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23 novembre 1834 - Numéro 10
 
 

 



 
 
    

origine de l’exposition
DES PRODUITS DE L’INDUSTRIE.

[2.2]L’idée d’établir des expositions au sujet des arts mécaniques, est venue à l’occasion d’une fête ordonnée en 1797, par le Directoire exécutif, pour célébrer l’anniversaire de la fondation de la république. Il voulait que cette fête eût un grand éclat, et afin de remplir ses intentions, François de Neuchâteau, alors ministre de l’intérieur, réunit plusieurs hommes éclairés pour les consulter sur les mesures à prendre. S’il y eut d’abord une grande divergence dans leurs vues, tous s’accordèrent sur ce point que se borner à établir des danses, des mâts de cocagne et autres jeux, ce serait répéter ce que l’on voit partout ; qu’il fallait trouver quelque nouveauté qui, en causant de la surprise, fut un moyen inconnu d’amusement. Alors quelqu’un parla d’une foire comme devant produire cet effet en donnant à la fête une physionomie qui la ferait ressembler, mais d’une manière grandiose, à celles des villages qui excitent ordinairement la plus grande gaîté. Suivant un autre, aux danses, aux jeux, aux mâts de cocagne, à des courses de chars, de chevaux, il convenait de joindre une exposition des ouvrages de peinture, de sculpture, de gravure, en ce qu’elle serait un moyen de plus de plaisir. Cette idée fit penser à Neuchâteau1 que les arts d’agrément étant l’objet d’une solennité semblable, il serait utile de faire jouir les arts mécaniques du même avantage. Cette proposition fut goûtée par tous les membres de la réunion, et ils lui donnèrent leur suffrage avec d’autant plus d’empressement que de son exécution devait résulter un spectacle nouveau et propre à étonner.

Quoique l’exposition de 1797 n’eut pas un très-grand éclat, et qu’il n’y parut que les ouvrages des artistes et des manufacturiers de Paris et des départemens qui l’avoisinent, il fut facile d’entrevoir que l’établissement en avait été agréable aux villes de fabrique. Aussi le plus grand nombre de ces villes prirent-elles part à celle de 1801, leur empressement redoubla en 1806, et elles envoyèrent des objets d’une fabrication parfaite, même des machines nouvelles, dont quelques-unes sont très-ingénieuses.

Quoique des décrets, des ordonnances aient ordonné le renouvellement de ces expositions à des époques déterminées, il est cependant vrai que cette disposition n’a été exécutée qu’imparfaitement, plus ou moins rapprochées, suivant l’importance qu’y attachaient les ministres de l’intérieur et du commerce ; on en a vu d’une année à l’autre, comme en 1800 et 1801, et d’autres fois après un laps de temps assez long, comme en 1806 et en 1819. A l’exposition de la dernière de ces années, il a été rempli une lacune qui se trouvait dans le système d’encouragement, suivi jusque-là.

Si les solennités de ce genre mettent en évidence le mérite des chefs de manufactures, d’un autre côté, elles ne peuvent faire connaître ceux, dont les découvertes ne sont point de nature à y figurer, tels sont [3.1]les hommes qui ont trouvé le moyen de simplifier la main-d’œuvre ; de perfectionner le tissage ; d’améliorer des teintures ; ne se rendant pas moins utiles que les autres, la justice commandait de les faire participer aussi aux récompenses publiques. L’ordonnance royale du 9 avril 1819, a réglé la marche à suivre dans la distribution de ces récompenses ; les juges nommés dans les départemens à l’effet d’examiner les objets présentés pour l’exposition, sont chargés de désigner ceux qui méritent des distributions, et le gouvernement consulte leur rapport lorsqu’il prend une décision définitive.

Jusqu’à ce jour, il y a eu huit expositions ; c’est au Champ-de-Mars que la première a été placée ; la seconde et la troisième l’ont été dans la cour du Louvre, où il avait été construit des portiques d’une belle architecture ; la quatrième a eu lieu à la place des Invalides ; et celles de 1819, 1823 et de 1827, dans la cour et la partie des bâtimens du Louvre qui avoisinent la colonnade ; et la huitième sur la place de la Concorde. Toutes ont attiré la foule empressée de voir un spectacle rarement offert à son admiration.

Notes (origine de l’exposition DES PRODUITS DE...)
1 Il s’agit ici de Nicolas-Louis François de Neufchâteau (1750-1828).

 

 

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