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12 octobre 1834 - Numéro 4
 
 

 



 
 
    
ABUS DE FABRIQUES.

Dans notre Numéro 3, nous avons annoncé les méfaits frauduleux de quelques négocians, aujourd’hui nous venons signaler ceux de quelques chefs d’atelier ; car nous serons toujours prêts à mettre au grand jour les abus des hommes de mauvaise foi à quelque classe qu’ils appartiennent.

Depuis quelque temps, ces chefs d’atelier se sont avisés de fabriquer comme pour leur compte. Chaque dimanche, et, quand cela se peut, les jours ouvrables, ils vont emprunter le dessin d’un autre chef d’atelier, sous le prétexte qu’ils veulent essayer leur métier, afin de savoir s’il va bien, ou pour faire un gilet à un ami. Au bout de quelque temps ils ont une collection de dessins, qu’ils vendent à des fabricans étrangers ; il en est même qui font des envois comme s’ils étaient chefs de fabrique. Lorsque la soie leur manque, malheureusement ils trouvent toujours des piqueurs-d’once qui leur en fournissent. Eh bien ! pourquoi avons-nous encore ces hommes d’intrigues ?… Ce sont encore quelques chefs d’atelier qui occasionnent ce fléau de fabrique ; ce sont eux qui vendent de la soie qui ne leur appartient pas, surtout celle qui ne provient pas de leurs déchets : mais quand même ils ne vendraient que celle de leurs déchets, le mal serait toujours trop grand pour que nous le passions sous silence. C’est pourquoi nous signalerons, au besoin, ces hommes égoïstes ; nous les signalerons parce qu’un négociant qui est trompé, cherche, lui, à son tour, pour se compenser, des moyens tout aussi coupables ; et souvent c’est le chef d’atelier le plus honnête qui paie pour le fripon. Nous les signalerons, parce qu’ils vendent de la soie bon marché, et que les piqueurs-d’once revendent au-dessous du cours, et par cela même font une terrible concurrence aux négocians qui ne font pas ce vil métieri, lesquels sont forcés de diminuer les façons de l’ouvrier, afin de pouvoir livrer aux mêmes prix que des receleurs de soie de picages.

Comme nous sommes et serons toujours des mutuellistes de conviction, nous aurons l’œil sur ceux qui s’écarteraient de leurs devoirs, et après tous nos efforts, si nous ne pouvions les rappeler à l’ordre, les négocians, dupés par ces hommes incorrigibles, pourraient bien en vertu de la loi les mettre dans l’impossibilité de continuer un trafic si déplorable.

 

 

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