Retour à l'accueil
2 novembre 1834 - Numéro 7
 
 

 



 
 
    
exposition publique et gratuite

DES PRODUITS DES FABRIQUES ÉTRANGÈRES,

au palais saint-pierre.

Suite. ? V. les nos 2, 3 et 5.

[1.1]Sous les numéros 80 bis et 81 bis, sont exposés deux châles dits bagdad, c?est un genre de fabrication importé par les Grecs d?Orient en Allemagne, et qui n?est pas connu en France. Ces châles, fabriqués avec du poil de chèvre grossier et qui ressemble à de la grosse laine, sont entièrement brochés ; ils offrent par la multiplicité des dessins un travail considérable, et nous ne pensons pas que Lyon pourrait avoir intérêt à établir une concurrence sur cet article, à moins de l?imiter en substituant le lancé découpé au broché, et alors on pourrait obtenir de grands avantages.

angleterre. Les étoffes de ce pays ont eu la plus large part dans l?exposition, elles comptent pour près de moitié. Sur 160 articles numérotés et que l?on peut porter à 180 (bon nombre ayant été répétés sous les mêmes numéros), l?Angleterre en a fourni 85 ; 73, seulement sont numérotés. On peut les diviser en au moins trente genres différens ; ils sont les produits de quatre villes manufacturières : Londres, Manchester, Macclesfield et Norwichi. La quantité des métiers à tisser les étoffes soie, ainsi que celles mélangées soie et coton, soie et laine, ne s?élevait, en 1823, qu?à 5,005 ; on en évalue maintenant le nombre à 24,000. La Grande-Bretagne possède encore des fabriques d?étoffes de soie à Derby, à Congleton, à Jarmouth ; en Ecosse, à Paislay et à Glasgow; Coventry ne fabrique que des rubans, c?est le St-Etienne de l?Angleterre. Aucun produit de ces dernières n?est exposé.

Quoique l?exposition soit maintenant close, nous n?en continuerons pas moins de citer les numéros des étoffes dont nous allons analyser la fabrication. Nous pensons faciliter ainsi les recherches de ceux de nos lecteurs qui ont visité l?exposition et de ceux qui en été privés, en se reportant à la notice publiée par la chambre de commerce.

Les numéros 82, 90 et 90 bis sont des florences, largeur de ½ aune, appelées sarsenet. Ils sont cotés depuis 2 fr. 71 cent. jusqu?à 2 fr. 91 cent. et ½ (tous les articles anglais sont sans escompte et ont été achetés de 5 à 7 %, plus élevés qu?en fabriques). Ces pièces sont bien fabriquées, elles sont plus belles que celles du même genre de Zurich ; et s?il y a une différence notable dans les prix, [1.2]elle existe aussi dans la largeur de l?étoffe ; celles de Zurich n?ont que de 15 à 16 pouces, tandis que le sarsenet a de 20 à 22 pouces. Il se fabrique, comme nous l?avons dit, très peu de cet article, et pourtant ce ne serait pas la concurrence que nous aurions à redouter, parce que nous pourrions établir au même prix des étoffes semblables.

Les numéros 88 et 89 présentent des étoffes légères et brillantes, dites persian, elles sont fabriquées avec une chaîne, poil soie grège, la trame est cuite et la réduction faible, leur poil paraît être tout au plus de 10 gr. l?aune, leur apprêt est très fort. Une pièce blanche est cotée 1 fr. 59 cent. l?aune, la seconde rose est du prix de 1 fr. 99 cent. Ce genre est inconnu à Lyon ; il s?en fabrique quelque peu dans la Picardie.

Les gros-de-naples unis n?offrent rien de remarquable ; en général ils sont chers. Les gros-de- naples façonnés sont des étoffes dont le goût est passé à Lyon depuis quelques années. Une pièce satin façonné, portant le numéro 87, est belle ; mais des connaisseurs ont cru reconnaître le dessin et la fabrique qui l?a exploité. C?est une copie exacte de nos articles, qui est très chère au prix de 8 fr. 76 cent.

Viennent ensuite quatre pièces palmyriennes pour robes, ces étoffes sont imprimées sur ½ aune de large, elles sont cotées 2 fr. 97 cent. l?aune, et inscrites sous le numéro 99. Ces étoffes palmyriennes sont composées d?une chaîne coton, mêlé de quelques filets ou bandes soie et trame soie ; tout le mérite de l?article est dans l?impression.

Sous le numéro 101, on a pu voir sept autres robes palmyriennes, en ¾ de large. Ces étoffes se composent, les unes, d?une chaîne poil grège, filets cuits et trame coton ; les autres d?une chaîne coton parsemée de bandes soie et trame soie, quelques-unes offrent des jolis dessins et des impressions bien traitées ; la robe est cotée au prix de 29 fr. 99 cent. Il y a trois ou quatre ans que deux ou trois maisons ont fait fabriquer quelques articles semblables, il ne s?en fabrique plus maintenant. Nous ne pensons pas que ce soit la concurrence qui ait tué ce genre, mais bien la mode.

Le numéro 102 est une robe chalis, au prix de 53 fr. 73 cent., sans escompte. Cette étoffe se compose d?une chaîne poil grège à filets cuits, et d?une trame de la plus belle laine, sur laquelle des couleurs vives d?un dessin de bon goût rendent cette étoffe flatteuse, ce serait un modèle si la maison Dépoully et Godemard n?était pas en possession, depuis quelques années, de traiter ce genre dans toute sa perfection.

Les numéros 103 et 104 nommés châles satin imprimés, sont ce que nous nommons crêpons, le plus élevé est coté 6 fr. 55 cent. C?est très cher.

Le numéro 105 offre des mouchoirs, dits barrège, tramés [2.1]coton et quadrillés, cotés 21 fr. 87 cent. la douzaine.

Les numéros 107, 108 et 109, mouchoirs soie, sont cotés depuis le prix de 31 fr. 87 cent. jusqu?à celui de 40 fr. 62 cent. la douzaine. Quelques-uns sont très bien, mais ils sont très chers.

Sous le numéro 110, on a pu voir une douzaine de cravates noires, à 14 fr. 69 cent. la douzaine. Ce n?est pas cher, mais c?est n?est pas portable. La trame est cuite sur une chaîne : grège ; malgré l?apprêt cela s?éraille au toucher.

Le numéro 111 est le même genre, un peu mieux conditionné, au prix de 19 fr. 37 cent. la douzaine.

Les numéros 112 jusqu?à 115, sont des brillantines, dont le goût et les dessins sont des copies des articles qui se fabriquaient, il y a trois ans, à Lyon, dont les prix sont tous proportionnellement plus élevés que ceux de nos fabriques.

Le numéro 116 offre plusieurs mouchoirs remarquables : les mouchoirs sont unis et tissés avec de la soie montée façon grenadine, chaîne et trame, dans une réduction d?environ 50 fils au pouce ; c?est une belle toile soie qui serait très propre à recevoir l?impression. Ils ont 28 pouces carré, et sont cotés 51 fr. 97 cent. la douzaine. Cet article, d?une exécution simple, pourrait être livré à la vente bien au-dessous de ce prix. Nous le recommandons aux fabricans de nouveautés ; car quoique ce genre ne soit pas inconnu à Lyon, il s?en est peu fabriqué.

Le numéro 118 se compose de deux mouchoirs unis, 3/4, façon crêpe de Chine. La trame est de la soie montée, et le crêpage est produit par un coup de soie montée à retord et passé tous les quatre coups. Ces mouchoirs font un fort joli effet ; ils sont cotés 8 fr. 55 cent. pièce.

Le numéro 119, improprement appelé crêpe de Chine, est un foulard façonné avec impression. Ce mouchoir est coté 13 fr. 12 cent.

Sous le numéro 120, sont deux mouchoirs crêpe de Chine, très légers, l?impression est bonne ; ils sont cotés 20 fr. pièce.

Les numéros 122 et 123, nous offrent deux jolis mouchoirs crêpe de Chine, brodés avec de la soie montée, l?un, brodé sur un seul coin, a coûté 18 fr. 22 cent. ; le second, dont la broderie est plus considérable, est porté au prix de 54 fr. 30 cent. C?est très cher. Nous devons dire que depuis quelque temps, il ne se fait presque rien à Lyon de ce genre.

Sous le numéro 126 est une pièce de sept mouchoirs foulards imprimés, à 8 fr. 29 cent. Ce n?est pas cher, mais c?est de la drogue, comme l?on n?oserait pas en fabriquer ici. Que l?on se figure une maigre chaîne d?une grège très serrée, avec une trame coton filé fin ; malgré un fort apprêt, on ne peut toucher ces mouchoirs sans mettre la chaîne entièrement à découvert. Cet article peut nous donner une idée de la rouerie anglaise.

Sous les numéros 127, 128, 129 et 130, figurent plusieurs pièces par sept mouchoirs foulards ; quelques-unes ont la chaîne en poil grège seulement. Les numéros 129 et 130 sont assez bien conditionnés, le dernier est porté au prix de 39 fr. 37 cent., ou 5 fr. 76 cent. le mouchoir. C?est, on en conviendra facilement, très cher.

L?Angleterre fabrique aussi des crêpes crêpés, dont deux pièces sous les numéros 131 et 132 ; ¼ de paquet crêpe noir 4/4, est côté à 187 fr. 50 cent. le paquet. Sous le nom de crêpe lisse sont exposées des gazes à tour anglais, tissées avec du poil grège très fin, chaîne et trame. Cet article ne se fait pas ici ; mais il est bien compensé par la fabrication de notre crêpe lisse ordinaire. Il est vrai que les matières qui y sont employées reviennent par la préparation du moulinage à un prix plus élevé que le grège, qui ne reçoit aucune préparation ; mais enfin le crêpe lisse français est supérieur, par sa qualité, au crêpe lisse anglais.

Les numéros 137 et 138 présentent des mouchoirs gaze, dit gaze de Paris, à 10 fr. 62 cent., et à 13 fr. 12 cent. la douzaine. Ces mouchoirs s?emploient pour voile ; Lyon a renoncé à la fabrication de cet article, qui se compose de poil grège, chaîne et trame. Les environs de [2.2]Paris et quelques fabriques de la Picardie sont en possession de ce genre de travail et en fournissent la consommation française et étrangère, et rivalisent ainsi avec l?Angleterre.

Sous le nom de popelines françaises, les numéros 142 et 143 offrent une étoffe dont la chaîne poil grège, avec tour anglais, est tramée laine ; le prix de la pièce, de 23 aunes et demie, est de 78 fr. 12 cent., c?est un article qui ne se fabrique plus, et dont il s?en est fort peu fait.

Le numéro 144 indique trois châles laine et soie, à 6 fr. 87 cent. La vérité est qu?il n?y a point de laine dans ces châles ; la chaîne est une trame de l?espèce de celle que l?on emploie pour les foulards ; la trame est un coton monté ; le dessin est du plus mauvais goût, c?est un vrai rossignol.

Enfin, sous le nom de crêpe zêbra, châles imitation, figurent quelques mouchoirs 6/4, chaîne et soie, tramés coton ondé, il y en a de 12, 15 et 16 fr. 87 cent., c?est encore ce que nous nommons vulgairement crépons, article dont la vogue est passée. Il en est à peu près de même des châles, dit damas, cotés à 7 fr. 50 cent. la pièce.

Nous ne parlerons pas des articles damas laine, pour meubles, attendu que ce n?est pas un article de fabrication locale, non plus que des gilets coton et laine, qui ne peuvent présenter aucun intérêt pour notre fabrique. Dans un prochain numéro, nous présenterons un résumé de l?exposition.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique