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9 novembre 1834 - Numéro 8
 
 

 



 
 
    

MISÈRES PROLÉTAIRES.

Comment faire pour vivre ?

[3.2]« Je suis porteuse à la halle, mon mari m’a laissée avec quatre enfans ; je gagne 15 à 20 sous par jour, quand je travaille, et j’ai pour 12 sous de loyer. Il faut donc que les aînés gagnent leur pain. Je les envoie chanter sur le boulevard, on les arrête, je les envoie vendre des épingles, on les arrête encore. Je n’ai donc plus d’autre ressource que de prendre mes quatre enfans et d’aller me jeter à l’eau avec eux. »

C’est ainsi que la femme Meynie, accusée de faire mendier ses enfans a défendu sa cause. Le tribunal l’a acquittée.

« Mon embarras est grand, les sergents de ville me disent il te faut une permission, M. le commissaire de police me répond, tu es trop jeune pour avoir une permission. Il en résulte que je ne puis chanter sans me faire arrêter ; il faut pourtant bien que je mange, et je vous jure que je n’ai pas l’intention de me mettre voleur. La loi ne dit pas qu’à 15 ans on est trop jeune pour chanter dans la rue. Or j’ai 15 ans, j’ai l’âge de chanter et je chante ; car, encore une fois, il faut que je mange, et la nature m’a donné un terrible appétit. »

Le tribunal a encore acquitté le chanteur Pinot, âgé de 15 ans, qui lui tenait cet énergique langage.

Pour nous, nous demandons ce que vaut la société à l’égard de la femme Meynie et du jeune Pinot ? Pourrait-on nous répondre quelque chose de satisfaisant ?

 

 

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