SUR L’AFFAIRE VIAL CONTRE ANDRÉ.
[2.2]Nous avons promis dans notre dernier numéro, de dire quelques mots sur cette affaire ; nos observations porteront sur le fond et sur la forme. Au fond le sieur André avait tort d’employer un rigorisme aussi grand contre son compagnon, lors même qu’il aurait eu des motifs de mécontentement, ce qu’il n’a pas articulé. La justice est une et les chefs d’ateliers doivent être à l’égard des ouvriers qu’ils emploient, ce qu’ils désirent que les négocians soient au leur. Ce n’est qu’à ce prix que la classe ouvrière étant homogène, sera forte. Le conseil des prud’hommes a fait justice de la prétention du sieur André.
Ce que nous avons à dire sur la forme, paraît peu important au premier aspect, mais qu’on veuille bien nous croire, l’observance des formes est le premier devoir des magistrats ; on ne les viole jamais impunément, pour la justice. Cette cause avait paru à l’audience du 2 octobre, et se trouve insérée dans notre compte-rendu, sous le titre de : Vial, contre dame André. En effet, la femme André avait paru au nom de son mari, mais sans aucun pouvoir, et M. Roux, novice il paraît, dans les fonctions de la présidence qui lui avaient été attribuées, nous ne savons commenti, entendit sans conteste la défense de la dame André. Cette violation de la loi nous induisit en erreur et fit que nous crûmes que la dame André était veuve et chef d’atelier elle-même. Le tribunal devait donner défaut ou continuer la cause. Mécontent du jugement, le Sr André a comparu en l’audience du 16, et demande à présenter lui même ses moyens de défense, en soutenant que sa femme n’avait pas su s’expliquer. M. Putinier, vice-président, aurait dû ce nous semble, réparer l’erreur de son collègue et l’admettre à plaider, au lieu de lui ôter la parole par une fin de non recevoir, en lui disant : C’est jugé.
André pouvait avec raison faire observer qu’il n’y avait qu’un jugement nul, ou tout au plus par défaut.