qu?ils ne se laissent point éblouir par des promesses fallacieuses. La carrière d?un prud?homme n?est certes pas toute de rose : celui donc qui cherche cet honneur avec trop d?empressement a des vues ambitieuses, et pourrait plus tard compromettre par un vil intérêt la cause qu?il devrait défendre.

Que les électeurs cherchent parmi eux des hommes intègres, des hommes ayant cette force de caractère qui convient à un juge, et devant laquelle toutes les considérations doivent s?évanouir.

Une ère nouvelle va s?ouvrir pour la fabrique d?étoffes de soie. Le nouveau conseil doit opérer de nombreuses réformes, et faire disparaître un grand nombre d?abus.

Ainsi, quels reproches ne mériteraient-ils pas, ceux qui par leur négligence priveraient de ce bienfait une immense population industrielle, en laissant nommer des gens faibles qui se rendraient à la voix du premier fabricant ou livreraient par une spéculation lucrative le plus faible au plus fort !

Nous croyons que les chefs d?ateliers écouteront notre voix désintéressée, c?est leur cause que nous plaidons en les invitant à user du droit que leur donne la loi ; qu?ils nomment de bons prud?hommes, et nous leur prédisons un avenir prospère, ainsi que des jours de paix qui rendront toute sa splendeur au commerce d?étoffes de soie de Lyon.

Notes (NOUVEAU CONSEIL DES PRUD?HOMMES.)
1 L?auteur de ce texte est Antoine Vidal d?après la Table de L?Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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