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26 octobre 1834 - Numéro 6
 
 

 



 
 
    
LYON.

[1.1]Grâce au Courrier de Lyon, notre acte d?accusation est tout dressé, et viennent, ce qu?à Dieu ne plaise, des circonstances telles que le pouvoir puisse espérer un triomphe éphémère sur la presse, on osera contre la Tribune prolétaire ce qu?on a tenté en avril contre le Précurseur. Voici de quelle manière le Courrier de Lyon associe la renaissance de la presse populaire aux tentatives insensées de quelques hommes, dupes de provocations que nous n?avons pas besoin de préciser parce que chacun nous comprend.

« Avant l?insurrection d?avril, plusieurs petits journaux spécialement écrits pour les ateliers, répandaient parmi les ouvriers des semences de haine, non-seulement contre les fabricant (négocians) mais encore contre la classe entière des propriétaires et des marchands. Nous venons de voir reparaître sous d?autres noms des feuilles où l?on prêche le bouleversement de l?ordre social. »

Nous mettons le Courrier de Lyon au défi d?établir que soit dans l?Echo de la Fabrique, soit dans l?Echo des Travailleurs, soit enfin dans cette Tribune prolétaire qui leur succède, nous ayons provoqué à la haine des négocians et des propriétaires en général, des marchands-fabricans en particulier ; si nous l?avions fait d?où serait donc venue la mansuétude du ministère public ? Dans ce long laps de temps, nous n?avons eu qu?un seul procès ; MM. Pellin et Bertrand sont les seuls qui aient ouvert pour nous l?arène judiciaire, mais nous sommes sortis de cette lutte avec un avantage assez marqué ; le droit que nous prétendions avoir d?insérer les réclamations des ouvriers a été reconnu par les tribunaux, et nos adversaires ont succombé sur ce chef, malgré l?insistance de MM. Chégaray et La Tournelle, et pour qu?il n?y eut pas d?équivoque, nous avons présenté un commentaire du jugement rendu contre nous, nous en avons fait résulter ce droit, et nous avons établi que la loi sur la diffamation ne protégeait que les actes de la vie privée ; il était facile de relever l?erreur de notre doctrine, si notre doctrine était erronée. Certes, il y avait bien de notre part insurrection contre un texte légal, si on eut cru que notre commentaire était un abus. La presse et le parquet se sont tus ; leur silence nous est acquis, l?Echo de la Fabrique n?était pas assez aimé pour qu?on négligeât de lui faire un procès s?il eut été soutenable ! Y a-t-il donc quelque chose de changé ? Aujourd?hui, comme alors, nous tenions pour incontestable le droit, ou pour mieux dire, le devoir de publier tous les griefs de la classe prolétaire, aujourd?hui, comme alors, nous en userons avec fermeté, toutes les fois que l?occasion s?en présentera ; est-ce là ce que le Courrier appelle provoquer à la haine ? Tant pis : le silence de l?opprimé serait sans doute agréable à l?oppresseur, mais il n?est ni juste ni naturel ; quant à bouleverser [1.2]l?ordre social, c?est une accusation banale. Tous ceux qui ont travaillé à l?émancipation du genre humain, à commencer par Jésus-Christ, sont nos complices. Les clameurs du Courrier ne nous arrêteront pas, et tant que notre voix pourra se faire entendre, nous réclamerons un ordre social tel que la classe des travailleurs entre en partage de biens et des jouissances qu?il procure ; le fils du pauvre n?est pas plus bâtard que le fils du riche, il a droit de s?asseoir au banquet avec lui.

 

 

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